Le voile dit islamique serait-il une prescription religieuse ou ne l’est-il pas ?

Par Amine Ryad

Il est du devoir des savants religieux (hommes te femmes) éclairés de faire avancer le débat.

En effet, ce débat s’est emparé de manière névrotique au sein de la société européenne tellement les voiles fleurissent chez les femmes  dans les communautés musulmanes d’Europe quand ce n’est pas le burkini sur les plages et dans les piscines. Alors qu’au Maghreb, les femmes se « dévoilent » car n’y voyant plus un intérêt ni social , ni religieux, avec les désillusions de l’islamisme au pouvoir qui n’a rien résolu au plan socioéconomique en termes de moralisation et de justice sociale. Souvent, ils n’ont fait ni mieux, ni moins bien que les autres ( libéraux, nationalistes, socialistes…).

Or, en Europe, le maghrébin en visite dans les cités européennes , remarque combien le voile à la mode « frériste », s’est répandu plus que jamais. Il  devient évident que le voile d’aujourd’hui n’a rien à voir avec le voile pudique de nos grands mères. Le voile d’aujourd’hui est le fruit d’une interprétation religieuse rigoriste venue d’Orient qui s’est généralisée au reste du monde d’abord dans le monde arabo-musulman en tant que symbole militant et grâce aux pétrodollars.  Au départ,  « femmes voilées et hommes barbus » à l’époque se reconnaissaient dans cet esprit militant, au sein des associations et partis fréristes. Aujourd’hui le relais a été pris en Europe, au  Canada, aux USA, en Asie musulmane et aussi  en Afrique et au delà des cercles militants et associatifs pour se généraliser comme marqueur identitaire aux jeunes et moins jeunes musulmanes d’Europe.

Il n’est pas inutile de rappeler que le port du voile actuel est le fruit des écoles de pensées religieuses rigoristes d’Egypte et d’Arabie Saoudite (Ecole de Médine surtout), pensées  qui s’étaient épanouies dans les années 70 à 80 quand l’idéologie islamiste se présentait en alternative dans les luttes politiques  contre les pouvoirs en place de l’époque lesquels étaient plutôt  à connotation nationaliste et marxiste et qui ne brillaient pas par leur caractère démocratique, tout au contraire. Plusieurs « frères » d’ailleurs ont subi les foudres des régimes d’antan comme l’emblématique Feu Syad Qotb, l’idéologue de référence des frères musulmans, condamné et assassiné par pendaison par le Président Général Gamal Abdel  Nasser, le leader nationaliste qui dirigeait l’Egypte à la fin des  années 60. Aujourd’hui, quelque soit le motif des femmes de  porter le voile dit  islamique  (religieux, identitaire, esthétique, voire juste pour ne pas être mal vues dans les quartiers ou harcelées…ou un peu de tout à la fois ), il est du devoir des savants religieux éclairés de statuer ou du moins de clarifier qu’il n’est en aucun cas une obligation religieuse.

Le voile, «  ce foutu fichu sur la tête selon un responsable politique français », divise, sème le doute, provoque et  fracture les convictions religieuses et sociales. Il est devenu une menace à la cohésion sociale contre-productif aux musulmanes et musulmans en termes d’intégration et d’image d’eux mêmes et de leur religion.
Or,  dans cette perspective,  il y aurait une obligation religieuse  de se libérer de ce  « voile » ténébreux et vain qui pollue le débat  social et culturel sur la place des femmes en société. Les femmes musulmanes ne devraient pas avoir besoin du voile pour prouver leur foi, leur moralité ou défendre leur identité. Nous devons apprendre à notre jeunesse que ces  valeurs doivent  d’abord s’exprimer par l’attitude, l’esprit, l’intelligence, et la connaissance et à fortiori dans des sociétés civilisées où prime la loi et l’Etat de droit.

Ce n’est pas au voile de protéger le corps des femmes. Cette protection doit être garantie par la Loi et le comportement digne des hommes et de la société. Le « voile islamiste »  en plus de couvrir les cheveux, a posé un voile préoccupant sur les esprits, hommes et femmes réunis. Celui-là un voile aux couleurs « sombres et ténébreux ».

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