Les banques face au risque de crédit en 2024
Les banques ont réalisé une performance exceptionnelle au premier semestre 2023, enregistrant un résultat net global historique, selon un rapport de l’agence de notation Fitch Ratings publié récemment. Cette performance s’explique par une croissance soutenue des revenus, notamment des revenus nets d’intérêts, qui ont bénéficié de la hausse des taux d’intérêt au Maroc et en Afrique. Les banques panafricaines, qui représentent une part importante du secteur bancaire marocain, ont été les plus dynamiques, avec une progression de 11 % de leur revenu net global d’intérêts.
Dans un rapport sur le secteur bancaire marocain, Fitch Ratings souligne que les banques sont bien positionnées pour profiter de la poursuite de la remontée des taux d’intérêt, qui devrait se répercuter positivement sur leurs marges. Les banques disposent en effet d’une structure de financement avantageuse, basée sur des dépôts courants et des comptes d’épargne à faible coût, qui représentent 77 % des dépôts du secteur à la fin du troisième trimestre 2023. Par ailleurs, les banques ont amélioré leur efficacité opérationnelle, en réduisant leur ratio coûts/revenus à environ 45 % au premier semestre 2023, contre environ 50 % en 2022, grâce à la maîtrise de leurs charges et à la baisse de l’inflation.
Toutefois, le rapport relève que les banques font face à un coût du risque élevé, qui pèse sur leur rentabilité. Le coût du risque, qui mesure le niveau des provisions pour dépréciation des prêts, a atteint 110 points de base du total des prêts au premier semestre 2023, en hausse de 18 % par rapport à l’année 2022. Cette augmentation s’explique par la dégradation de la qualité des actifs, liée à l’inflation, à la hausse des taux d’intérêt et à la faible croissance économique au Maroc. Le rapport note également que les banques panafricaines ont subi des dépréciations non liées aux prêts, d’un montant d’environ 1 milliard de dirhams, probablement en lien avec les baisses des notes souveraines de certains pays africains.
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Le rapport indique que Fitch Ratings s’attendait initialement à une normalisation progressive du coût du risque vers les niveaux de 2019 d’ici fin 2023, mais que cette perspective a été revue à la baisse en raison des incertitudes économiques mondiales accrues et des risques pays plus élevés en Afrique. L’agence de notation prévoit que la croissance économique du Maroc se stabilise à 3,3 % en moyenne en 2024-2025, et que l’inflation et les taux d’intérêt restent supérieurs aux moyennes historiques, ce qui affectera la solvabilité des emprunteurs. Le rapport ajoute que des facteurs externes, tels qu’une croissance plus faible que prévu dans la zone euro, principal partenaire commercial du Maroc, ou des prix énergétiques et alimentaires toujours élevés, pourraient conduire à des prévisions plus négatives.
Le rapport conclut que les banques devraient continuer à améliorer leur rentabilité en 2024, mais que le coût du risque élevé limitera leur potentiel de croissance. Le rapport estime qu’une normalisation complète du coût du risque aux niveaux de 2019 aurait un impact positif significatif sur la performance des banques et leur permettrait de renforcer leurs fonds propres. Toutefois, le scénario de base de Fitch Ratings prévoit que le coût du risque reste globalement stable à 110 points de base en 2023-2024, compte tenu des risques macroéconomiques mondiaux et régionaux. M.J
Encadré :
Le secteur bancaire coté, un modèle de croissance résilient
Le secteur bancaire marocain coté affiche une belle performance financière malgré un contexte économique difficile, marqué par la crise sanitaire et la montée du risque souverain en Afrique. C’est ce que révèle un rapport d’Attijari Global Research, qui souligne le changement intéressant de son profil de croissance.
Selon le rapport, la masse bénéficiaire agrégée du secteur bancaire coté a enregistré une croissance significative de +22% au premier semestre et de +32% à la fin de septembre 2023. Cette progression s’explique par la maîtrise du coût du risque, qui a inversé sa tendance baissière, et par la diversification des revenus, notamment grâce au développement des activités en Afrique.
Le rapport d’Attijari Global Research estime que la nouvelle orientation des résultats du secteur bancaire coté devrait se refléter positivement sur ses niveaux de valorisation en Bourse et ce, durant l’année 2024. Le secteur bancaire coté bénéficie en effet d’un potentiel de croissance important, soutenu par la dynamique du marché intérieur et par les opportunités offertes par le continent africain. Il démontre ainsi sa capacité à s’adapter aux évolutions de son environnement et à maintenir sa rentabilité.