Les carrières de sable : un secteur marqué par des disparités
Les carrières de sable au Maroc représentent un secteur clé pour la croissance des infrastructures et de la construction. Il traverse une phase délicate, marquée par des dysfonctionnements, une gestion défaillante et l’émergence des mafias. Bien que la production demeure importante, de nombreuses carrières sont inactives ou abandonnées, impactant l’économie et l’environnement.
Le ministère de l’Équipement et de l’Eau a présenté les dernières données sur l’état du secteur des carrières au Maroc. Selon ces données, le pays dispose actuellement de 3 332 carrières, qui produisent collectivement 151 millions de mètres cubes de sable, gravier et autres matériaux nécessaires pour la construction et les travaux publics. Ces matériaux sont vitaux pour les projets d’infrastructure du pays, du bâtiment et des grands chantiers d’aménagement du territoire. Cependant, cette statistique globalement positive masque une réalité plus complexe, marquée par des disparités dans l’activité des carrières et des problèmes structurels persistants.
Parmi les 3 332 carrières recensées, 65 % sont toujours en activité, mais cela signifie que 35 % ont cessé leur exploitation ou ont été abandonnées. Plus précisément, 21 % des carrières ont arrêté leur activité, tandis que 14 % sont complètement abandonnées. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment l’épuisement des ressources dans certaines zones, les problèmes de gestion ou les difficultés liées aux autorisations d’exploitation.
De plus, en termes de superficie, l’ampleur du problème est encore plus visible : seulement 1 % des carrières en activité occupent une surface en exploitation, tandis que 25 % des carrières sont à l’arrêt et 11 % ont été abandonnées, en laissant des terrains inutilisés et souvent dégradés.
Ces difficultés sont aggravées par les problèmes structurels qui existent depuis des années dans la gestion de ce secteur. En effet, bien que le pays possède un nombre impressionnant de carrières, un grand nombre de ces sites est mal régulé, mal exploité, ou non entretenu. Le ministère de l’Équipement et de l’Eau a aussi souligné que 50 % des carrières au Maroc sont effectivement exploitées, mais que 31 % d’entre elles ont cessé leur activité, et que 20 % ont été abandonnées en raison de divers obstacles économiques et réglementaires. Ce manque de régulation a ouvert la voie à une multitude de pratiques informelles, voire illégales, telles que l’exploitation non autorisée et la vente de sable volé sur les côtes.
Un vaste réseau de mafias
Au cours des 20 dernières années, le secteur des carrières de sable a été marqué par de nombreux dysfonctionnements, ayant gravement impacté sa productivité et son fonctionnement global. L’un des principaux obstacles a été l’émergence des « mafias du sable » opérant sur les côtes marocaines. Il s’agit d’un phénomène qui a non seulement perturbé l’équilibre économique du secteur, mais aussi engendré des conséquences dramatiques sur l’environnement et les communautés locales.
Ces réseaux criminels, profitant d’un marché mal régulé, ont provoqué une surexploitation des ressources naturelles, contribuant ainsi à la dégradation de l’écosystème côtier et à la raréfaction de certaines matières premières utilisées dans la construction et les travaux publics. Aujourd’hui, le secteur des carrières de sable semble surmonter certaines de ces difficultés, mais l’impact reste palpable : seulement 65 % des carrières officiellement enregistrées par les autorités marocaines sont encore en activité.
Le secteur des carrières : exploitation, régulation et impact
En termes de produits extraits, le gravier reste le produit principal des carrières marocaines, avec 833 carrières qui produisent environ 52 millions de mètres cubes de gravier chaque année. Le sable, quant à lui, est extrait par 690 carrières, avec une production annuelle de 26,5 millions de mètres cubes. D’autres matériaux comme le marbre et l’argile sont également extraits, bien que à moindre échelle : le marbre provient de 528 carrières, produisant 2 millions de mètres cubes, tandis que l’argile est extraite de 141 carrières, avec une production annuelle de 13 millions de mètres cubes.
La durée d’exploitation des carrières varie considérablement : 450 d’entre elles ont une autorisation d’exploitation illimitée, tandis que 30 sont autorisées à exploiter leurs ressources pendant une période de 20 à 60 ans. En revanche, la plupart des carrières ont une durée d’exploitation limitée, avec 1 506 carrières dont l’autorisation est de 5 à 20 ans, et 423 carrières autorisées pendant 1 à 5 ans. De plus, 873 carrières ne bénéficient que d’une autorisation d’exploitation d’un an, ce qui pourrait mettre en péril leur durabilité à long terme, notamment en raison de complications administratives ou de contestations concernant leur gestion.
Du point de vue géographique, certaines régions du royaume se distinguent par leur importance dans la production de matériaux issus des carrières. La région de l’Oriental est la plus grande productrice, avec une production annuelle de 34 millions de mètres cubes et 361 carrières couvrant 31,5 millions de mètres carrés. La région de Casablanca-Settat arrive en deuxième position avec 25 millions de mètres cubes par an produits par 346 carrières, sur une superficie de 47 millions de mètres carrés. La région de Marrakech-Safi suit avec 574 carrières couvrant une superficie de 73,5 millions de mètres carrés et produisant 21 millions de mètres cubes chaque année.
Enfin, les données concernant la répartition des propriétaires des carrières révèlent que les exploitants individuels détiennent 702 carrières, occupant une superficie totale de 42 millions de mètres carrés, tandis que les sociétés contrôlent 2 630 carrières, couvrant 350 millions de mètres carrés. Cette disparité suggère une forte concentration de l’activité dans les mains des entreprises, tandis que les exploitants individuels restent minoritaires.