L’économie mondiale refroidie par Omicron
Par Mouhamet NDIONGUE
Le dernier rapport Global Economic Prospects de la Banque mondiale annonce que la croissance mondiale ralentit jusqu’en 2023, ce qui augmentera le risque d’« atterrissage brutal » dans les économies en développement. La Région MENA est grandement concernée.
Après un fort rebond en 2021, l’économie mondiale entre dans un ralentissement prononcé sur fond de nouvelles menaces des variantes du COVID-19 et d’une augmentation de l’inflation, de la dette et des inégalités de revenus qui pourraient mettre en danger la reprise dans les pays émergents et pays en développement, selon le dernier rapport Global Economic Prospects de la Banque mondiale. La croissance mondiale devrait nettement ralentir, passant de 5,5 % en 2021 à 4,1 % en 2022 et à 3,2 % en 2023, à mesure que la demande refoulée se dissipe et que le soutien budgétaire et monétaire se dénoue dans le monde.
« La croissance dans la région MENA devrait s’accélérer à 4,4 % en 2022 »
Dans son rapport, la Banque mondiale déclare que la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a connu une forte reprise économique au second semestre 2021, ramenant la production à son niveau d’avant la pandémie dans certaines économies.
La performance économique a été inégale dans la région en raison des différences dans la gravité et effets de la pandémie. Cependant, l’inflation à la consommation dans la région reste inférieure à sa moyenne de long terme, sauf au Liban.
Dans ce contexte, la République d’Iran reflète la faiblesse de la demande, avec des écarts de production toujours négatifs et, dans de nombreux cas, avec des régimes de change fixes.
Concernant les perspectives de la Région, la Banque mondiale note que les secteurs à forte intensité de contact se redressent et que les réductions de production de pétrole diminuent, soutenues par des vents favorables d’un environnement politique généralement accommodant. Pour autant, la croissance dans la région MENA devrait s’accélérer à 4,4 % en 2022, une révision à la hausse à partir de juin 2021, et modérée à 3,4% en 2023. L’écart en moyenne par le revenu par habitant entre la région MENA et les économies avancées devrait s’élargir au cours de l’horizon de prévision.
Au Maroc, l’économie devrait croître de 3,2% en 2022, un rythme plus lent que prévu en juin 2021, alors que la production agricole ralentit.
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Situation énergétique
La hausse des prix du pétrole et du gaz naturel et l’augmentation de la production devraient profiter aux exportateurs d’énergie, relève le rapport. Spécifiquement, le secteur pétrolier de l’Arabie saoudite devrait fortement rebondir, stimulant les exportations, tandis que l’activité non pétrolière devrait bénéficier de taux élevés et de l’accélération des investissements.
La croissance des importateurs de pétrole devrait se renforcer à 4,6% en 2022, contre 4,4% en 2021, avec des améliorations en Égypte et en Tunisie, en partie compensées par des perspectives plus faibles pour le Maroc. Selon la Banque mondiale au Maroc, la production devrait augmenter de 3,2 % en 2022, ralentissant par rapport au rebond de l’année précédente, la production agricole revenant à des moyennes historiques après les performances extraordinaires du secteur primaire en 2021.
Le Maroc s’est lancé dans un programme de subvention à prix fixe pour les carburants, à la fin de 2000, en réponse aux fortes augmentations des prix du pétrole à l’époque. Le gouvernement a absorbé le coût de la gestion des prix de détail plus bas tout en essayant de limiter la dégressivité du régime. Alors que les prix du pétrole ont continué d’augmenter au cours des années 2000, les coûts budgétaires des subventions ont également augmenté. Début 2012, le gouvernement a pris plusieurs mesures pour réformer la structure des prix des carburants ainsi que d’autres mesures pour augmenter le financement des transports publics et subventionner les dépenses médicales des pauvres. Au cours de l’année et demie suivante, les subventions ont continué à être réduites, la plupart des réductions ayant eu lieu avant la chute importante des prix du pétrole à partir de la mi-2014. Les prix des carburants ont été entièrement libéralisés en 2015.
Attention aux rebonds des variantes
Dans son rapport, la Banque met en garde contre des variants du COVID-19, des troubles sociaux, un endettement élevé dans certaines économies et des conflits pouvant saper l’activité économique dans la région MENA. L’institution financière ajoute qu’avec moins des deux cinquièmes de la population de la région MENA entièrement vaccinés, concentrés dans les économies à revenu élevé de la région, les perturbations économiques liées à la pandémie demeurent un risque majeur.
Par ailleurs, les variations des prix du pétrole pourraient saper l’activité dans la région. Le sous-investissement dans le secteur peut limiter la capacité des exportateurs de pétrole à tirer profit des prix élevés du pétrole. En plus, le rapport indique que la propagation rapide de l’Omicron peut saper la demande mondiale et conduire à une baisse des prix du pétrole.
La fréquence croissante des catastrophes naturelles liées au changement climatique menace de saper des vies et moyens de subsistance dans la région MENA. Au fil du temps, la hausse des températures réduirait les zones de culture pour l’agriculture et les rendements et exacerbe les ressources en eau déjà rares, compromettant la sécurité alimentaire, forçant la migration, réduisant la productivité du travail et augmentant la probabilité de conflit, alerte la Banque mondiale.