Le sport peut-il être un levier de développement au Maroc ?
Plus qu’une distraction ou une activité physique, le sport s’est imposé ces dernières années comme une industrie à part entière créatrice de richesse et d’emploi, qui mérite d’être placée au cœur du modèle de développement du Maroc.
C’est dans cet esprit que la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a publié récemment une étude sous le thème « Le sport que nous voulons: le pouvoir économique, social et stratégique du sport dans le nouveau modèle de développement du Maroc », dans laquelle elle souligne l’importance du sport au niveau économique et son potentiel de croissance pour les États, et en même temps pointe du doigt le retard qu’accuse le Maroc en la matière.
Réalisée par Abdelkader Bourhim, expert en stratégie de développement des clubs et des organisations sportives, l’étude a constaté que le bilan des nombreux plans et initiatives, publics et privés de ces dernières années, est pour le moins « mitigé » au vu des performances sportives décevantes et de la rentabilité limitée du secteur pour ses acteurs et l’État marocain.
Ces résultats « en demi-teinte » relèvent, en grande partie, du fait que le sport n’ait pas été pensé comme un véritable axe stratégique de développement et surtout comme une industrie à part entière, estime l’auteur de cette étude, jugeant ainsi opportun et tout à fait pertinent d’intégrer le sport dans le futur rapport de la CSMD en tant que levier de développement économique, social et stratégique.
En outre, la crise sanitaire du covid-19 que traverse actuellement le monde et le Maroc, confronte le secteur du sport à d’importantes difficultés économiques, ce qui appelle à donner au secteur dans ce contexte l’occasion de se réinventer afin de prospérer.
Après avoir énumérer les bienfaits du sport à savoir favoriser le bien-être, la santé physique et mentale des individus, créer de la richesse et de l’emploi tout en étant un vecteur d’inclusion et de cohésion sociale, l’étude a formulé une série de recommandations à même d’impulser le secteur et lui permettre d’occuper la place qui lui échoit en tant que levier de développement du Royaume.
Il s’agit en premier lieu de bâtir et implémenter une véritable politique nationale et régionale du sport reposant sur trois piliers fondamentaux à savoir la formation, la bonne gouvernance, la performance sportive et économique.
L’étude a également jugé nécessaire une adaptation des modes de gouvernance des organisations, aux spécificités des nouveaux enjeux sportifs et économiques marocain.
Pour ce faire, il s’agit, entre autres, de former les dirigeants sportifs aux exigences du sport professionnel, dissocier le sport amateur, des associations à but non lucratif, du sport professionnel organisé en sociétés sportives privées dont l’objectif est la performance sportive et économique, de mettre en place un management opérationnel dans chaque structure sportive et de s’appuyer sur les compétences issues des filières spécialisées en management du sport.
Parmi les mesures phares proposées figure la création d’une “agence nationale pour le sport” afin d’assurer la régulation du secteur et veiller à la mise en œuvre efficace de la politique sportive.
L’étude recommande également de consolider les outils juridiques offerts par la nouvelle loi de la jeunesse et du sport pour permettre d’assurer une plus grande protection et davantage de garanties pour les intervenants dans le secteur du sport.
Pour concrétiser cette mesure, il faut ainsi offrir les garanties nécessaires pour encourager l’investissement dans le secteur sportif pour favoriser l’émergence d’une véritable industrie du sport au Maroc et de consolider la loi 30-09 et la rendre plus protectrice pour l’ensemble des acteurs intervenant dans le secteur sportif (investisseurs, institutionnels, médias, etc.)
Déployer massivement des infrastructures de proximité pour améliorer la pratique d’activités physiques et l’inclusion par le sport dans les territoires et renforcer la formation de haut niveau pour favoriser l’émergence d’une expertise managériale du sport au Maroc s’avèrent aussi nécessaires pour le développement du secteur.
Il s’agit en outre de la création d’un institut national d’excellence sportive de pointe pour réunir les meilleurs athlètes – tous sports confondus – et les préparer à la performance dans les grandes compétitions internationales et faire du secteur sportif, une véritable industrie productive et rentable, créatrice d’emplois et de richesses.
L’auteur de l’étude appelle aussi à favoriser le déploiement de partenariats publics-privés (PPP) dans le secteur du sport pour encourager à la réalisation de projets sportifs d’envergure et de généraliser le digital comme outil d’optimisation et de modernisation de la gestion des clubs et des organisations sportives.
Et de conclure que le fait d’intégrer le sport dans la réflexion de la CSMD est, aujourd’hui, indispensable, si le Maroc souhaite prétendre à un développement rapide et pérenne.
( Avec MAP )