Les taxis se réinventent face à la concurrence des VTC
Au Maroc, le secteur des taxis fait face à la concurrence des applications mobiles de transport, telles qu’InDrive, Careem ou Yango. Ces services de voitures de transport avec chauffeur séduisent un grand nombre d’usagers grâce à leur praticité, notamment la réservation et le paiement via des plateformes mobiles. Face à cette pression, les professionnels et syndicats de taxis réagissent en lançant des solutions technologiques similaires, avec l’ambition de redonner aux taxis classiques leur place de choix dans le marché de la mobilité urbaine.
Le bras de fer entre taxis classiques et voitures de transport avec chauffeur (VTC) s’intensifie au Maroc. Les taxis, avec leur large couverture du territoire et leur rôle historique dans les villes, sont confrontés à un défi : rester compétitifs face aux applications mobiles de transport qui séduisent un public de plus en plus friand de services pratiques et modernes.
Actuellement, le pays compte environ 77 000 taxis répartis sur tout le territoire, dont près de 15 000 à Casablanca, 4 400 à Rabat et environ 600 dans les petites villes comme Tétouan. Ces véhicules, bien qu’ancrés dans l’histoire du transport urbain, voient leur clientèle se réduire au profit des VTC, malgré leur légitimité et leur rôle central dans la mobilité citadine.
Dans ce cadre, en octobre 2024, le ministère de l’Intérieur a publié une circulaire afin de soutenir et de renforcer la qualité des services de taxis. Celle-ci fait suite à un constat inquiétant à savoir les pratiques telles que le refus d’utiliser le compteur, la saleté des véhicules, et les incivilités nuisant à l’image du secteur. Ces lacunes poussent les usagers à se tourner vers des alternatives moins réglementées mais souvent plus pratiques et accessibles.
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L’objectif est de remédier à ces dérives en incitant les chauffeurs à améliorer leur service à travers une série de mesures. Notamment, la mise à jour des arrêtés d’exploitation, la régulation du travail des chauffeurs dans les gares et stations, ainsi que la promotion du respect des tarifs réglementés. Afin de les encourager, le ministère prévoit de récompenser les chauffeurs exemplaires, de faciliter le renouvellement de la flotte de taxis et de faciliter l’adoption des nouvelles technologies, comme celles liées à la réservation et à la gestion de la flotte.
L’initiative du ministère de tutelle s’inscrit dans une réforme plus large du transport urbain, avec un programme d’investissement de 11 milliards de dirhams prévu entre 2025 et 2029. Ce programme a pour but de moderniser les infrastructures et d’améliorer la qualité des services dans toutes les villes du Royaume, avec un objectif particulier en vue : préparer le pays à la Coupe du Monde 2030.
La réplique des syndicats de taxi
Pour faire face à la concurrence des applications de VTC, les syndicats de taxis ont décidé de moderniser les taxis en lançant des initiatives technologiques. Une des réponses les plus marquantes est le lancement de l’application “Taxi Sahbi”, développée par des ingénieurs marocains. Ce service, lancé en partenariat avec le Syndicat National UMT des Taxis, offre une solution 100 % marocaine pour améliorer l’expérience utilisateur en proposant des services modernes, similaires à ceux des VTC. L’application permet notamment de réserver et de suivre en temps réel son taxi, tout en simplifiant le paiement.
Cette application est déjà opérationnelle dans certaines villes telles que Casablanca, Rabat, Tanger et Kénitra et devrait bientôt s’étendre à tout le pays, une fois les autorisations nécessaires obtenues.
Parallèlement à la transition numérique, les syndicats de taxis misent également sur un renouvellement écologique de leur flotte. Dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone, près de 80 % des véhicules ont déjà été modernisés grâce à des subventions publiques. Toutefois, il reste encore 20 % de véhicules, souvent anciens et en litige administratif, qui doivent être remplacés. Cette modernisation permettra de contribuer à l’effort écologique du pays.
Les syndicats de taxis espèrent que la modernisation de leur flotte, couplée à l’adoption de technologies avancées, leur permettra de reconquérir leur clientèle en répondant mieux aux attentes des usagers.
Grâce aux efforts conjoints du ministère de l’Intérieur, des syndicats de taxis et des acteurs du secteur privé, les taxis classiques au Maroc sont en train de se réinventer. Si cette transition numérique et écologique réussit, le secteur des taxis pourrait bien retrouver sa place de choix dans la mobilité urbaine marocaine, en offrant aux usagers une solution moderne, pratique et respectueuse de l’environnement.