Leïla Slimani présente à Paris son roman « Chanson douce »
L’écrivaine marocaine Leïla Slimani a présenté, à Paris, son roman « Chanson douce » qui a obtenu le prix Goncourt 2016.
Dans ce roman, édité chez Gallimard, Leïla Slimani raconte l’histoire de Myriam, mère de deux jeunes enfants, qui décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats. Le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer jusqu’au drame.
A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est une époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
S’exprimant lors de cette rencontre, initiée dans le cadre des « Mercredis de l’ambassade du Maroc en France », Leïla Slimani a expliqué que son roman jette la lumière sur un personnage de l’ombre, en l’occurrence les nourrisses, « des femmes qui consacrent leurs vies à élever des enfants qui ne sont pas les leurs », évoquant les rapports parfois « conflictuels » et l’ambigüité des relations avec les familles de ses enfants et notamment avec les mamans.
Elle a aussi indiqué qu’elle aborde l’histoire des frontières avec les familles et la compassion pour les nourrisses dont certaines laissent leurs propres enfants pour s’occuper de ceux d’autres familles, estimant que ces nounous donnent aux enfants dont elles s’occupent une « sorte d’amour à durée déterminée ».
« Ces personnes ont toujours vécu pour les autres, par les autres. Il s’agit d’une vie par procuration », a-t-elle fait observer, ajoutant qu’elles se rendent compte un jour qu’elles n’ont rien construit pour leurs propres vies.
« Ces femmes donnent de l’amour et de l’affection sans attendre une contrepartie », a-t-elle estimé.
Leïla Slimani a par ailleurs indiqué qu’elle a été très émue lorsqu’elle a remporté le prix Goncourt 2016, évoquant un sentiment de surprise immense.
Selon elle, l’écriture est quelque chose de très libérateur. « La littérature m’a tellement apportée de liberté », a-t-elle dit. « L’écriture est une forme de transgression et un exercice d’humilité », a-t-elle conclu.
Née à Rabat, Leïla Slimani est diplômée de sciences-Po Paris et de l’Ecole supérieure de commerce de Paris. Après des expériences dans le cinéma et le théâtre, elle devient journaliste à l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2008. Pendant quatre ans, son travail de reporter lui permet d’assouvir sa passion pour les voyages, les rencontres et la découverte du monde.
En 2014, elle a publié son premier roman chez Gallimard, « dans les Jardins de l’ogre » qui obtient le prix de la Mamounia.
Elle a également publié « La Baie de Dakhla : itinérance enchantée entre mer et désert » (Malika Editions, Casablanca 2013) et « Le diable est dans les détails » (L’Aube, 2016).
Cette rencontre s’est déroulée en présence d’une pléiade d’intellectuels marocains et français.
« Les Mercredis de l’Ambassade » proposent un rendez-vous mensuel avec des personnalités du monde de l’art, de la culture et de la politique, ayant un lien avec le Maroc d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ces rendez-vous constituent un espace de réflexion et de débat sur des thématiques diverses ayant trait au Maroc et aux relations maroco-françaises.