Les Tunisiens dans les rues contre la dissolution du Parlement
Des centaines de Tunisiens sont descendus dans la rue dimanche 10 avril à Tunis, pour la plus grande manifestation contre le président Kais Saied depuis sa prise de fonction.
Malgré de nombreux checkpoints et contrôles, des centaines de personnes se sont rassemblées avenue Bourguiba, à l’appel du parti islamiste Ennahdha et de « Citoyens contre le putsch », une initiative populaire.
Les manifestants réclamaient la reprise des activités du Parlement, la fin de la suspension de la Constitution, la formation d’un gouvernement de salut national, et le renoncement aux décisions prises par le président Kais Saied, depuis le 25 juillet 2021, rapporte le Agence de presse tunisienne TAP.
Les manifestants, déplorant la crise politique, venant en pleine crise socio-économique et sanitaire, ont scandé des slogans tels que « Libertés, libertés… l’État policier est terminé », « Il n’y a pas de tribunaux militaires pour les affaires civiles », « La les gens veulent l’unité nationale », « Libertés, libertés, à bas le putsch » et « La justice est indépendante… » selon l’agence TAP.
L’homme politique et militant des droits de l’homme Ahmed Nejib Chebbi, qui a participé à la manifestation, a appelé à la création d’un front de salut national qui rassemble toutes les forces politiques et civiques sans aucune exclusion, a indiqué l’agence TAP, ajoutant qu’il a appelé à l’élaboration d’une feuille de route claire pour orienter le sortir le pays d’une crise politique, économique et sociale sans précédent.
Il a également condamné ce qu’il a appelé « un coup d’État » du président Kais Saied contre la constitution tunisienne, « l’une des meilleures chartes contemporaines ».
Jawhar ben M’barak, l’un des fondateurs de Citizens against Coup, a réitéré le rejet des décisions de Kais Saied et a appelé à la protection des institutions de l’État contre toute « dérive » autocratique, décrivant la décision du président Saied de dissoudre le parlement et de convoquer les députés qui ont participé au séance plénière virtuelle par la Brigade antiterroriste comme « illégale ».
Ben M’barak a appelé les élus du parlement dissous à tenir davantage de sessions parlementaires, à exercer leurs fonctions et à prendre des décisions pour protéger le peuple tunisien de toute décision « populiste » prise par le président Saied.
« Le président Kais Saied a plongé le pays dans le chaos », a-t-il accusé.
L’agence TAP a cité plusieurs autres participants à la manifestation qui ont dénoncé le coup d’État du 25 juillet et condamné la « détermination du président Saied à légitimer et justifier le coup d’État, à suspendre la constitution, à traduire des civils devant des tribunaux militaires, à dissoudre le parlement et à engager des poursuites judiciaires contre des députés pour complot ». contre la sûreté de l’État.
Les manifestations coïncident avec la commémoration de la Journée des Martyrs, célébrée chaque 9 avril.
La Tunisie a commémoré samedi le 84e anniversaire des événements du 9 avril 1938, lorsque des émeutes ont eu lieu ayant entraîné la mort de 22 Tunisiens dans une fusillade sanglante pour réprimer les manifestations qui réclamaient l’institution d’un parlement en Tunisie toujours sous protectorat français.
La Tunisie est plongée dans une grave crise politique depuis le 25 juillet, date à laquelle le président Kais Saied a imposé des mesures exceptionnelles, notamment le gel des pouvoirs du Parlement (avant de décider de le dissoudre le 30 mars), promulguant des lois avec décrets présidentiels et dissolvant le Conseil suprême du Judiciaire.
La majorité des forces politiques tunisiennes rejettent les décisions de Saied, les qualifiant de « coup d’État contre la constitution », tandis que d’autres forces les soutiennent, les considérant comme une « reprise du processus révolutionnaire de 2011 », qui a renversé le régime de l’ancien président Zine El Abidine. Ben Ali (1987-2011).