L’endettement de l’Afrique au cœur des débats à Marrakech
L’Afrique a battu un record d’investissements directs étrangers en 2021, avec 83 milliards de dollars. Mais le continent ne capte que 5,2 % des flux mondiaux et doit faire face à une dette publique croissante, aggravée par la pandémie de covid-19 et la crise ukrainienne.
Comment alléger le fardeau de la dette et relancer la croissance ? C’est la question qui a animé les discussions lors de la conférence Bloomberg New Economy Gateway Africa, qui a réuni des experts et des décideurs à Marrakech les 13 et 14 juin 2023.
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La dette est un problème majeur pour de nombreux pays africains. Depuis le début de la pandémie, la Zambie, le Ghana et le Mali ont fait défaut sur leur dette, et 24 pays sont dans une situation « grave », selon l’ONU. Même les pays dont l’économie est plus solide subissent la pression des taux d’intérêt élevés et de la force du dollar, qui rendent le remboursement de la dette plus difficile. Le programme d’aide temporaire du G20 a pris fin, et l’Afrique a besoin d’une action et d’une coordination multilatérales urgentes. La Chine, qui est devenue un créancier important pour beaucoup de pays africains, doit également jouer son rôle dans le règlement de la dette.
« Nous devons prendre en compte les dépenses sociales indispensables, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé », a plaidé Anne-Laure Kiechel, fondatrice et directrice générale de Global Sovereign Advisory, lors d’un panel organisé en marge de la conférence. Selon elle, les conditions du marché des capitaux sont actuellement trop défavorables pour permettre des investissements rentables à long terme en Afrique, où les taux d’intérêt varient entre 8 % et 17 %. Elle a appelé à un financement plus flexible et concessionnel pour le continent, tout en reconnaissant que l’Afrique devait corriger ses propres erreurs. Elle a également souligné la nécessité de développer une stratégie d’exportation économique à long terme pour faire face aux défis économiques.
La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a quant à elle mis en avant les ressources dont dispose l’Afrique pour créer des opportunités de croissance pour les jeunes. Elle a estimé qu’il ne fallait pas se limiter aux produits de base, mais créer et préserver plus de valeur grâce à des réformes structurelles. Elle a insisté sur la volonté des décideurs politiques à mener ces réformes et à créer un environnement propice à la croissance. Elle a également rappelé que la crise économique actuelle était en partie due à des facteurs externes à l’Afrique, comme le resserrement des conditions financières lié à la baisse du dollar, « une monnaie qui n’est pas courante en Afrique ». Elle a appelé la communauté internationale à soutenir l’Afrique pour surmonter cette crise et avancer dans la bonne direction.