Les Algériens tiraillés entre joie et inquiétude après la renonciation de Bouteflika à la présidentielle
Par Saad Bouzrou
Le retrait d’Abdelaziz Bouteflika, le 11 mars 2019, de la course présidentielle, a très vite provoqué une aubaine chez les Algériens descendus illico presto dans les rues d’Alger afin de fêter l’événement. Mais cette décision a été vécue comme une petite victoire pour les manifestants qui réclament la « fin du système ».
Festival de Klaxons et drapeaux algériens brandis, c’est ainsi que les Algériens ont célébré leur « victoire » après de longues semaines de protestations contre la volonté d’Abdelaziz Bouteflika – octogénaire et gravement malade depuis 2013 à cause d’un AVC qui a considérablement réduit sa mobilité et son élocution – de briguer un cinquième mandat à la tête de l’Algérie.
Après avoir annoncé quelques jours avant qu’il n’ira pas jusqu’au bout de son mandat s’il est élu pour la cinquième fois, Bouteflika est revenu sur sa décision et a déclaré qu’il va se retirer définitivement de la course présidentielle et reporter les élections qui devaient avoir lieu le 18 avril prochain.
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Cette annonce n’a pas entièrement réconforté les Algériens qui se demandent qui gouvernera le pays après son départ et qui expriment déjà un sentiment d’inquiétude après le report des élections présidentielles à une date inconnue, ouvrant de facto la voie à un prolongement de son quatrième mandat.
La une du quotidien algérien El Watan de ce mardi 12 mars 2019 reflète bien le scepticisme des Algériens après les promesses de Bouteflika : « Il annule la présidentielle mais reste au pouvoir : la dernière ruse de Bouteflika ». Certains algériens ont alors réagi après ces annonces en invitant, dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, à poursuivre les manifestations : « Non à l’arnaque du peuple, rendez-vous le 15 mars ».
Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a salué la décision du président algérien Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat et a appelé à « une transition d’une durée raisonnable ». « Je salue la décision du président Bouteflika, qui signe une nouvelle page » de l’histoire algérienne, a déclaré le chef de l’Etat français au cours d’une conférence de presse avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh.