Les Algériens face à Gaïd Salah
Par Khadija Skalli
Les Algériens s’apprêtent à déferler dans les rues pour un 19ème vendredi consécutif. Objectif : réitérer leur rejet de la « solution constitutionnelle » défendue par l’armée. Le général de corps d’Armée Gaïd Salah est la cible des manifestants.
Un nouveau vendredi de mobilisation pour les Algériens. Le mouvement de protestation populaire ne faiblit pas. Il s’apprête à déferler dans les rues pour un 19ème vendredi consécutif pour réitérer leur rejet de la feuille de route, imposée par l’armée. Les appels à la mobilisation ont été lancés dans les réseaux sociaux, rapporte la presse locale. Un seul mot d’ordre : rester pacifique. La marche d’aujourd’hui risque d’être de bien plus grande ampleur.
Les Algériens insistent sur le départ de toutes les figures du système, héritées de l’ère d’Abdelaziz Bouteflika. Une revendication qui ne trouve pas d’oreille attentive auprès de Gaïd Salah, l’homme fort au pouvoir. Le général de corps d’Armée multiplie les discours pour convaincre les Algériens à s’aligner sur ses décisions. Pas plus tard qu’hier, jeudi 27 juin, le vice-ministre de la Défense nationale a réaffirmé sa position. Selon le Chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire, s’écarter du cadre constitutionnel, « c’est basculer dans le chaos ».
« Nous avons affirmé à maintes reprises que s’écarter, sous quelque forme que ce soit, du cadre constitutionnel, signifie tomber dans des éventualités aux conséquences désastreuses, à savoir basculer dans le chaos. C’est le vœu de la bande, de ses têtes et de tous ceux qui leur vouent allégeance », a déclaré le chef d’état-major devant les cadres de l’Académie militaire de Cherchell, rapporte l’APS.
Et de poursuivre : « Ainsi, se traduit le souci de l’institution militaire de l’impératif de respecter la Constitution du pays et d’appliquer les lois en vigueur, pour barrer la voie face à tous les opportunistes ».
Gaïd Salah réitère la nécessité de « poursuivre la lutte contre la corruption par tous les moyens légaux ». Ces derniers mois, les poursuites judiciaires engagées contre les hauts responsables au gouvernement et hommes d’affaires proches du clan Bouteflika s’enchaînent. Dans son discours, le général de corps d’Armée brandit la carte du « complot qui se tramait contre l’Algérie et son armée depuis 2015 ». Toutefois, cette thèse ne semble pas convaincre les Algériens. Ceux-ci continuent de manifester dans les rues en insistant sur les mêmes revendications après la destitution de Abdelaziz Bouteflika.
La crise politique en Algérie risque de s’éterniser. L’armée campe sur sa position et les Algériens ne veulent pas céder non plus. Gaïd Salah a tenté de diviser le mouvement populaire en interdisant le drapeau berbère dans les manifestations. Sa tentative se solde par un échec. Le Chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire est devenu leur cible.