Les affres endurées par les migrants subsahariens à leur expulsion d’Algérie relatés avec force détails par le journal Le Monde
Les affres endurées par les migrants subsahariens à leur expulsion d’Algérie font l’objet d’un long reportage du journal Le Monde qui, avec force détails et sur la base de témoignages poignants, relate le traitement inhumain et dégradant réservé à ces migrants, depuis leur interpellation musclée jusqu’à leur abandon en plein désert.
Le quotidien, qui en est au quatrième «épisode» de ce reportage, s’est attardé sur les circonstances dramatiques du refoulement de ces migrants à qui il cède la parole pour raconter «la chasse à l’homme» dont ils ont fait l’objet et les «rafles brutales» qui les ont visés avant leur acheminement, sans qu’ils n’aient rien à redire, dans des conditions avilissantes, quelque part près du «point zéro», qui marque la frontière entre l’Algérie et le Niger,
«En 2018, l’Algérie a expulsé de son territoire plus de 25.000 migrants subsahariens, certains abandonnés à la frontière avec le Niger, en plein désert», indique Le Monde qui consacre un de ses «épisodes» à un reportage photos sous le titre: «Arlit, première étape des refoulés d’Algérie», et un autre, sur son site internet, à un reportage vidéo intitulé : «On nous a abandonnés dans le désert : des migrants africains témoignent».
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«Chaque semaine, à raison d’un à trois convois, des centaines de migrants sont expulsés d’Algérie, abandonnés dans le désert et dans le dénuement le plus total. Ce phénomène, observé par l’Organisation internationale de la migration (OIM) à partir de septembre 2017, s’accélère», relève le quotidien dans cette série de reportages réalisés au Niger par la journaliste Juilia Pascual, accompagnée par un photographe-cameraman.
«A l’origine, les autorités algériennes ne déportaient que des Nigériens (…) Peu à peu ont également été expulsés des migrants venus de toute l’Afrique de l’Ouest. Sans que la protestation de Niamey y change grand-chose», fait-il observer notamment, précisant qu’en 2017, 1.871 Ouest-Africains ont été déposés à la frontière alors qu’à fin 2018, ils étaient, selon l’OIM, six fois plus nombreux, soit 11.238 Maliens, Guinéens, Camerounais, Sénégalais, Ivoiriens, Nigérians…
Le rapporteur spécial des Nations unies (ONU) sur les droits de l’homme des migrants, Felipe Gonzalez Morales, a eu beau protester : « Ces expulsions collectives de l’Algérie vers le Niger constituent une violation flagrante du droit international », le message est resté sans effets, fait remarquer Le journal.
Dans son épisode 4, Le Monde se penche sur le cas d’«Yvette, cinq ans en Algérie et un billet retour pour le Cameroun».
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«Cette Camerounaise de 46 ans fait partie des 25.000 migrants ouest-africains arrêtés en Algérie en 2018 et expulsés sans préavis vers le Niger voisin», indique le journal.
En Algérie, relate cette femme qui souffre de diabète et d’hypertension, «la recrudescence des arrestations de migrants a installé un climat délétère : +Les gens se terrent dans les maisons. On a peur. Quand on sort, on se tient prêt à courir+».
A Alger, où elle a vécu dans six quartiers différents, Yvette tenait un petit commerce de beignets, le samedi, près d’un stade. Elle a été arrêtée alors qu’elle se rendait, avec une compatriote, à la réunion dominicale des Camerounais qui organisent des caisses de solidarité alimentaire. Ils nous ont emmenées dans un centre social en attendant d’être expulsés du pays. La police a refusé que je sois hospitalisée, parce que je devais voyager. On m’a mise dans un bus avec des femmes et des enfants nigériens, sans nous dire où nous allions, détaille le quotidien en rapportant les propos de l’intéressée.
La Camerounaise décrit un convoi d’une douzaine de bus escorté par des militaires sur plus de 1.800 km, jusqu’à Tamanrasset, dans l’extrême-sud du pays.
Quatre nouvelles «épisodes» consacrés au même sujet seront publiés par Le Monde dans ses prochaines éditions.