Le RN aux portes du pouvoir : Nouvelle ère politique en France

CE QUE JE PENSE

Le 30 juin restera gravé dans les annales de la politique française. Les citoyens, poussés aux urnes par la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, ont exprimé un choix retentissant. Le premier tour des élections législatives a révélé une ascension fulgurante du Rassemblement National (RN) de Jordan Bardella, qui a recueilli 34 % des suffrages.

Un score sans précédent qui place le RN en position de force, ouvrant la possibilité d’une majorité absolue au second tour, un scénario qui effraie les autres formations politiques et la société civile. L’onde de choc de cette victoire historique du RN se fait sentir dans tout le pays. Le RN, en tête est en passe de redéfinir la politique française, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ce bouleversement soulève des interrogations majeures pour le Maroc, partenaire économique et stratégique de longue date, et pour les Marocains établis en France.

Redéfinition des relations franco-marocaines

L’ascension du RN en France risque de remodeler en profondeur les relations franco-marocaines. Connue pour ses positions strictes sur l’immigration et les relations internationales, la formation de Bardella pourrait revoir les accords bilatéraux et adopter une politique plus rigide à l’égard des Marocains vivant en France. Aussi la relation historique et économique entre le Maroc et la France pourrait-elle subir des ajustements significatifs sous l’impulsion nationaliste et souverainiste du RN.

Faut-il rappeler que Marine Le Pen et son parti, critiques des accords de libre-échange et des collaborations multilatérales, pourraient remettre en question plusieurs aspects des coopérations actuelles ? En particulier, les domaines de l’immigration et des échanges commerciaux risquent de connaître des transformations majeures. Les implications pour les relations avec le Maroc et les Marocains de France sont considérables, avec des enjeux importants en termes de politique étrangère, d’immigration et de cohésion sociale. La réponse des autres partis politiques et de la société civile dans les jours à venir sera cruciale pour déterminer l’issue de ce séisme électoral et ses répercussions à long terme.

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Un point tout de même positif est que concernant la question du Sahara, Eric Ciotti, président du parti Les Républicains (LR) et allié de Jordan Bardella, s’est déjà prononcé. Dimanche soir, Ciotti a affirmé : « Si nous gagnons, nous voulons restaurer des relations d’amitié et de confiance avec le Royaume du Maroc. » Avant d’ajouter : « Le Maroc est un grand pays, une grande démocratie pour laquelle j’ai beaucoup de respect et beaucoup d’amitié et de considération. C’est un enjeu important de rétablir ces relations. »

Impacts économiques et protectionnisme

Sur le plan économique, une victoire du RN pourrait chambouler les dynamiques actuelles. Le protectionnisme prôné par le parti pourrait nuire aux entreprises marocaines exportant vers la France élevant des barrières tarifaires et imposant des restrictions commerciales. Un tel virage protectionniste pourrait ralentir les investissements et fragiliser les liens économiques entre les deux nations. En plus, les échanges culturels , piliers des relations bilatérales, pourraient également être affectés. Une politique isolationniste de la France pourrait ralentir les investissements et les collaborations culturelles et éducatives, éléments cruciaux des relations entre les deux pays.

Pour les Marocains de France, qui constituent une partie importante de la communauté immigrée, ces élections représentent une source d’inquiétude. L’éventualité d’un gouvernement dominé par le RN suscite des craintes quant à la stigmatisation et aux politiques d’immigration plus restrictives.

Discrimination envers les binationaux

Dès le début, le RN a annoncé la couleur en affichant ostentatoirement son intention d’inscrire dans la Constitution l’interdiction pour les binationaux d’accéder à certains emplois stratégiques. Cette mesure, visant particulièrement les Franco-Marocains, pourrait marginaliser une part significative de la diaspora marocaine. Jordan Bardella ne s’en cache pas : « Les postes les plus stratégiques de l’État seront réservés aux citoyens français et aux nationaux français. » Une telle politique pourrait exacerber les tensions sociales et compromettre l’intégration des Marocains en France.

De fait, l’immigration, au cœur du programme du RN, pourrait devenir un sujet de friction majeur. Le parti préconise des politiques plus restrictives et un contrôle renforcé des frontières, ce qui compliquerait les déplacements et les échanges humains entre les deux pays. Pour les Marocains résidant en France ou souhaitant s’y installer, les procédures pourraient se durcir, générant des tensions diplomatiques et sociales. Une politique plus stricte pourrait également engendrer des expulsions en masse, affectant directement les Marocains vivant en France.

Ainsi une victoire, qu’elle soit majoritaire ou partielle, du RN aura, à coup sûr, des répercussions directes sur le Maroc et les autres pays du Maghreb. Les relations franco-marocaines, récemment marquées par des tensions mais en voie de réchauffement, risquent de connaître une régression. Les restrictions potentielles dans la libre circulation des Marocains dans l’espace Schengen, les limitations de visas, et la suppression des aides sociales et des prestations de santé pourraient envenimer les relations bilatérales.

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