La programme de protection sociale pourra-t-il freiner le secteur informel?
Le Maroc a adopté un programme ambitieux visant à généraliser la protection sociale et la couverture sanitaire obligatoire à tous les citoyens, dans un mouvement propice aux efforts du gouvernement pour réduire la taille du secteur informel, a déclaré le gouverneur de la banque centrale, Abdellatif Jouahri.
Le secteur informel représente 30% du PIB marocain et la réduction de son ampleur nécessite des politiques qui encourageraient les citoyens à sortir de l’informalité et à contribuer à leur juste part fiscale, a-t-il déclaré lors d’un événement organisé à Rabat par le FMI.
La pandémie de Covid a révélé l’ampleur de l’économie souterraine avec 6 millions de ménages éligibles aux dons en espèces du gouvernement, a-t-il déclaré.
S’exprimant lors du même événement, l’économiste Tito Boeri a souligné la nécessité d’offrir des incitations pour réduire la taille du secteur informel. Cependant, dans le contexte post-pandémique de croissance lente, le secteur informel peut servir de tampon à court terme pour endiguer le chômage.
Près de 3 millions d’emplois sont menacés par les unités de production informelles qui ont l’avantage de faibles coûts de production, selon l’association patronale marocaine CGEM.
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Dans un discours prononcé en juillet 2020 à l’occasion de la fête du Trône, le roi Mohammed VI a exhorté le gouvernement à étendre la protection sociale à tous les Marocains d’ici cinq ans, affirmant que cette décision aiderait à intégrer les unités de production informelles.
Le Maroc est resté dans la catégorie des pays à revenu moyen car le PIB par habitant n’a augmenté qu’en moyenne de 2,3% au cours de la dernière décennie contre 3,4% une décennie plus tôt.
Quid du marché du travail informel?
Le 2 mars 2021, la Commission a publié une synthèse de trois précédentes collectes de données sur les principales caractéristiques et tendances du secteur informel. Dans l’étude intitulée « Le secteur informel au Maroc : le HCP fait le point sur les facteurs liés au développement de l’économie informelle.
Le HCP note que l’emploi dans le secteur informel reste faible. Pour l’apport du secteur informel est très conséquent dans le PIB national. Selon le HCP le secteur informel ne représente plus de 30% du PIB national, de quoi apporter plus d’organisation pour ce tissu économique. Ce problème sévit depuis longtemps au Maroc, culminant entre 1999 et 2006 lorsque la création d’unités productives informelles (UPI) a été la plus intense, avec un taux de croissance annuel composé de 2,9 %.
Caractéristiques des UPI au Maroc
Les UPI sont très répandues au Maroc. De nombreuses usines du royaume sous-traitent une partie de leurs commandes à ces entités informelles afin de s’approvisionner au meilleur prix. Mais ce ne sont pas seulement les personnels peu qualifiés qui sont touchés. De nombreux universitaires, par exemple dans le secteur des médias ou des autres services sont touchés et poussés vers une prétendue indépendance. Ces UPI ne sont donc pas marginales, mais semblent vraiment intégrées dans une autre stratégie d’indépendance. Alors que la structure des salariés dans les UPI a légèrement changé au cours des trois dernières décennies, les travailleurs indépendants sont restés le groupe professionnel le plus important selon le HCP.
En 2018, plus 2,4 millions de personnes sont employées dans le secteur de l’informel, selon une étude de CGEM.