Les axes de Mohamed Benamour pour une mobilisation générale et un redéploiement
Le 11 avril dernier, le CDS ( Conseil de développement et de la solidarité), présidé par Mohamed Benamour, tenait à Rabat un forum important sur les enjeux du tourisme. Membres du gouvernement, ambassadeurs, la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah-Chaqroun, universitaires, communicants, représentants de la presse, chefs d’entreprises et autres personnalités étrangères ont pris part à cette manifestation, aux débats qui ont duré une journée entière, témoignant d’une richesse exceptionnelle.
Organisateur et hôte des lieux, Mohamed Benamour a prononcé l’allocution d’ouverture où il a tracé les axes majeurs à la fois de la réflexion collective engagée et de l’impérieuse nécessité de prise de conscience d’un secteur appelé à réaliser sa propre mue, notamment à travers les nouvelles technologies, dont la digitalisation.
Nous publions ci-dessous le texte de son allocution introductive aux travaux :
Ce symposium est une nouvelle contribution du CDS au débat sur les enjeux nationaux. Comme vous le savez, le CDS, en sa qualité de think tank indépendant voué à la réflexion et à la réforme, constitue une force de proposition à travers des programmes et des mesures opérationnelles pour favoriser l’émergence d’un modèle de développement inclusif au Maroc.
Le CDS en tant qu’espace indépendant animé par des personnalités polyvalentes et multidisciplinaires appartenant aux secteurs public et privé, se met au service de la collectivité nationale pour que ses travaux contribuent à promouvoir un esprit de concertation et d’engagement citoyen. Le CDS défend et promeut ses valeurs ses valeurs en organisant diverses manifestations dont des symposiums, des forums et des débats avec des personnalités marocaines et étrangères. Il s’astreint à apporter des réponses opérationnelles et originales aux problèmes et thèmes dont il s’empare.
A titre d’exemple, quelques-unes des manifestations organisées par le CDS illustrant ses différentes activités, et ayant fait l’objet d’études et de recommandations :
- Villes Nouvelles, Vie Nouvelle
- Formation, préscolaire, système d’enseignemen
- Défis et enjeux de la société de la connaissance
- Economie sociale et de la santé au Maroc
- Diplomatie économique et diaspora marocaine
- Régionalisation et développement intégré
- Finance sociale et solidaire
- La Colocalisation
- L’Intégration africaine
Et bien d’autres sujets de grande importance.
Aujourd’hui, nous plaçons l’organisation de ce symposium, dans la continuité du Contrat Programme et de l’Accord d’Application signé entre le gouvernement et le secteur privé via la CGEM sous la présidence de Sa Majesté le Roi à Marrakech comme à Agadir.
Le tourisme a ainsi été érigé, en priorité, nationale et considéré comme un secteur stratégique et un enjeu majeur de notre économie.
- Comment, avec ses nombreux atouts, le Maroc peut-il devenir une destination de pointe et faire du tourisme un fer de lance de son économie et son ouverture au monde ?
- Quelles adaptations pour faire face aux bouleversements technologiques et innovations à la robotisation des services ?
- Comment s’organiser pour maîtriser ce monde qui vient et qui déjà change les métiers et les rouages de l’industrie touristique ?
« Bien sûr, tous ces questionnements sont légitimes, mais pour nous, cette nouvelle Rencontre du CDS sur ce secteur illustre notre volonté et nécessité d’affirmer que de nouveaux événements nous imposent de mieux orienter nos actions et réévaluer notre démarche et notre vision du partenariat public-privé.
Le chômage des jeunes constitue un défi majeur pour notre pays et son économie. Il est une menace pour notre équilibre social. Les jeunes âgés de 15 à 24 ans, privés d’école, de formation et d’emploi, vivent un véritable cauchemar. Ils sont au nombre de 1,5 million. Comment peut-on supporter à la fleur de l’âge d’être exclu de tout, d’appartenir à la triste cohorte des laissés pour compte ? A condition que le tourisme soit être repositionné comme secteur stratégique, il pourrait être, à nos yeux, une des réponses rapides, efficaces et rentables aux maux sociaux de notre pays, comme à la réussite de sa politique de régionalisation avancée.
