L’État français pointé du doigt pour sa stratégie policière « dangereuse »
L’État français a mis en place une stratégie policière « dangereuse » lors de la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les méga-bassines, qui avait donné lieu à de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, dénonce, lundi, un rapport d’associations de défense des libertés.
Les manifestants ont été « criminalisés« , tant pour disqualifier leur revendication politique autour du partage de l’eau que pour justifier un emploi non nécessaire et disproportionné de la force à leur encontre, selon ce rapport intitulé « Sainte-Soline. Empêcher l’accès à la bassine quel qu’en soit le coût humain« , pointant « un contexte plus général de répression violente des mouvements sociaux et d’atteinte à la liberté de manifester » en France, dont des experts de l’ONU se sont récemment alarmés.
« La volonté politique était claire : La manifestation de Sainte-Soline ne devait pas avoir lieu » et toute personne qui bravait l’interdiction préfectorale « s’exposait à des risques pour son intégrité tant physique que morale« , souligne le document, qui s’appuie sur le travail de terrain de plusieurs observateurs des libertés publiques et des pratiques policières, issus de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et d’autres associations.
La priorité donnée à des enjeux de maintien de l’ordre sur toute autre considération a révélé son « absurdité » lors des entraves aux secours, étrillent les auteurs du rapport.
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« La responsabilité des pouvoirs publics, et notamment de l’État, est manifestement engagée du fait de l’absence d’anticipation, puis de la volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite, cela en plus des responsabilités pénales liées aux conséquences d’une possible non-assistance à personne en danger« , poursuivent-ils.
Le document dénonce aussi les « nombreuses blessures causées par l’usage disproportionné et, à plusieurs reprises, non nécessaire des armes » de la part des autorités. Parmi eux, deux manifestants, gravement blessés, ont passé plusieurs semaines dans le coma. Le délai de prise en charge de l’un des deux à Sainte-Soline est pointé par les organisateurs et des observateurs pour qui les autorités ont entravé l’intervention des secours.
« Partout en France, (…) on assiste à un nombre croissant d’arrêtés d’interdiction de manifestations, à une répression tant policière que judiciaire des manifestants et à de nombreux cas de blessés en manifestation« , déplorent aussi les observateurs.
La manifestation de Sainte-Soline avait rassemblé de 6.000 à 8.000 personnes, d’après les autorités, 30.000 selon les initiateurs. Ces derniers ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants.
Selon les chiffres officiels, 5.015 grenades lacrymogènes ont été tirées, soit environ une par seconde. La gendarmerie a eu recours également à 89 grenades de désencerclement de type GENL, 40 dispositifs déflagrants ASSR et 81 tirs de LBD.
Avec MAP