L’Europe pourrait avoir signé la fin des hybrides rechargeables
L’ONG Transport & Environment annonce que l’Europe vient d’acter un gros durcissement du test d’homologation pour les voitures hybrides rechargeables. Leur fin est-elle déjà proche ?
Pour beaucoup de constructeurs, l’hybridation rechargeable est avant tout une technologie de transition leur permettant de faire la passerelle vers le tout électrique sans jeter du jour au lendemain tous les moteurs thermiques actuels. L’avantage de ce que l’on nomme dans le jargon technique les PHEV (Plugin hybrid electric vehicle) repose sur leurs émissions très faibles lors des tests d’homologation, qui permettent notamment à certains constructeurs de répondre aux objectifs « CO2 » fixés pour chaque groupe, par l’Europe. Mais depuis déjà quelques années, de plus en plus d’études pointent du doigt un usage pas toujours approprié des hybrides rechargeables, lesquels, roulant souvent batterie vide, consomment d’autant plus de carburant et émettent plus de CO2 en moyenne que ne le laisse entendre le cycle d’homologation. Un Porsche Cayenne Turbo S-E Hybrid de 680 ch rejette-t-il réellement 86 g/km de CO2 ? Probablement pas dans la réalité, à moins que sa batterie de 17,9 kWh ne soit tout le temps rechargée.
Le problème du facteur d’utilité
Les premières critiques émises à l’encontre des véhicules hybrides rechargeables remontent autour de 2015. A cette époque, déjà, l’ICCT (International Council on Clean Transportation) pointe du doigt le nouveau test d’homologation WLTP, remplaçant le très peu réaliste NEDC. WLTP inaugurait alors un volet comprenant un « facteur d’utilité » pour les hybrides rechargeables. Concrètement, il s’agit de la durée durant laquelle le véhicule est supposément utilisé en mode électrique. Un facteur d’utilité toutefois largement surestimé par certaines études même si ces ONG ne sont pas toujours neutres sur la question. Reste qu’en France, nombreuses sont les entreprises à avoir opté pour le PHEV pour leurs flottes et tout aussi nombreuses sont celles qui déchantent aujourd’hui. Notamment parce que les collaborateurs n’ont pas toujours les bons reflexes d’usage ni même la simple possibilité de recharger leurs voitures, ce qui engendre une surconsommation de carburant et des coûts au kilomètre qui s’envolent.
« A partir de 2025, l’UE va réduire significativement le facteur d’utilité, qui est le taux d’utilisation en mode électrique que les autorités utilisent pour calculer les émissions de CO2 d’un PHEV. Et à partir de 2027, le facteur d’utilité sera totalement aligné avec celui des conditions réelles ».
A lui seul, ce changement pourrait mettre un terme définitif aux hybrides rechargeables puisque les constructeurs ne pourront plus afficher des valeurs de rejets de CO2 avantageuses, à moins d’opter pour des PHEV dotées d’énormes batteries (comme un Range Rover P400). Mais à ce niveau là, mieux vaut directement passer au tout électrique. C’est d’ailleurs ce que prévoient de plus en plus de constructeurs.