Le « sans gluten » dévore à grandes dents le budget des allergiques
Par: Maria MOUATADID
Le régime qui exclut l’ensemble des aliments sources de gluten (protéines que l’on retrouve dans certaines céréales : seigle, avoine, blé, orge..) s’avère très coûteux. Les produits estampillés « gluten-free », qui bénéficient d’une image « healthy », sont chers par rapport à leurs confrères pourvus de cette protéine que les allergiques cherchent infailliblement à éviter.
Les produits « sans-gluten » sont hors de prix et pèsent lourdement sur le budget du foyer, a confié à la MAP, la mère d’une fille de 14 ans intolérante au gluten, relevant que le marché de ces produits diététiques au niveau local est très restreint.
Les personnes souffrant de la maladie cœliaque (intolérance permanente à une ou plusieurs fractions protéiques du gluten) adoptent le régime « gluten-free » à même de diminuer les symptômes visibles, liés à l’ingestion du gluten, notamment les désagréments digestifs, les douleurs abdominales, les vomissements, la fatigue chronique, les vertiges.., mais parfois invisibles et difficilement identifiables.
« Ma fille endure cette maladie depuis 10 ans maintenant. Dans le temps, les aliments « sans-gluten » étaient casi-inexistants dans les épiceries de proximité, maintenant on peut les trouver dans les grandes surfaces mais leurs prix restent excessivement chers”, a-t-elle-dit.
Contactée par la MAP, l’Association Marocaine des Intolérants et Allergiques au Gluten (AMIAG) a relevé que les produits finis industrialisés sans gluten type biscuits, pâtes, cake, pâte à pizza sont quasiment tous importés des pays européens et sont taxés à 20% sans différenciation avec les produits avec gluten.
En plus du coût des analyses élevé, des frais de dépôts et du transport de ce type de produits à la douane, a fait remarquer l’Association, notant que ce type de produit pour le malade cœliaque s’apparente à un médicament qu’il doit prendre quotidiennement.
Une révision des droits de douanes et de la TVA devrait être faite pour ces produits qui constituent la seule alimentation possible pour le malade cœliaque, a préconisé la même source.
Pour les familles à faible revenus, il est très difficile de concilier son budget courses avec une alimentation sans gluten au vu du coût élevé des produits, à titre d’exemple 1 kg de farine de mix sans gluten coûte en moyenne 60 Dhs, 250 g de pâtes 25 Dhs, biscuits 30 Dhs, etc, a fait savoir l’Association.
D’autant plus qu’ils doivent disposer d’un moulin spécifique pour moudre les graines sans gluten (riz, maïs, quinoa et sarrasin) celui-ci affiche des tarifs allant de 1.200 Dhs celui pour 2 kg à 2.500 Dhs pour celui pour 5 kg, a expliqué l’AMIAG.
Pendant cette période de crise sanitaire, il faut noter que, faute de moyens, certains malades arrêtent leur régime ou ne le suivent pas correctement en broyant les graines dans le moulins du quartier qui est contaminé, a fait observer l’association.
Et de poursuivre : “Notre rôle en tant qu’association est de sensibiliser nos adhérents à la lecture des ingrédients sur toutes les étiquettes et ce même s’il y a la mention “sans gluten “ sur un produit dont nous ne connaissons pas la société qui le produit »
En effet, on les forme pour avoir une réflexion globale sur l’éventualité d’une contamination de la chaîne de production, mais cela reste très faible actuellement et à travers les réseaux sociaux les malades se tiennent au courant des produits contrefaits”, a ajouté l’Association.
Pour les malades, la lecture des étiquettes est primordiale et leur souhait et d’avoir plus de choix à un meilleur prix, a précisé l’Association, faisant savoir qu’”aujourd’hui, c’est uniquement la mention « sans gluten » notée sur les produits qui prouve l’absence de gluten dans ces produits (cachet étranger principalement)”.
Inimaginablement, le sans gluten a fait “tonnerre” ces dernières années. De nombreux consommateurs s’y sont mis, alors qu’ils n’ont aucune intolérance par rapport à cette protéine. Décidant de mettre croix rouge sur ces produits, ces nouveaux consommateurs non-affectés estiment que les produits sans gluten sont meilleurs pour la santé. Conséquemment, les produits « gluten-free » se trouvent de plus en plus dans les paniers des consommateurs.
Asmaa, une jeune femme de 27 ans, trouve un confort digestif appréciable quand elle supprime les aliments contenant du gluten.
“J’évite au maximum la consommation du gluten, ça se répercute positivement sur ma forme, ma ligne et ma performance sportive », a-t-elle expliqué.
De plus en plus, les industriels de l’agroalimentaire dans le monde présentent un intérêt grandissant pour ce marché de niche, devenu de plus en plus visible, en raison de l’intérêt croissant des consommateurs. La demande en perpétuelle croissante pour ces produits donne au secteur agricole et agroalimentaire l’opportunité d’en exploiter davantage le potentiel commercial.
Cependant, quelques opportunistes, également sur le créneau, se lancent sur ce marché juteux et commercialisent à leur tour des produits prétendument “gluten-free” alors qui n’en ont jamais contenu.