Le port de Casablanca : La transformation digitale s’accélère au service des acteurs portuaires
Véritable nœud d’échanges de marchandises et de données, le port de Casablanca mise aujourd’hui sur une gestion optimisée des flux comme l’un des facteurs clés de son attractivité. Une gestion qui repose essentiellement sur l’exploitation intelligente de la data et l’efficacité de l’ensemble des processus de transit des marchandises.
Afin d’accélérer les flux, attirer plus de trafic et gagner en compétitivité, le port de Casablanca vise à optimiser, davantage, son fonctionnement en se basant sur une compétitivité intelligente en temps réel et intégrée et ce grâce à la contribution active de tout l’écosystème du commerce extérieur.
Afin de se rapprocher de cette vision et d’en connaître les tenants et les aboutissants, MAROC DIPLOMATIQUE s’est rendu sur place et a sollicité l’avis de Madame Zineb Choufani, Chef du Département Développement et Régulation à la Direction Régionale du Port de Casablanca-Agence Nationale des Ports (ANP). Entretien.
MAROC DIPLOMATIQUE : 2020 a été marquée par la crise sanitaire, dans quelles conditions le Port a bouclé l’exercice 2020 et quel a été l’impact de la pandémie ?
– Zineb Choufani : Le port de Casablanca contribue avec 33% du trafic global des ports gérés par l’Agence Nationale des Ports. Au terme de l’année 2020, le trafic transitant par le port de Casablanca a atteint un volume global de 30,3 millions de tonnes, contre 30,1 MT en 2019, marquant une variation de 1% malgré la crise sanitaire provoquée par la pandémie COVID-19.
En effet, certains trafics ont connu des progressions mais d’autres ont subi des baisses plus ou moins variables à cause de ce contexte particulier. Ainsi, les importations ont enregistré une hausse de 3% avec un volume de 19 MT contre 18 MT à fin 2019, due notamment à l’évolution positive du trafic du céréale (+26%), du sucre (+9%) et des aliments de bétail (+3%). Par contre les exportations ont connu une baisse par rapport à la même période de l’année précédente avec un volume de 11,3 MT contre 11,7 MT à fin 2019, sous l’effet combiné des variations significatives des principaux trafics suivants : les phosphates (+4% soit 7.583.789 tonnes contre 7.293.617 tonnes), et le clinker (-28% soit 216.674 tonnes contre 299.565 tonnes). L’activité des conteneurs dans le port de Casablanca s’est chiffrée à 1.055.963 EVP à fin de l’année 2020, soit une régression de 3% par rapport à l’année 2019 qui a enregistré 1.089.551 EVP. Le port a enregistré en 2020 un nombre d’escales de 2499 escales.
MD : Et comment s’est comporté le trafic en temps de pandémie ?
– Z.M : Durant cette pandémie, nous avons accordé toute l’attention à la continuité de l’activité portuaire en assurant un contrôle sanitaire renforcé, basé sur la stricte application de la procédure nationale en vigueur et sur les dispositions de l’ensemble des notes circulaires émanant des différents départements, notamment, ceux de l’Intérieur, de la Santé et de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau. Toutes les installations portuaires ont suivi, de très près, le respect des dispositifs mis en place par l’Autorité portuaire en coordination et en collaboration des Autorités locales du port.
Pendant le premier confinement, le port a connu des arrivées massives des navires transportant les céréales, les aliments de bétail et les huiles alimentaires. Et grâce aux décisions de régulation prises par l’Agence Nationale des Ports et aux efforts déployés par l’ensemble des acteurs de la communauté portuaire (Autorités locales, Administrations, Opérateurs de manutention, Transitaires, Agents maritimes, transporteurs, importateurs, exportateurs…), le port a pu assurer la continuité de la chaîne d’approvisionnement du marché marocain et aucune interruption n’a été enregistrée malgré le contexte sanitaire difficile. De même, le port a enregistré, durant certaines périodes, l’accostage de 7 navires de céréales, simultanément, avec des cadences d’évacuation journalières record, qui ont dépassé 30.000T/jour soit l’équivalent d’un navire de céréales.
