Les prix des produits pétroliers destinés à l’UE pourraient augmenter de 30%
Le coût des produits pétroliers en Europe pourrait augmenter jusqu’à 30% dans le sillage de l’entrée en vigueur du plafonnement des prix des produits russes, estiment, lundi, plusieurs experts interrogés par le quotidien « Izvestia ».
« Si auparavant l’Europe achetait directement des produits pétroliers à la Fédération de Russie, elle devra désormais le faire par l’intermédiaire d’entreprises de transformation en Inde, en Chine et dans d’autres pays », note la publication, ajoutant que le coût sera sérieusement affecté par une nouvelle logistique.
« Dans les mois à venir, le coût des produits pétroliers en Europe pourrait augmenter de 20 à 30% dans le contexte de l’entrée en vigueur du plafond des prix pour ces produits fournis depuis la Russie », relève l’analyste financier de BitRiver, Vladislav Antonov.
Le 3 février, les pays européens sont parvenus à un accord sur l’introduction d’un prix plafond, fixé à 100 dollars par baril pour les produits pétroliers « premium-to-crude », tels que le diesel, le kérosène et l’essence, et à 45 dollars par baril pour les produits pétroliers « discount-to-crude », tels que le fioul et le naphta, rappelle la publication.
Désormais, l’Europe devra non seulement acheter des produits pétroliers à un prix plus élevé auprès des pays revendeurs, mais elle pourrait également faire face au risque de pénurie de diesel en tant que carburant et de naphta en tant que matière première pour les produits pétrochimiques et le gaz de pétrole liquéfié (GPL), note, pour sa part, le vice-président du conseil de surveillance de la Reliable Partner Association (association de producteurs et de vendeurs de ressources énergétiques), Dmitry Gusev.
« Compte tenu du fait que l’industrie européenne décline sur fond de crise énergétique et que le risque de pénurie de pétrole est relativement faible, le GPL sera très probablement approvisionné par les États-Unis. Mais la livraison de diesel et de naphta depuis l’Inde et la Chine augmentera leur coût et créera un risque de pénurie en raison de difficultés logistiques », a-t-il confié à Izvestia.
Selon les experts, la Russie pourrait rencontrer des difficultés en matière de redirection des produits pétroliers vers les pays de la région Asie-Pacifique dans un court laps de temps, de même qu’elle devra faire face à l’éventualité de demandes de remises supplémentaires des prix de la part de nouveaux partenaires.
En février, les exportateurs mettront en place de nouvelles chaînes d’approvisionnement de produits vers les pays d’Asie-Pacifique et s’adapteront aux nouvelles conditions de sanctions, ce qui pourrait entraîner une baisse des exportations de la Russie, estiment-ils.
Cependant, il ne faut pas s’attendre à une baisse significative des exportations, soutient, pour sa part, Dmitry Alexandrov, chef du département de recherche analytique chez IVA Partners Investment Company.
Même son de cloche chez Stanislav Mitrakhovich, expert du Fonds national de sécurité énergétique, qui affirme que le pétrole russe continuera de trouver acheteur.
Fin décembre, les autorités russes ont introduit une mesure interdisant la livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales et physiques étrangères « si les contrats de livraison prévoient directement ou indirectement l’utilisation d’un mécanisme de fixation des prix ».
En vertu d’un décret présidentiel, l’interdiction de la vente du brut russe aux prix plafond est valable du 1er février au 1er juillet, tandis que la date d’entrée en vigueur de mesures similaires sur les produits pétroliers devrait être déterminée par le gouvernement russe.
Avec MAP