L’EI revendique l’attentat d’Istanbul, l’assaillant toujours en fuite
Alors que le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat de Nouvel An et ses 39 morts dans une discothèque d’Istanbul, l’auteur de la tuerie était toujours en fuite mardi, traqué par des autorités turques qui ont réaffirmé leur « détermination » face aux jihadistes en Syrie.
La Turquie reste « déterminée » à poursuivre son offensive militaire contre le « terrorisme » dans le nord de la Syrie, a ainsi déclaré lundi le porte-parole et vice-Premier ministre du gouvernement turc.
L’attentat contre la discothèque Reina « est un message destiné aux opérations extérieures, à commencer par l’opération +Bouclier de l’Euphrate+ », a précisé Numan Kurtulmus, au sujet de l’opération engagée par les troupes turques en Syrie contre l’EI et les milices kurdes. Mais « nous continuerons à mener nos opérations extérieures avec détermination », a-t-il insisté, sans réagir directement à la revendication de l’EI concernant l’attaque d’Istanbul.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l’EI avait assuré quelques heures plus tôt que c’est bien « un des soldats du califat » qui a mené l’attaque au Reina, cette boîte de nuit huppée de la métropole turque où ont péri de nombreux étrangers, pour la plupart originaires de pays arabes.
Dans ce communiqué, l’EI a accusé la Turquie, pays peuplé majoritairement de musulmans, de s’être alliée aux chrétiens, vraisemblablement en référence à la coalition internationale antijihadiste menée par Washington et dont fait partie Ankara.
Les jihadistes avaient déjà menacé à plusieurs reprises de frapper la Turquie en représailles à ses opérations en Syrie.
De fait, l’attentat du Nouvel An est survenu alors que l’armée turque tente, au prix de lourdes pertes, de reprendre la ville d’Al-Bab, un bastion de l’EI dans le nord de la Syrie.
C’est la première fois que l’EI revendique directement un attentat en Turquie, même si plusieurs attaques contre des cibles touristiques, notamment à Istanbul, lui ont déjà été attribuées par les autorités.
L’auteur de l’attaque qui a semé la mort au Reina en tirant au hasard sur les centaines de personnes qui y célébraient la nouvelle année est lui toujours en fuite et activement recherché.
Des « données relatives aux empreintes digitales et à l’apparence » du tueur ont été obtenues, a déclaré le porte-parole du gouvernement Numan Kurtulmus, évoquant une « enquête difficile ». « Nous allons rapidement entrer dans le processus d’identification », a-t-il ajouté.
Dans le cadre de l’enquête, des équipes de la police antiterroriste d’Istanbul ont arrêté et placé en garde à vue huit personnes lundi.
L’attentat au Reina marque un début 2017 sanglant pour la Turquie, déjà secouée en 2016 par une tentative de coup d’Etat et une vague d’attentats meurtriers liée aux jihadistes ou à la rébellion kurde.
A 01h15 dimanche (22h15 GMT samedi), un homme armé d’un fusil d’assaut a surgi devant la discothèque située au bord du Bosphore, sur la rive européenne d’Istanbul, abattant deux personnes à l’entrée avant de pénétrer à l’intérieur et d’y semer la mort.
Selon les médias turcs, l’assaillant a tiré entre 120 et 180 balles au cours de l’attaque, avant de changer de tenue et de s’enfuir.
Plusieurs victimes ont été tuées d’une balle dans la tête à bout portant, selon les médias turcs, citant des rapports d’autopsie.
« Je repense à ces moments, je n’arrive pas à les effacer de ma mémoire. Les gens paniqués, le sang, les bruits de coups de feu », a raconté lundi à l’AFP un rescapé franco-turc, Yusuf Kodat.
« Le danger persiste », a écrit lundi le chroniqueur Abdulkadir Selvi dans le quotidien Hürriyet. « Tant que ce terroriste ne sera pas arrêté, nous ne saurons pas où et quand un massacre pourrait avoir lieu. »
Cette attaque s’est produite malgré un déploiement massif de forces de police à Istanbul, ville tentaculaire frappée par de nombreux attentats au cours de l’année écoulée.
Selon Hürriyet, les enquêteurs estiment que l’assaillant pourrait être lié à une cellule qui a commis un triple attentat-suicide à l’aéroport Atatürk d’Istanbul qui a fait 47 morts en juin, imputé à l’EI par les autorités. Selon ce quotidien, les enquêteurs pensent que l’agresseur serait originaire d’Asie centrale, d’Ouzbékistan ou du Kirghizstan.
D’après les derniers chiffres des médias, 12 Turcs sont décédés dans l’attentat au Reina, dont un belgo-turc, et 27 étrangers. Parmi les étrangers tués, pour la plupart originaires de pays arabes, figurent deux Jordaniens, trois Irakiens et trois Libanais.
Le producteur de films indien Abis Rizvi, fils d’un ancien parlementaire, a aussi été tué. Plusieurs personnalités de Bollywood lui ont rendu hommage.
Une Franco-tunisienne, une Canadienne et une jeune Israélienne sont également décédées.
Des centaines de personnes ont assisté lundi aux funérailles de Yunus Görmek, un Turc âgé de 23 ans qui travaillait comme serveur au Reina pour financer ses études, selon un photographe de l’AFP.
Cette attaque a suscité une vague de réactions indignées dans le monde. Washington, Moscou, Paris et Berlin, ainsi que le pape François l’ont condamnée.