Pour l’activité de conteneurs, durant les premiers mois de confinement notamment en mai, juin et juillet, le trafic a subi des baisses importantes d’environ -16% mais le reprise de l’activité enregistrée, durant les derniers mois de l’année, ont permis d’atténuer la baisse pour finir l’année à -3% pour un trafic qui a connu des baisses significatives au niveau des port internationaux.
MD : Sur le plan du développement du port, quelles actions ont été prises et pour quelle fin ?
– Z.M : Dans une optique de compétitivité et d’efficacité logistique et en parfaite cohérence avec les orientations stratégiques de l’Agence Nationale des ports visant la concrétisation de la stratégie portuaire nationale, à l’horizon 2030, qui a pour objectif le renforcement de la capacité d’adaptation du système portuaire aux changements régionaux et internationaux en vue de saisir les opportunités géostratégiques, plusieurs projets structurants ont été lancés au niveau du port de Casablanca, ces derniers temps, à savoir le Nouveau chantier naval, le Nouveau terminal de croisières, le Nouveau port de pêche et la Nouvelle desserte nord. Tous ces projets importants et d’autres qui sont en phase d’études visent à offrir des installations modernes permettant une réelle valeur ajoutée aux acteurs de la place portuaire de Casablanca au niveau régional et national.
De leur côté, les terminaux portuaires du port de Casablanca ne cessent d’engager plusieurs projets de modernisation de leurs installations et équipements, toujours dans une démarche d’amélioration continue.
Aussi, dans une perspective d’intégration de la durabilité et de la protection de l’environnement, le port de Casablanca a lancé plusieurs projets d’investissement, visant la rationalisation de la consommation d’énergie et le renforcement des dispositifs et mesures en matière environnementale
Sur un autre plan, la simplification et la facilitation des procédures de transit portuaire, la régulation des activités et la veille au respect des règles de sécurité et de protection de l’environnement sont au cœur de la stratégie du port de Casablanca.
MD : L’ANP a fait de la digitalisation son cheval de bataille dans l’amélioration de la compétitivité logistique. Où en êtes-vous dans ce projet ?
– Z.M : Il convient de rappeler que l’Agence Nationale des Ports a engagé, depuis sa création, tout un programme riche et diversifié, portant sur la transformation digitale des ports. A travers ce programme ambitieux, visant à assurer une gestion optimisée des flux, un changement positif et progressif est désormais reconnu par l’ensemble des acteurs portuaires. Aussi, la présence d’un guichet unique « PortNet » a apporté davantage d’efficacité dans tous les projets de dématérialisation engagés par l’Agence Nationale des Ports et les autres administrations.
Le port de Casablanca se voit pilote et acteur dynamique pour la mise en œuvre et la réussite de cette transformation digitale à travers le projet « Smart Port » qui est basé sur une démarche collégiale impliquant toute la communauté portuaire et qui s’inscrit dans une vision d’intelligence, d’optimisation et de fluidification du transit portuaire. De même, le port de Casablanca accorde un intérêt particulier aux projets de dématérialisation des processus import/export qui constitue un levier majeur de modernisation permettant aux opérateurs économiques d’améliorer leur aptitude à s’insérer efficacement dans les chaînes de valeurs mondiales.
L’année 2020 a fait de l’accélération de la digitalisation une priorité stratégique du port de Casablanca à l’instar des autres ports gérés par l’Agence Nationale des Ports. Le développement des solutions numériques toujours plus efficaces et intelligentes offre des opportunités inédites pour l’ensemble des acteurs portuaires. Ces technologies peuvent servir de levier de croissance pour le port et ce grâce à l’implication effective de tous les acteurs portuaires pour que les initiatives obtiennent des résultats probants.
Propos recueillis par Abdelilah Lizoul