L’élimination de la pauvreté pourrait prendre plus d’un siècle, selon la Banque mondiale
L’élimination de la pauvreté qui touche près de la moitié des habitants de la planète, pourrait prendre plus de cent ans, a estimé la Banque mondiale dans un rapport publié mardi.
Selon le document, intitulé Rapport sur la pauvreté, la prospérité et la planète, le rythme avec lequel avancent les efforts d’élimination de la pauvreté, conjugué à la croissance démographique, ne permettront pas d’atteindre cet objectif, dans les délais impartis, pour les 44% des habitants de la planète qui en pâtissent aujourd’hui.
Ce retard est dû à un florilège de défis, dont “la lenteur de la croissance économique, la pandémie Covid-19, le niveau élevé de la dette, les conflits et la fragilité, et les chocs climatiques”, a expliqué Axel van Trotsenburg, directeur général sénior de la Banque mondiale, cité dans le rapport qui estime la pauvreté à un seuil de 6,85 dollars par jour et par personne.
Pour sortir de cette situation, il est nécessaire d’élaborer un “manuel de développement fondamentalement nouveau”, a-t-il estimé.
Selon le rapport, l’élimination de la pauvreté requiert des approches adaptées à chaque pays selon son niveau de revenu, “en donnant la priorité à certaines politiques et en gérant les synergies et les compromis entre les objectifs”.
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Ainsi, les pays à faible revenu devraient donner la priorité à la croissance économique par le biais d’investissements accrus dans la création d’emplois, alors que les pays à revenu intermédiaire sont invités à favoriser une croissance des revenus qui diminue la vulnérabilité aux chocs, ainsi qu’à des politiques visant à réduire l’intensité carbone de la croissance.
Pour ce qui est de la pauvreté extrême, la BM souligne que son élimination, initialement prévue pour 2030, est “hors d’atteinte”, ajoutant qu’elle prendra au moins “trois décennies”.
Estimée à un seuil de 2,15 dollars par jour et par personne, la pauvreté extrême touche près de 700 millions de personnes, soit 8,5% de la population mondiale, vivant principalement dans les pays à faible revenu situés pour la plupart en Afrique sub-saharienne.
Par ailleurs, le rapport fait état d’une “stagnation” du processus de réduction des inégalités dans le monde depuis la crise Covid, mettant en évidence le ralentissement de la croissance des revenus inclusifs.
Selon la banque mondiale, les revenus dans le monde devraient être multipliés par cinq pour atteindre le niveau de 25 dollars par personne et par jour, le niveau minimum de prospérité.
À présent, près de 1,7 milliard de personnes (20% de la population mondiale) vivent dans des économies à fortes inégalités, marquées par le manque d’opportunités pour la mobilité économique, ce qui entrave les possibilités d’une croissance inclusive et de la réduction de la pauvreté.
Le rapport s’arrête également sur l’impact des “chocs climatiques” sur près d’un cinquième des habitants de la planète, notamment en Afrique sub-saharienne. Ces chocs seront généralement accompagnés de “perte de bien-être en raison de la grande vulnérabilité” des populations concernées.
Avec MAP