Les syndicats rejettent le projet de loi jugé « répressif » et incompatible avec les droits sociaux
Des dizaines de travailleurs se sont rassemblés devant le Parlement pour protester contre une nouvelle loi visant à encadrer le droit de grève. Cette mobilisation, organisée par le Front marocain pour la défense du droit de grève et des retraites, dénonce une législation perçue comme une menace directe pour les acquis syndicaux et un outil de restriction des libertés fondamentales des travailleurs. Aux cris de « Non aux lois injustes ! » et « Défendons le droit de grève, un droit constitutionnel ! », les manifestants ont exigé le retrait immédiat du projet.
La grogne des syndicats, qui couve depuis plusieurs mois, s’intensifie face à ce texte législatif accusé de « criminaliser » les mouvements sociaux. Le Syndicat national de l’éducation d’orientation démocratique, membre actif du Front marocain, estime que cette loi cherche à neutraliser le droit de grève en imposant des restrictions sévères et, par conséquent, à priver les travailleurs de leur unique levier pour faire pression sur les employeurs. Ce syndicat souligne également l’absence de concertation préalable avec les partenaires sociaux, une omission qu’il juge contraire aux principes de dialogue social et de démocratie participative.
Depuis les années 1960, le Maroc a été témoin de nombreux mouvements de grève sans que cela n’entraîne des perturbations jugées excessives. Pour les syndicats, cette expérience historique prouve que les grèves n’ont pas déstabilisé l’économie, mais ont au contraire contribué à améliorer les conditions de travail et à instaurer des droits essentiels. « Cette loi est une régression », martèle un porte-parole syndical, qui déplore par ailleurs la précarité sociale grandissante, la stagnation des salaires, et l’impact de la privatisation sur les secteurs publics.
Le Réseau intersectionnel pour les droits du travail s’est joint à cette contestation, rappelant que le droit de grève est un « pilier essentiel de la défense des acquis sociaux ». Ce réseau redoute que la nouvelle législation entraîne une érosion progressive des droits des travailleurs marocains et renforce la précarisation de la classe ouvrière, déjà fragilisée par les défis économiques actuels. Pour ses représentants, cette mobilisation pourrait être le point de départ d’une résistance nationale plus vaste, un élan visant à contrer non seulement cette loi mais également d’autres projets jugés nuisibles aux intérêts des travailleurs.
La contestation prend racine dans un climat de mécontentement généralisé, où les syndicats s’inquiètent de l’impact cumulatif des réformes récentes sur les conditions de vie des salariés. Face à une conjoncture marquée par une inflation persistante, une protection sociale inadéquate et des salaires qui peinent à suivre la hausse du coût de la vie, la perspective d’une réglementation plus rigide sur les grèves semble particulièrement inopportune aux yeux des syndicats. Ils insistent pour que le gouvernement ouvre un dialogue sincère et équitable sur ce projet de loi, tout en demandant des mesures concrètes pour renforcer les droits sociaux et économiques des travailleurs marocains.