Les pays africains peuvent faire mieux avec une meilleure politique fiscale, déclare Songwe
La 38ème réunion du Comité d’experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique a débuté ce mercredi à Marrakech, au Maroc, avec un appel clair aux pays africains leur demandant d’améliorer leur politique fiscale et d’élargir leur base d’imposition afin qu’ils puissent financer efficacement leurs processus de développement.
Dans son allocution d’ouverture, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, déclare que la capacité d’accroître le recouvrement des recettes est essentielle pour la capacité de financer son développement, en particulier l’Agenda 2030 pour le développement durable et l’Agenda 2063 de l’Afrique.
Selon elle, une économie typique du continent prélève environ 16% de son PIB en impôts, à l’exception des pays comme le Maroc qui en collectent au moins 25%. Mme Songwe dit que l’Afrique du Sud et le Rwanda font partie des pays qui sont en mesure de tirer parti des nouvelles technologies pour accroître la collecte de recettes.
« Le potentiel de l’Afrique est, et a toujours été, prometteur. Avec une population croissante en âge de travailler ; des terres arables abondantes et une multitude d’autres ressources, le continent dispose de toutes les conditions préalables à une transformation économique rapide au cours de la prochaine décennie », indique-t-elle.
« Cependant, pour garantir la disponibilité de ressources publiques adéquates et d’investissements de qualité afin d’engendrer un changement structurel, requiert des politiques réactives favorisant la viabilité des finances publiques, optimisant les rendements de l’activité économique et permettant aux économies de participer pleinement à un monde de plus en plus interconnecté et mondialisé.
Elle dit que la réunion d’experts discutera des solutions possibles.
« Nous cherchons comment financer plus efficacement, plus rapidement et plus équitablement notre croissance et comment nous pouvons garantir que nos jeunes populations puissent participer à la croissance dont nous parlons. Nous pouvons le faire en veillant à avoir une bonne politique fiscale. Nous voudrions être comme le Maroc qui se retrouve à 25% et qui peut réellement stimuler sa croissance ».
Elle dit que l’Afrique peut faire mieux si elle parvient à améliorer le recouvrement des impôts.
« L’Afrique pourrait augmenter ses recettes de 3% du PIB en remédiant à ses contraintes fiscales en matière de capacité. En outre, en harmonisant mieux les taux d’imposition et les recettes fiscales avec les cycles économiques, les pays peuvent augmenter les recettes publiques de 5% », fait savoir Mme Songwe, ajoutant que les perspectives de croissance à moyen terme comprises entre 3 et 4% pour l’Afrique sont insuffisantes pour stimuler la qualité des investissements qui créeront des emplois et accéléreront la croissance inclusive.
« Alors qu’il ne nous reste qu’un peu plus d’une décennie pour réaliser les Objectifs de développement durable, il est impératif de révolutionner la portée et les mécanismes de mobilisation des ressources nationales pour combler le déficit de financement, promouvoir la stabilité macroéconomique et limiter les emprunts extérieurs », informe-t-elle.
Mme Songwe évoque également l’importance de la numérisation et de l’économie numérique pour stimuler la croissance et optimiser les performances budgétaires du continent. Le continent devra former à nouveau ses jeunes pour s’assurer que l’Afrique exploite pleinement l’ère numérique mais, ajoute qu’il est important de protéger les citoyens et les données du continent.
« Nous traversons une nouvelle ère où nous deviendrons vulnérables à nos données si nous ne savons pas comment les gérer et bien les gérer. Nous devrons nous assurer que nous disposons de bonnes institutions pour protéger les individus et les États souverains à mesure que nous progressons », explique Mme Songwe.
Pour sa part, le Président sortant du Bureau du comité d’experts, Elsadig Bakheit Ilfaki Adballa du Soudan, exhorte également le continent à adopter l’ère numérique pour élargir sa base de revenus, créer des emplois pour les jeunes et relever la plupart de ses défis.
« Avec l’avènement de l’ère numérique, l’Afrique peut utiliser les nouvelles technologies pour promouvoir le développement durable sur le continent », indique-t-il.
Le nouveau Président, Zouhair Chorfi, Secrétaire général du Ministère de l’économie et des finances du Maroc, informe que la numérisation est une grande opportunité pour l’Afrique.
« Notre continent est prêt pour la transformation et le Maroc est prêt à jouer son rôle pour nous permettre d’optimiser les outils numériques en tant qu’Afrique en de véritables outils pouvant contribuer au développement de ce continent », dit-il.
La technologie peut transformer l’Afrique en renforçant la compétitivité, en favorisant une forte intégration, en réduisant les coûts des activités commerciales et en intensifiant les échanges commerciaux, entre autres choses, mais des garanties et une base solide sont nécessaires pour protéger le continent et ses habitants, ajoute M. Zouhair.
La Conférence des ministres se focalise sur le thème, « La politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique ».
Commission économique pour l’Afrique