Les biais perceptifs influencent-ils l’adoption des comportements préventifs ?
En ce temps de crise sanitaire mondiale, le coronavirus Covid-19 est désormais reconnu comme une «pandémie» par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Nous sommes incontestablement face à un nouveau fléau universel qui peut toucher des personnes de tous les âges, sans distinction de genre, de nationalité ou de religion. À l’échelon national, le Maroc a présentement enregistré 654 cas dépistés positifs dont 29 cas guéris et 39 sont décédés, mais cela ne s’arrête pas là étant donné qu’on assiste à une pénurie des études épidémiologiques ainsi qu’à une surbanalisation du virus.
Plus concrètement, et face à ce risque épidémique, nos concitoyens se trouvent profondément menacés plus que jamais, des comportements chaotiques, des réactions égoïstes, des achats de panique, des fausses informations et d’autres formes de malaise sont des signes évidents d’un effondrement imminent des valeurs humaines. La réalité n’est jamais facile à admettre surtout lorsqu’elle est assez choquante voire douloureuse ce qui explique l’apparition d’attitudes de dénégation, de sublimation ou d’humour qui constituent également des stratégies d’ajustement face au stress. En effet, l’interprétation ou la perception de la réalité reste quasi-subjective du fait qu’elle est basée sur des ressources cognitives et psychologiques hautement complexes, telles l’histoire personnelle, les connaissances, les croyances, les représentations, le système de valeurs et la capacité de restitution et de triage de l’information, etc.
Nombreux biais cognitifs animent de façon latente nos perceptions du risque d’infection qu’il faut savoir les recadrer afin d’établir une évaluation objective, il s’agit donc d’un ensemble de mécanismes que l’homme déploie en vue de comprendre la réalité du contexte qui l’entoure ainsi que la potentialité du risque susceptible d’être encouru.
Parmi les biais perceptifs qui pourraient fausser gravement notre jugement de la situation actuelle et parallèlement, mettre notre santé en péril, on note :
-Le biais de l’excès de confiance : est la tendance à se croire plus capable et plus apte à faire face au risque qu’autrui ;
– Le biais de contrôle : consiste à éprouver un sentiment de maîtrise surestimé et un fort pouvoir de contrôle illusoire des situations critiques ;
-Le biais d’optimisme : également connu sous le nom d’optimisme irréaliste, par lequel le sujet à tendance à croire qu’il est mois exposé aux événements négatifs ;
-L’illusion d’invulnérabilité : le sujet tend à se percevoir comme moins vulnérable qu’autrui et peu susceptible d’encourir les conséquences délétères d’un événement critique ;
-Le biais de croyance : se manifeste quand l’estimation de la gravité d’une situation donnée est fondée sur la croyance comme ceux qui attribuent le virus à la malédiction, au nouvel an qui porte malchance, aux péchés impardonnables qui ont conduit à une telle punition.
Or, les comportements préventifs correspondent à l’ensemble des comportements sains contribuant à l’anticipation des complications sanitaires, tels le recours au télétravail comme alternative, l’auto-isolement, le lavage régulier des mains au savon ou avec gel hydroalcoolique, l’usage des mouchoirs jetables en papier, le port des gants, la passation de tests de dépistage en cas de suspect. Par ailleurs, les bienfaits de ces c o m p o r t e m e n t s d’autoprotection se concrétisent à trois niveaux à savoir : une meilleure prise de conscience de la gravité de la situation, le renforcement de la capacité de résilience et la distanciation face aux conduites inappropriées d’autrui.
La réalité n’est jamais facile à admettre surtout lorsqu’elle est assez choquante, voire douloureuse.
Pratiquement, il est indispensable de rester vigilant tout au long de ce combat, nous sommes tous concernés par l’adoption de ces comportements et l’application des recommandations du Ministère de la Santé et des forces de l’ordre afin de contribuer à la limitation de la propagation du virus. Cela nécessite bien du courage, de la conscience citoyenne et du soutien mutuel.
El Bouanani Omar