L’expérience de Toumliline, une source d’inspiration pour un modèle non-institutionnel de dialogue interculturel
L’expérience du monastère de Toumliline (province d’Azrou) constitue une source d’inspiration pour le développement d’un modèle non-institutionnel de dialogue interculturel, a souligné lundi à Rabat la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach.
S’exprimant à l’ouverture d’un webinaire international sous le thème “préserver et transmettre la mémoire pour ancrer l’altérité”, Mme Bouayach a indiqué que l”expérience de Toumliline offre un cas d’école à méditer et un modèle d’inspiration sur comment développer un modèle non-institutionnel de dialogue interculturel dans un espace libre où s’est construite une mémoire collective, où est valorisé non seulement le débat pluriel mais surtout la célébration commune des croyances et des idées de tous.
“C’est ainsi qu’à Toumliline a pu se construire, de la manière la plus naturelle et la plus authentique, et même la plus marocaine, une mémoire qu’on peut qualifier d’universelle”, a-t-elle ajouté au cours de cette rencontre initiée par le Centre Ta’aruf (Centre de recherche et de formation sur les questions interconvictionnelles et consolidation de la paix) affilié à la Rabita Mohammadia des Oulémas.
Elle a, dans ce sens, relevé que le thème de cette rencontre internationale réitère, ainsi, les expressions et les ambitions des acteurs des droits de l’Homme à partager les expériences humaines accumulées durant l’histoire, comme celle de Toumliline qui fut un engagement des hommes et des femmes dans une démarche universelle de construction du concept même de l’Altérité.
La présidente du CNDH a, en outre, précisé que l’universalité des droits de l’Homme est fondée sur l’Histoire d’un consensus des différentes cultures et civilisations, élaboré afin de préserver ce qui se trouve au centre de toute identité : l’humain. “La consolidation de l’universalité des droits de l’Homme nous mène donc à nous interroger sur le phénomène d’interculturalité dont les droits de l’Homme sont l’expression commune, et qui doivent faire face, tous les jours, aux tensions d’ordre identitaire, au renfermement à l’extrémisme violent et à la diffusion rapide des discours d’incitation à la haine”, a-t-elle fait observer.
Dans le même contexte, Mme Bouayach a expliqué que le concept de l’altérité “se construit dans un cadre de Droit-Devoir-Responsabilité, et non pas seulement dans celui d’une gratitude ou d’une dette”, notant qu’au-delà de la dimension rationnelle se trouve celle morale d’un devoir envers l’autre qui défie les catégories identitaires. “Il n’est pas question seulement de vivre ensemble mais de vivre égaux, avec ce que l’on peut désigner comme une éthique de l’autre”, a-t-elle dit.
Tenu du 25 au 28 janvier, ce webinaire est organisé par la Rabita Mohammadia des Oulémas, par le biais de son Centre Ta’aruf, en partenariat avec l’ambassade des États-Unis au Maroc, la Fondation Mémoires pour l’Avenir (FMA) et Archives du Maroc (ADM).
Au menu de cette rencontre, figurent la projection du film “Les cloches de Toumliline” de Mohammed Hamid Derrouich et des ateliers, notamment celui intitulé “Mémoire : comment réinventer des rencontres internationales en Afrique ?”.
Ce webinaire fait suite à la première conférence régionale pour la préservation du patrimoine culturel des communautés religieuses (Rabat, 3-4 octobre 2019), organisée par le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des MRE, en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas et l’Ambassade des États-Unis au Maroc.
( Avec MAP )