Les candidats soupçonnés de corruption ne peuvent pas prêter serment
Certains candidats proposés dans le cadre du dernier remaniement ministériel en Tunisie et sur lesquels pèsent des soupçons de corruption, ne peuvent pas prêter serment, a souligné lundi le président tunisien Kaïs Saïed.
« Certains noms proposés sont impliqués dans des affaires de conflit d’intérêts ou dans des affaires de corruption (…) ces candidats ne pourraient pas prêter serment », a insisté le président Saïed, cité dans un communiqué de la présidence tunisienne.
« Comment peut-on se permettre d’écarter l’ancien chef du gouvernement (Elyès Fakhfakh) pour conflit d’intérêts et de proposer ensuite des noms suspectés de corruption et de conflit d’intérêts », s’est il interrogé lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, dédiée à la situation sanitaire ainsi qu’à la crise politique que traverse le pays.
Il a expliqué que « le serment n’est guère une procédure formelle, mais plutôt une formalité fondamentale ».
M. Saïed a fait savoir que ce remaniement ministériel, annoncé le 16 janvier dernier par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a enfreint la Constitution, notamment l’article 92, qui stipule que l’amendement de la structure gouvernementale intervient après délibération du Conseil des ministres.
Le projet de remaniement, qui constitue une procédure fondamentale n’a pas été débattu en Conseil des ministres, a-t-il fait observer en s’adressant au chef du gouvernement lors de cette réunion du Conseil de sécurité.
Saïed, qui apparaît dans une séquence vidéo publiée sur la page facebook de la présidence tunisienne, a rappelé avoir reçu une correspondance du chef du gouvernement et du président du parlement sur le remaniement ministériel. Or, a-t-il tenu à préciser, pareille correspondance doit d’abord être adressée au président de la République qui la soumettra, après examen, au parlement.
Le président tunisien, qui a évoqué « plusieurs défaillances de procédure », a critiqué aussi le choix du chef du gouvernement, de se confier l’intérim du ministère de l’Intérieur après le limogeage du ministre.
« Le rôle de la présidence de la République ne se réduit pas à la réception de documents, la signature de décrets et l’organisation de cérémonie de prestation de serment. La présidence de la République assure la protection de l’Etat et la continuité de ses institutions », a-t-il soutenu.
Il a rappelé qu’aucun article de la Constitution ne stipule que le remaniement doit être soumis au vote du parlement, expliquant que cette mesure est seulement énoncée dans le règlement intérieur du parlement.
Dans le même contexte, le président Saïed a exprimé son mécontentement quant à l’absence de femmes sur la liste des ministres proposés au remaniement.
« La femme est capable d’assumer pleinement sa responsabilité, de donner et de prononcer la parole de la vérité », a-t-il insisté.
A noter que le remaniement proposé par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, implique le changement de douze membres de son cabinet, lequel devra être soumis mardi au vote de confiance du Parlement.
( Avec MAP )