Le secteur de la franchise reprend de plus belle

Le secteur de la franchise au Maroc se développe rapidement, soutenu par l’attractivité du pays. Les nouvelles enseignes dynamisent la concurrence, et l’expansion des centres commerciaux modifie les habitudes de consommation. Toutefois, la hausse des loyers commerciaux, l’inflation et des défis fiscaux restent des obstacles importants pour les entreprises.
Le marché de la franchise au Maroc traverse une phase de forte dynamique et affiche des signes positifs de redressement après avoir été frappé par des difficultés économiques. Le pays compte actuellement 745 réseaux de franchise, dont 84% sont des enseignes internationales. Cette forte présence d’acteurs étrangers témoigne de l’attractivité croissante du Maroc en tant que destination pour les investissements dans le secteur de la franchise. En 2024, ce secteur a enregistré un chiffre d’affaires de 20 milliards de dirhams, marquant un retour à la croissance après une période difficile caractérisée par les impacts de la pandémie de COVID-19 et l’inflation qui ont affecté la consommation et les investissements.
Mohamed El Fane, président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF), cité par L’Economiste, a souligné que la deuxième moitié de 2024 a vu un regain notable de la consommation et une reprise de la confiance des investisseurs. Ce retournement a été facilité par la dynamique économique positive, alimentée par l’accélération de la consommation domestique, les réformes gouvernementales favorables et l’attrait renouvelé pour le marché marocain.
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Le secteur de la franchise connaît ainsi une évolution marquée par plusieurs dynamiques. L’une des principales tendances est l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, ce qui intensifie la concurrence et pousse les entreprises locales et internationales à adapter leurs offres pour se distinguer. Parallèlement, la multiplication des centres commerciaux et des malls dans les grandes villes marocaines, comme Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger, transforme profondément les habitudes de consommation des Marocains. Les consommateurs ont désormais accès à une variété de marques internationales et locales, ce qui a considérablement modifié leurs comportements d’achat, les orientant davantage vers ces nouveaux espaces modernes et connectés.
En outre, le secteur touristique connaît une performance exceptionnelle, avec un record de 17,4 millions d’arrivées touristiques en 2024 et des recettes en devises atteignant 112,5 milliards de dirhams. Cette dynamique touristique contribue à renforcer la consommation et à soutenir la demande pour de nouveaux commerces et franchises, notamment dans les zones touristiques à forte affluence. Les perspectives économiques restent également très favorables grâce à l’organisation d’événements internationaux d’envergure, tels que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2025 et la Coupe du Monde 2030. Ces événements auront un impact direct sur l’attractivité du Maroc en tant que destination pour les investissements étrangers, et créeront de nouvelles opportunités pour le secteur de la franchise.
Pour tirer pleinement parti de ces opportunités, la FMF a pour objectif d’accroître les investissements dans le secteur de la franchise et d’attirer de nouvelles enseignes prestigieuses, afin d’enrichir encore l’offre disponible pour les consommateurs marocains. Le secteur des centres commerciaux devrait bénéficier d’un investissement de plus de 10 milliards de dirhams d’ici 2030, créant ainsi environ 20.000 nouveaux emplois directs et indirects. L’extension des surfaces commerciales, avec plus de 500.000 mètres carrés supplémentaires d’ici la fin de la décennie, permettra de renforcer le réseau de consommation et d’implanter de nouveaux pôles dans des villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Agadir et Tanger.
Cependant, le marché de la franchise n’est pas exempt de défis. La crise sanitaire a eu un impact considérable sur le secteur, entraînant la fermeture de 20 à 25% des commerces à Casablanca, soit près de 1.000 boutiques. La baisse du pouvoir d’achat des ménages, en raison de l’inflation et du surendettement, continue de peser sur la consommation des ménages marocains. En parallèle, la hausse continue des loyers commerciaux, en particulier dans les zones prisées comme le boulevard Al Massira à Casablanca, exerce une pression supplémentaire sur les entreprises, qui peinent à maintenir leur rentabilité dans ces conditions.
La fiscalité constitue également un obstacle au développement du secteur. L’augmentation significative des droits de douane, passée de 25% à 40% entre 2022 et 2023, a eu des effets négatifs sur les importations, affectant directement la rentabilité des franchises. Bien que ces droits aient été réduits récemment à 30%, la FMF continue de plaider pour un plafond maximal de 20 à 25%, afin de garantir la compétitivité des franchises marocaines et de maintenir des prix de vente compétitifs par rapport aux normes internationales.