Les banques marocaines face à l’afflux de cyberattaques

Depuis la pandémie de Covid-19, le secteur bancaire marocain est confronté à une hausse des cyberattaques, notamment des phishings et ransomware. Les évolutions récentes, les mesures prises par les banques, ainsi que les problématiques à venir pour renforcer la sécurité des systèmes financiers, sont au cœur des préoccupations actuelles.
Depuis le début de la pandémie, les cybercriminels ont intensifié leurs attaques, profitant de la crise pour exploiter les failles dans les systèmes numériques. Le secteur bancaire marocain a particulièrement été ciblé par des attaques de type phishing et ransomware, visant aussi bien les clients que les employés des banques. Cette montée en flèche des attaques peut être expliquée par l’essor du télétravail et l’accélération de la digitalisation des services financiers, qui ont créé de nouvelles vulnérabilités. Selon Youssef Bentaleb, président du Centre Marocain de Référence pour la Protection de l’Information (CMRPI) et directeur de la campagne nationale de lutte contre la cybercriminalité (2017-2024), cette évolution a créé de nouveaux défis importants à surmonter.
D’après le Microsoft Digital Defense Report 2024, les cyberattaques ont presque doublé depuis la crise sanitaire, un phénomène confirmé par des rapports d’Interpol et des données de Kaspersky. Les plateformes de paiement mobile, en pleine expansion, sont également devenues un terrain de chasse privilégié pour les cybercriminels, indique Youssef Bentaleb. En réponse à cette situation, les banques marocaines ont dû redoubler d’efforts pour renforcer la sécurité de leurs systèmes.
De plus, les banques marocaines ont adopté des technologies émergentes pour anticiper les cybermenaces. Selon Youssef Bentaleb, l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans leurs systèmes de sécurité a été un tournant décisif. Une étude récente révèle que 70% des grandes banques marocaines ont adopté des solutions basées sur l’IA pour détecter et prévenir les fraudes en ligne, adoptant ainsi une approche proactive contre les cyberattaques.
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Si les progrès sont notables, le secteur bancaire marocain doit faire face à plusieurs défis dans les années à venir. Le premier d’entre eux réside dans la sensibilisation des utilisateurs. En dépit des efforts déployés, une grande partie des clients reste insuffisamment informée des risques encourus, ce qui les rend vulnérables aux attaques de type phishing et fraude en ligne.
De plus, la multiplication des monnaies numériques, des cryptomonnaies et des systèmes bancaires basés sur la blockchain représente un nouveau terrain d’attaque pour les cybercriminels. Le phénomène du cryptojacking, où des pirates informatiques prennent le contrôle des systèmes pour miner des cryptomonnaies, est en pleine expansion et nécessitera des mesures de protection renforcées, selon le Youssef Bentaleb.
Un autre défi majeur est la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement dans le secteur bancaire. Les prestataires externes, souvent visés par des cybercriminels, peuvent devenir des portes d’entrée vers les systèmes bancaires. Une étude du Forum économique mondial a révélé que près de 50% des attaques réussies dans le secteur financier proviennent de failles dans cette chaîne.
Pour se préparer à ces nouveaux défis, l’expert recommande au secteur bancaire marocain de renforcer sa coopération internationale, notamment avec des organisations telles qu’Europol et le Conseil de l’Europe, afin d’établir des normes harmonisées de cybersécurité et de favoriser le partage d’informations sur les menaces.
Il souligne également l’importance de continuer à investir dans la formation continue des équipes techniques, pour qu’elles restent à la pointe des dernières évolutions en matière de cybersécurité. Enfin, l’adoption de solutions avancées basées sur l’intelligence artificielle et la mise à jour des régulations sont des leviers indispensables pour garantir un environnement sécurisé.