Le sommet de Biden sur le climat : qu’est-ce que les autres en pensent?
Le monde entier a braqué les projecteurs sur le sommet virtuel sur le climat, organisé, il y a presque deux semaines, par le président américain Joe Biden et qui a connu la participation de 42 dirigeants du monde dont les pays représentent plus de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) .
Les regards ont été rivés surtout sur Biden qui, 100 jours après son arrivée au pouvoir, a prononcé un discours des plus rassurants, promettant de réduire les émissions de GES américaines de 50% à 52% d’ici 2030 par rapport à 2005.
L’annonce américaine a été saluée par nombre de chefs d’Etat, notamment le président français Emmanuel Macron qui l’a qualifiée de « choix historique sur le chemin qui nous mène vers Glasgow ».
« Je suis ravie de voir que les Etats-Unis sont de retour pour travailler avec nous sur le climat », a lancé, pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette annonce « change la donne » et permettrait d’aller à Glasgow en novembre, « armés d’objectifs ambitieux et de plans requis pour les atteindre », a estimé, de son côté, le Premier ministre britannique, Boris Johnson.
Le président brésilien Jair Bolsonaro est sorti, quant à lui, se défendre contre des attaques de Biden, Macron et de la jeune militante écologique suédoise Greta Thunberg, les qualifiant d’”idioties”.
Il s’est aussi montré conciliant, en admettant la nécessité d' »améliorer la vie des 23 millions de Brésiliens qui vivent en Amazonie », en tenant compte des « intérêts des indigènes et des communautés traditionnelles ».
La secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques Patricia Espinoza a qualifié ce sommet d' »encourageant » et de « positif », saluant les engagements des différents pays, révélés lors de cette rencontre.
En marge de ce sommet, Greta Thunberg est restée fidèle à ses discours colériques, accusant les dirigeants mondiaux d' »ignorer le changement climatique ».
« Puisque le débat (sur le changement climatique, ndlr) n’existe pas et que le niveau de sensibilisation est ridiculement bas, vous contribuez en toute impunité à la destruction de l’environnement présent et futur », a lancé Greta – par visioconférence – devant une commission du Congrès américain.
En réaction à l’annonce de Biden, la presse internationale a estimé qu’il s’agit d’un discours « évasif » et « flou » en ce qui concerne les détails de la mise en œuvre de ses engagements climatiques, craignant des résistances au sein du Congrès aux stratégies vertes du président démocrate.
La société civile a aussi réagi à ce sommet et aux engagements qui y étaient révélés par différents pays.
Ainsi, Jean Su, directeur de la justice énergétique au Centre de la biodiversité estime que les Etats-Unis devront réduire d’au moins 70% de leurs émissions de GES en 2030 et contribuer au financement durable de la décarbonisation des pays du Sud.
Pour sa part, Kimiko Hirata, représentant du Réseau Action climat (CAN) au Japon, souligne que “l’engagement du Japon reste encore en-deçà de l’objectif fixé par l’Accord de Paris”, jugeant que le pays doit rompre avec ses centrales à charbon au plus tard à la fin de la décennie.
« Nous ne pouvons atteindre cet objectif (de contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C, fixé par l’Accord de Paris, ndlr) qu’en libérant la volonté politique dont on a besoin pour réussir la COP26 », déclare, de son côté, Manuel Pulgar-Vidal du Fond mondial pour la vie sauvage (WWF- Climat et énergie).
« Nous attendons avec anxiété que les pays les plus riches du monde, y compris les Etats unis, (…) traduisent les promesses en actions », insiste-t-il.
De l’avis de l’organisation environnementale 350.org, le sommet de Biden sur le climat « n’était pas à la hauteur ».
“Les discours sont éloquents, mais où est la stratégie?”, s’interroge l’organisation.
“Nous demandons aux dirigeants du monde de ne plus faire de fausses promesses, ou de proposer de fausses solutions ou des négociations vides”, dit Agnes Hall, directrice de campagne de 350.org, appelant à faire pression sur les gouvernements pour réduire les émissions du carbone et surmonter les crises climatiques ainsi que celles causées par la Covid-19.
Le sommet de Biden a été certes un événement historique du point de vue de tous les analystes, mais il reste beaucoup à faire pour réussir la COP26 et atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris.
( Avec MAP )