Les ambitions du Maroc dans le secteur pharmaceutique au service de l’Afrique
L’agence américaine Bloomberg a mis en avant la dynamique de l’industrie pharmaceutique au Maroc, ainsi que ses ambitions pour favoriser une production locale forte à même de contribuer à la souveraineté sanitaire de l’Afrique.
Une industrie pharmaceutique solide permettra à l’Afrique d’assurer un approvisionnement adéquat en produits et traitements médicaux essentiels, indique la PDG de la Société de Thérapeutique Marocaine (SOTHEMA), Lamia Tazi, dans un article publié vendredi.
L’Afrique a un accès limité aux produits pharmaceutiques et aux vaccins dont elle a le plus besoin, note Mme Tazi dans cette interview, ajoutant que “le plus grand défi consiste donc à développer cette capacité par nous-mêmes”.
“Avoir l’autonomie de fabrication est très important, mais il n’est pas possible de discuter d’équité et de durabilité sans parler de protection de la propriété intellectuelle, en particulier lorsqu’il s’agit de maladies chroniques et endémiques”, précise la PDG de SOTHEMA, qui souligne la nécessité de nouer des partenariats pour le transfert de nouvelles technologies.
“L’Afrique n’a pas besoin de technologie. Nous avons cela. Mais nous devons travailler avec les pays occidentaux et asiatiques pour obtenir le savoir-faire”, estime Mme Tazi, relevant que “&&bien que l’Afrique n’ait pas de budget pour la recherche, elle pourrait se spécialiser dans d’autres créneaux, telles que les essais cliniques pour montrer qu’un médicament est sûr et efficace pour les humains, et ce qu’on appelle le remplissage et la finition, les étapes finales de la production”.
“Cela créerait plusieurs milliers d’emplois pour les pharmaciens, biologistes et innovateurs africains”, a-t-elle indiqué, soulignant que “les pays africains ont également besoin d’obtenir de meilleures données sur les maladies qui affectent leur population”.
S’agissant de l’expérience du Maroc, Mme Tazi rappelle que le Royaume a procédé à des essais cliniques avec Sothema et a fabriqué le vaccin Covid-19 avec le groupe chinois Sinopharm.
“Le développement de produits tels que les vaccins doit passer par de véritables partenariats publics et privés”, a-t-elle ajouté, notant que l’alliance mondiale du vaccin Gavi “ne peut pas être l’option finale pour l’Afrique, car elle ne pousse pas à l’autonomie des pays africains”.
Selon Mme Tazi, les gouvernements africains doivent promouvoir la fabrication locale, créer la demande, décider de ne pas simplement compter sur Gavi ou l’Unicef, et acheter ce qui est produit localement.
“Une autre façon de stimuler la demande est l’assurance maladie universelle, qui donne aux gens l’accès à des fonds et la possibilité de choisir où ils se font soigner”, ajoute-t-elle.
Selon Bloomberg, les pays africains dépendent de fournisseurs étrangers jusqu’à 90 % environ de leurs médicaments et 99 % de leurs vaccins, ce qui a créé des pénuries généralisées pendant la pandémie du Covid-19.