Le secteur du tourisme, s’il était repositionné comme un secteur stratégique, pourrait apporter par la diversité des métiers qu’il propose, des réponses en termes d’apprentissage et d’acquisition de compétences pour les jeunes, et ce dans différentes régions.
Ce secteur, qui a été délaissé, ces dernières années, devra contribuer également à une meilleure politique de l’aménagement du territoire et à la réussite du plan de régionalisation en suscitant la naissance d’écosystèmes industriels, les activités touristiques et l’hôtellerie favorisant la production locale de biens d’équipement. Il participera également à la promotion des technologies de l’information et à la réduction de la fracture numérique. Une gouvernance appropriée et efficiente ferait du tourisme le pivot d’une politique d’insertion des jeunes marocains et le levier de création d’activités connexes dans toutes les régions du Royaume.
Nous savons tous qu’un pays, un secteur ne peut progresser que s’il se donne les moyens et le temps du débat. C’est là un marqueur de vitalité démocratique. Les membres du CDS ont décidé, à partir de cette rencontre et de celles qui suivront, d’ouvrir le débat sur ce secteur clef de notre économie.
Comme vous le savez, cette dernière décennie, stratégies, rapports, études, évaluations, analyse des politiques de propositions se sont succédé. Ils ont valorisé des succès, mais aussi souligné les défaillances et retards en termes de réalisations. La liste des dysfonctionnements est révélatrice d’une gouvernance particulièrement éclatée entre de nombreuses instances de concertation et de décision, de chevauchement des programmes, « parfois des visions et des périmètres. Les organismes et outils sont multiples, mais la mutualisation des moyens et des énergies n’est pas au rendez-vous. Et je passe sur le manque de lisibilité de la politique publique du secteur qui en est la conséquence.
Les diagnostics sont connus et souvent partagés, je n’y reviendrai pas. Ce qui est proposé à la réflexion et ce, dans un contexte difficile, c’est une série d’interrogations dont :
- Le nouvel environnement d’insécurité mondiale, qui met en péril différentes destinations et en particulier celle de notre région, constitue-t-il un tournant et nous impose-t-il de changer nos paradigmes ?
- Le Maroc peut-il devenir une destination de choix et faire du tourisme un fer de lance de son économie et de son ouverture au monde et à sa diversité ?
- Avec quelle stratégie aérienne ?
- Avec quels investissements dans les infrastructures et dans les ressources humaines, les professionnels du tourisme reflétant l’image de marque du pays ?
- Comment mieux comprendre et intégrer les demandes et attentes des touristes ?
- En un mot, comment faire du secteur du tourisme une priorité nationale et un enjeu majeur de notre économie ?
La journée du 11 avril a été organisée à travers cinq panels qui se sont succédé et ont apporté sous des regards croisés, les expérience depersonnalités marocaines et étrangères invitées à ce symposium.
Ces panels ont traité des thèmes suivants :
Le tourisme face aux enjeux de croissance et de prospérité »
- Des défis doivent être relevés afin d’améliorer les retombées économiques du secteur et lui conserver la place stratégique qu’il mérite, à savoir celle d’un moteur de la croissance économique, créateur d’emplois pour les jeunes et de promotion du rôle des femmes. En bref, le tourisme contribue au développement et à a réduction de la pauvreté dans les pays émergents.
« Le tourisme est un secteur générateur de recettes en devises contribuant à l’équilibre de la balance des paiements avec l’entrée et la mise en oeuvre de la politique de flexibilité des changes».
- Une dynamique de qualité dans l’offre de formations professionnelles, rapides, compétitives, adaptées aux besoins des activités du secteur aux niveaux national et régional.
- Les nouvelles technologies et la digitalisation en tant que facteurs essentiels pour impulser une révolution numérique et de nouveaux modèles de croissance aux niveaux national et régional.
– Il s’agit d’une véritable démarche créative qui souscrit aux nouvelles données de la concurrence ainsi qu’aux exigences des nouvelles tendances.
