Le Sommet UE-UA conclut une « vision commune » sur des bases fragiles
Le sommet UE-Afrique de deux jours à Bruxelles s’est terminé vendredi. Dans leur déclaration finale, les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE et les 40 chefs d’État et de gouvernement africains se sont mis d’accord sur une « vision commune pour un nouveau partenariat ». Cependant, la mise en œuvre concrète de celle-ci montre que ce partenariat risque d’être sur des bases fragiles, les raisons, l’asymétrie des forces qui n’est pas tenue en compte et l’influence grandissante de la Chine qui risque de bouleverser la donne.
Malgré la promesse d’un nouveau départ, les attentes des quelque 70 chefs d’État et de gouvernement divergent largement. La manipulation des brevets de vaccins en particulier a semé la zizanie.
L’Europe et l’Afrique ne peuvent répondre ensemble qu’aux grandes questions de l’heure à cause de plusieurs points de divergences et qui n’ont pas été clairement soulevées. Le président sénégalais Macky Sall, qui assure la présidence de l’UA, a souligné : « Nous devons injecter un nouvel état d’esprit dans les relations euro-africaines ». Celle-ci doit reposer sur une vision partagée du partenariat et pas seulement sur une relation d’entraide. La déclaration finale conjointe parle d’un partenariat renouvelé et d’un avenir commun en tant que partenaires et voisins les plus proches.
L’Afrique, est aujourd’hui par une instabilité politique, le terrorisme et les difficultés économiques ce qui pousse de nombreuses personnes à rechercher une vie meilleure dans l’UE. Dans le même temps, des pays comme la Chine, la Russie et la Turquie tentent de gagner en influence grâce à d’énormes investissements et une coopération en matière de défense.
L’Europe veut contrer cela avec l’initiative Global Gateway – la nouvelle Route de la soie de la Chine. La Commission européenne souhaite mobiliser plus de 150 milliards d’euros sur sept ans, notamment pour des investissements dans les réseaux électriques, l’hydrogène respectueux du climat, les infrastructures Internet et les corridors de transport. Le chancelier Scholz a parlé d’une « offre sincère de coopération ».
Cependant, une partie de l’argent pour cela doit encore être collectée. Environ 36 milliards d’euros doivent provenir du budget de l’UE, 53 milliards d’euros de garanties de prêts et les pays de l’UE devraient apporter environ 20 milliards d’euros, selon les cercles gouvernementaux allemands. Le reste devrait provenir du secteur privé.
On peut se demander si le paquet de l’UE est suffisant. Le continent africain a besoin d’investissements entre 130 et 170 milliards de dollars par an (entre 114 et 150 milliards d’euros), a déclaré le président sénégalais Sall. Selon lui, 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. « La priorité pour nous Africains est clairement l’accès universel à l’électricité et l’industrialisation du continent. »
Il y a aussi une controverse parce que l’UE continue de refuser de soutenir les appels africains à la publication des brevets des vaccins coronavirus. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a mené le conflit vendredi sur la scène publique avec von der Leyen. Les dons à eux seuls ne sont pas un moyen durable de renforcer la résilience, a-t-il déclaré. Il est inacceptable que l’Afrique doit toujours passer à l’arrière lorsqu’il s’agit de médicaments. Scholz, d’autre part, a insisté sur la protection par brevet.
L’écart de vaccination entre l’Afrique et l’UE est encore énorme. En Afrique, environ 12 % seulement de la population est vaccinée, alors que dans l’UE, c’est plus de 70 %. La déclaration finale parle désormais, entre autres, de « transfert volontaire de technologie ». Un projet annoncé en marge du sommet va également dans ce sens. Selon cela, des vaccins à ARNm sans brevet doivent être produits dans six pays africains avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les pays devraient recevoir la technologie nécessaire et être soutenus dans la formation de spécialistes. Le vaccin devrait être prêt en 2023.
L’UE réaffirme également son engagement à mettre au moins 450 millions de doses de vaccin corona à la disposition de l’Afrique d’ici le milieu de cette année. De plus, 425 millions d’euros supplémentaires permettront d’accélérer le processus de vaccination en Afrique, d’améliorer la formation médicale et la capacité d’analyse et de séquençage des tests. « Bien qu’il s’agisse d’un premier pas important, il est encore plus important de permettre aux pays africains de produire eux-mêmes des vaccins », a souligné la chancelière