L’Espagne doit clarifier sa position sur Brahim Ghali
Le site espagnol El Noticiero a révélé, le 22 avril 2021, que le chef des séparatistes au Sahara marocain, Brahim Ghali, a été hospitalisé d’urgence en Espagne, sous un nom d’emprunt algérien, Mohammed Benbatouche, et grâce à un faux passeport diplomatique fourni par l’Algérie.
Cet événement a provoqué une vive réaction de Rabat qui a exprimé au gouvernement espagnol sa «vive déception» et «sa déception à l’égard de cet acte contraire à l’esprit de partenariat et de bon voisinage et qui concerne une question fondamentale pour le peuple marocain». Le Maroc, qui est un acteur reconnu et respecté au sein de la communauté internationale, s’interroge en effet sur l’attitude du gouvernement espagnol dans cette affaire qui pose trois questions : Pourquoi et comment Brahim Ghali a-t-il été admis en Espagne en catimini et avec un faux passeport ? Pourquoi l’Espagne n’a-t-elle pas avisé le Maroc alors que l’intéressé est marocain né à Marrakech ? Pourquoi la justice espagnole n’a-t-elle pas encore réagi aux nombreuses plaintes déposées par les victimes de cet individu ?
En effet, Brahim Ghali a été convoqué en 2016 par l’Audiencia Nacional espagnole dans le cadre d’une enquête visant la commission des crimes de génocide, assassinats, tortures et autres atteintes graves aux droits de l’homme. L’un des avocats des victimes a demandé ces jours derniers au Tribunal central d’instruction du Royaume d’Espagne d’ouvrir une instruction sur sa présence sur le sol espagnol, de vérifier quelles sont les raisons (autres qu’humanitaires) pour lesquelles cet individu bénéficie d’un passeport diplomatique, de surcroît sous un faux nom, de l’auditionner sur les faits qui lui sont reprochés et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre. C’est dans ce contexte que l’ambassadeur espagnol a été convoqué au ministère des Affaires étrangères marocain, lundi 26 avril.
Par ailleurs, agissant avec le soutien de la Fédération nationale des victimes d’Espagne, dont elle est membre, l’Association Canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), qui réunit les proches de plus de trois cents victimes du terrorisme du polisario, a dénoncé, le 24 avril, la décision des autorités espagnoles d’autoriser «l’entrée et l’hospitalisation illégales dans un hôpital public» d’un individu auquel on reproche d’avoir assassiné des citoyens espagnols. Il ne faut pas oublier en effet que le polisario est une association terroriste qui a tué des Espagnols, des Français, des Marocains et des Africains et est aujourd’hui associée avec plusieurs groupes terroristes qui sévissent dans la région, ce qui menace la sécurité collective.
L’affaire Ghali est suffisamment grave pour avoir conduit l’Allemagne à refuser l’accès du chef séparatiste sur son territoire, compte tenu de l’incidence que cela pourrait avoir, à juste titre, sur ses relations avec le Maroc, mettant ainsi fin à une attitude blâmable qui avait provoqué un froid diplomatique entre Rabat et Berlin récemment. On se souvient également qu’il y a quelques années la maladresse du gouvernement français avait conduit à un gel de la coopération policière entre les deux pays et que François Hollande avait dû aller à Canossa pour implorer le Maroc de coopérer de nouveau avec la France le cadre de la lutte contre le terrorisme. Tout cela aurait dû conduire le gouvernement espagnol à avoir une attitude transparente et loyale envers le Royaume. L’Espagne ne peut pourtant ignorer que le Maroc, vieille nation de près treize siècles, ne laisse personne porter atteinte à ses intérêts, et agit à l’encontre de ceux qui poursuivent l’objectif de menacer son intégrité territoriale. Il doit être clair pour l’ensemble de la communauté internationale que si le Makhzen veille à l’entente antiterroriste et sécuritaire avec les pays amis (il vient, par exemple, de donner une nouvelle preuve de son efficacité en évitant un bain de sang dans une église en France), il n’admet pas qu’on lui manque de respect.