– L’environnement et le développement durable : la promotion d’un tourisme plus durable constitue un engagement de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) et consacre une volonté de transformer le tourisme mondial par la promotion volontariste d’une série de bonnes pratiques d’une gouvernance adéquate.
– Le tourisme durable ne se préoccupe pas uniquement d’écologie, mais aussi d’économie et de société : le tourisme doit bénéficier aux populations locales, aux ruraux, par la création d’activités rémunératrices, pour lutter contre la pauvreté et juguler l’exode rural.
Le tourisme face aux enjeux de la régionalisation et de l’aménagement du territoire
- Le tourisme est un réel enjeu pour le développement local et régional, dans le cadre de la politique d’aménagement territorial.
- Le tourisme devrait se situer au coeur de l’action publique.
- L’intégration entre tourisme et aménagement du territoire, amélioration de la desserte aérienne et accroissement de l’attractivité des territoires touristiques. « Nous pourrions avoir les plus belles régions du monde, mais si ces régions ne sont pas accessibles, elles ne seront pas visitées ».
- L’importance de travailler sur les niches, d’animer le patrimoine, de distinguer l’excellence, d’améliorer la qualité de l’accueil et de conforter le tourisme haut de gamme.
- Il s’agit pour le pays de se distinguer et de se renouveler.
Le tourisme face aux enjeux de la mise en oeuvre
- Activité touristique et influence internationale sont étroitement liées. Le tourisme est un élément du soft power des nations.
- Il s’agit d’une affaire de mobilisation des synergies en termes de réflexion et de réalisations innovantes dans le cadre de professionnalisation.
- Il s’agit de mettre également en synergie les professionnels du tourisme, les collectivités territoriales et les élus, les associations. Cette co-construction permettra ainsi l’approbation de la vision par la population et l’ensemble des acteurs.
- Le tourisme devrait se situer au coeur de l’action publique et une préoccupation pour le gouvernement. Les ministères deviennent des secteurs-acteurs du tourisme, une véritable « interministérialité » du tourisme.
- Le tourisme est une activité transversale concernant tous les secteurs : il s’agit de faire participer tous les acteurs – pouvoirs publics, structures privées, associations militantes et administrations locales au fonctionnement des projets sur le terrain car le tourisme constitue un réel enjeu national.
Dans son discours du Trône du 30 juillet 2017, Sa Majesté le Roi a livré plusieurs messages forts et souligné à plusieurs reprises que le progrès doit concerner toutes les régions du Maroc : «…Ce à quoi Nous nous attachons, dans toutes les régions du Maroc, a déclaré le Souverain , c’est à impulser concrètement la nouvelle marche ; elle ambitionne la réalisation du développement humain et social, l’égalité et la justice sociale, au profit de tous les Marocains. Pour Nous, en effet, il est inconcevable que ce progrès ne soit pas commun à l’ensemble des régions de notre pays, sans exclusive ».
Le tourisme est justement un formidable outil d’aménagement du territoire, et notre territoire, de Tanger à Lagouira, est riche de ses activités, de son paysage, de son patrimoine, de sa culture et de sa gastronomie. A nous acteurs publics et acteurs économiques d’y travailler ensemble, collectivement pour améliorer l’attractivité, le rayonnement et la cohésion de notre pays.
Avant de terminer ce mot d’introduction, je souhaite rendre un hommage appuyé à une personnalité de premier plan, qui par sa compétence, son militantisme, son charisme et son sens du devoir, a su hisser le secteur privé et le monde entrepreneurial, à un niveau de responsabilité et de partenariat qui l’honore, renforçant ainsi le travail de ses prédécesseurs. J’ai nommé Madame Miriem Bensalah Chaqroun, Présidente de la CGEM dont le mandat s’achève dans quelques semaines, en lui exprimant au nom du CDS, toutes nos félicitations pour le parcours merveilleux accompli et en lui souhaitant une continuelle réussite dans ses projets d’avenir, comme dans ses réalisations. Je lui passe donc la parole en la remerciant de sa présence parmi nous.»