Les avocats boycottent les audiences pénales avec des sit-in hebdomadaires
Dans leur bras de fer avec le ministère de la Justice, les avocats ont décidé d’intensifier la pression en choisissant une stratégie de boycott. À partir de ce lundi 7 octobre, ils ne participeront pas aux audiences des affaires pénales ni aux services des tribunaux, et ce, pour une durée de deux semaines.
Lors d’une réunion qui a eu lieu jeudi dernier, le bureau de l’association des barreaux du Maroc a également décidé de mettre en place des sit-in hebdomadaires. Ces rassemblements auront lieu chaque jeudi, de 11H à midi, dans l’ensemble des tribunaux du pays. Cette action collective vise à mobiliser l’opinion publique et à attirer l’attention sur les problèmes auxquels sont confrontés les avocats et, plus largement, le système judiciaire.
Cette escalade des actions est une réaction à ce que les avocats qualifient de « réactions irresponsables et indifférentes » de la part des autorités à leurs démarches de plaidoyer. Ils déplorent le peu d’attention accordé aux initiatives qu’ils ont mises en place pour améliorer les conditions de travail et le fonctionnement de la justice au Maroc. Les avocats affirment que leur situation professionnelle se dégrade, ce qui impacte directement leur capacité à exercer leur métier de manière efficace.
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En outre, les avocats critiquent vivement l’« inaction du gouvernement », qui, selon eux, ne cherche pas à trouver des solutions adaptées à leurs revendications. Ils estiment que cette inaction se manifeste dans un contexte déjà difficile, marqué par une crise de la justice qui entrave le bon déroulement des affaires judiciaires. Cette crise se traduit par des conditions de travail de plus en plus précaires pour les avocats, entraînant des atteintes à leur dignité et un impact négatif sur l’exercice de leur activité.
Les avocats affirment que leur cahier de revendications est « un ensemble indivisible », soulignant qu’un retour à la protestation est inévitable face à un dialogue qu’ils jugent biaisé et peu productif avec le ministère de tutelle. Ils craignent que sans un changement significatif dans l’approche du gouvernement, la situation ne s’aggrave davantage.
Pour rappel, en juillet dernier, des centaines d’avocats avaient déjà exprimé leur mécontentement en se rassemblant devant le Parlement à Rabat. Ils protestaient contre l’adoption par la Chambre des représentants d’un projet de loi relatif au nouveau Code de la procédure civile, qu’ils considèrent comme un recul en matière de justice. Ils ont appelé au retrait de ce texte, qu’ils jugent incompatible avec les principes constitutionnels.
Il est également important de noter qu’alors que les avocats décident de boycotter les audiences pénales, les tribunaux du Royaume sont déjà affectés par des grèves des greffes, qui se tiennent 3 jours par semaine depuis plusieurs mois. Ces grèves répétées entraînent des reports d’audiences, aggravant ainsi les difficultés rencontrées par les justiciables. Le boycott des avocats risque donc d’engendrer de nouveaux délais, créant une situation encore plus préoccupante pour l’ensemble du système judiciaire marocain.