Les réseaux sociaux, l’outil d’influence des temps modernes
En ce troisième millénaire, les réseaux sociaux, plus que des moyens de communication et de partage, sont devenus un réel outil d’influence de l’opinion publique.
Tout le monde a accès à ces espaces de communication et peut exprimer son avis et son opinion sans censure aucune dans une liberté de penser quasi-absolue.
En effet, ils sont devenus un lieu de rencontre de libres penseurs, d’influenceurs ou de personnes souhaitant « écouter et être écoutées« .
Plus de 3.9 milliards de personnes sont actives sur internet dans le monde d’après les statistiques de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), un chiffre qui ne cesse de croître au fil des années. Le Maroc compterait 18.5 millions d’internautes, pour la majorité des jeunes entre 16 et 34 ans, selon l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT).
Cette fascination pour les réseaux sociaux s’explique souvent par un besoin d’appartenance et de partage. Souvent, de nombreuses personnes créent un groupe sur un réseau et y tissent des liens complètement virtuels.
“Je suis heureuse de pouvoir exprimer librement mes opinions sur les réseaux sociaux et de commenter les publications des autres internautes sans forcément les connaître, c’est une liberté pour moi et je ne pourrais m’en passer” , dit Sarah, jeune étudiante de 24 ans approchée par la MAP.
Une opinion peut facilement se forger sur des réseaux sociaux par une simple photo ou une vidéo d’une manifestation diffusée sur le web. Cette dernière sera vue, revue, partagée et commentée des milliers de fois par autant de personnes, créant ainsi un sentiment commun, qui pourrait se manifester en dehors du monde virtuel.
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Il ne manque pas d’exemples où le net a grandement influencé l’opinion publique. Le rôle joué par les réseaux sociaux lors du printemps arabe, ou encore lors du mouvement des gilets jaunes en France en est l’exemple le plus frappant.
Les réseaux sociaux peuvent de ce fait porter la voix des peuples, des opprimés, des travailleurs, des malades, des victimes d’injustices ou de toute personne souhaitant se faire entendre.
Il fut un temps où l’opinion publique prenait forme par l’intermédiaire de canaux d’informations bien identifiés tels que la presse écrite, la radio, la télévision, les partis politiques ou encore les syndicats. Ces différents moyens contribuaient à forger l’opinion des citoyens.
Qmichchou Mohammed, professeur de Marketing social et chercheur à l’université Ibn Tofail à Kénitra partage parfaitement cet avis-là.
“Les médias sociaux sont actuellement en train de prendre la place des médias de masse en matière d’influence sur l’opinion publique. Nous vivons une réelle transition de la société en matière d’accès à l’information, aux services et au divertissement”, confie-t-il à la MAP.
Les utilisateurs ne sont plus uniquement récepteurs, ils deviennent également émetteurs d’informations plus ou moins pertinentes. Tout le monde peut donc donner son avis et s’improviser journaliste.
M. Qmichchou souligne que ”les réseaux sociaux présentent également l’avantage de partage et de consultation des contenus des pairs (autres utilisateurs), lesquelles informations peuvent parfois avoir plus de crédibilités auprès des utilisateurs, comparées à celles provenant de sources officielles ou institutionnelles”.
Pour ce professeur de Marketing digital, les réseaux sociaux constituent aujourd’hui des espaces virtuels sur lesquels les citoyens passent de plus en plus de temps, y consultent et partagent des contenus variés et dynamiques. Ils sont, par conséquent, plus à même d’influencer et d’être influencées par les interactions qui s’y produisent.
Par ailleurs, de nombreux chefs d’États, présidents, hommes politiques et personnalités influentes se prêtent au jeu des réseaux sociaux. Certains y sont fréquemment actifs, ce qui favorise le dialogue entre les gouvernants et leurs gouvernés.
Pour Pierre Detavernier, professeur de communication à l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication (ISIC), les réseaux sociaux sont un lieu de rencontre de personnes ayant des problèmes communs et essayant de trouver ensemble des solutions à ces problèmes.
Lorsqu’un mouvement voit le jour, des dizaines, voire des centaines de groupes naissent en même temps sur Facebook, Twitter, ou WhatsApp donnant ainsi lieu à des avis divers et à des débats ouverts sur la toile.
Cela peut sembler favorable au renforcement de la culture du débat et à encourager la liberté d’expression.
Cependant, dans certains cas, les réseaux sociaux peuvent devenir un lieu de propagande de contenus politiquement orientés, visant à créer des polémiques ou à troubler l’ordre public. Une forte influence sur les jeunes est remarquée, ce qui n’est pas sans danger.
De nombreuses cellules terroristes et criminelles “recrutent” leurs sur le web. Ils visent généralement des profils jeunes et facilement influençables.
Le cyberterrorisme peut “hameçonner” les jeunes de diverses façons, à travers des vidéos de propagandes, ou en entrant directement en contact avec eux.
Le professeur Detavernier affirme à la MAP qu’ ”il y a toujours eu des influenceurs et des influencés (des meneurs et des followers) et qu’il y en aura toujours”, ajoutant que grâce à ces réseaux, les influenceurs sont plus facilement détectables et de ce fait peuvent être maîtrisés s’ils constituent un danger visible pour la société.
Aucun contrôle ne peut réellement être effectué sur ces réseaux. On y trouve des calomnies, des fake news, des images contraires à la dignité humaines…
Le Maroc, conscient de l’avancée technologique mondiale et de l’importance des réseaux sociaux, veille à protéger ses internautes en menant des politiques pour lutter contre la cyber-criminalité et le cyber-terrorisme. Les réseaux sociaux demeurent, pourtant, une porte ouverte à la démocratisation de la parole, de la liberté d’expression, de la pensée et du partage.