L’expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme mise en lumière à Nairobi
L’expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme a été mise en lumière par des chercheurs marocains lors d’une conférence organisée, mercredi à Nairobi, en marge de la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD).
Intervenant lors cette rencontre, initiée par la société civile africaine, le directeur du centre africain des études asiatiques, Elmostafa Rezrazi, a passé en revue les différentes mesures entreprises par le Royaume dans ce domaine.
Dans son intervention intitulée « La lutte contre le terrorisme et la coopération internationale, quel rôle de la société civile », l’universitaire a souligné que la contribution du Maroc à la coopération sécuritaire internationale ne s’est pas limitée au renforcement de la coordination et à la collaboration opérationnelle et l’échange d’informations avec ses partenaires, mais le Royaume est devenu un pionnier en la matière, à travers son expérience et ses initiatives qui jettent les bases d’une nouvelle approche dans la coopération internationale contre le terrorisme.
Cette nouvelle approche hisse la coopération sécuritaire au-dessus de celle diplomatique, de façon à ce qu’elle ne soit pas affectée par l’état des relations et des divergences entre les gouvernements, a-t-il expliqué.
Dans ce sillage, le chercheur a indiqué que la coopération fait face à de nombreux défis et obstacles qui trouvent leur origine essentiellement dans les divergences politiques, comme c’est le cas pour la coopération maroco-algérienne en la matière, en dépit des menaces qui guettent les deux pays et que représentent essentiellement la situation dans les régions du Sahel et de la Méditerranée ainsi qu’en Libye et ce, en raison du manque de la volonté chez la partie algérienne de surmonter les divergences politiques concernant la question du Sahara et de privilégier le besoin de hisser la coopération au-dessus de ces divergences.
Ces obstacles qui se dressent devant la coopération sécuritaire internationale sont également d’ordre technique et se manifestent essentiellement dans le recours de certains pays, notamment en Afrique, à leurs armées dans le combat contre le terrorisme, compte tenu que des organisations terroristes présentes dans ces pays ont réussi à contrôler des zones enclavées, contrairement à l’approche adoptée au niveau urbain et qui est fondée sur des actions proactives et le démantèlement des cellules avant qu’elles ne soient opérationnelles.
Evoquant la réforme du champ religieux au Maroc, l’expert s’est attardé sur les caractéristiques qui distinguent l’expérience marocaine en la matière à l’échelle arabo-musulmane.
Il a, dans ce sens, expliqué que l’approche adoptée par le Royaume pour la restructuration du champ religieux ne s’est pas uniquement intéressée au volet de la croyance religieuse, mais a également accordé une attention particulière aux acteurs dans ce domaine (Imams, morchidines,…), notamment à travers leur qualification et leur intégration dans la fonction publique en vue de rompre avec le phénomène de volontariat dans la gestion des mosquées.
De son côté, le chercheur marocain, Khalid Chegraoui qui intervenait lors d’un atelier sur la sécurité et la paix en Afrique organisé dans le cadre de cette conférence, a livré un diagnostic de la situation et la présence des organisations terroristes au niveau du continent, notamment dans la région où s’activent les éléments d’Al Qaida dans le Maghreb islamique.
Selon lui, la nébuleuse d’Al Qaida a des ailes dans tous les pays du Maghreb, des structures qui jouaient un rôle axial lors de la décennie noire en Algérie.
Pour l’intervenant, l’installation d’Al Qaida au nord de Mali suite aux accords de paix avec les mouvements des Touaregs et ce, depuis les rencontres d’Alger et Tanmenrast (2005-2006) et autres, a contribué à faire échapper la région de l’Azawad du contrôle de l’autorité malienne avec le retrait de la police, de la gendarmerie et de l’armée.
A cela s’ajoutent les contacts entrepris par ces mouvements avec des criminels et des bandes de trafic d’armes et d’êtres humains ainsi qu’avec les révoltés des Touaregs, ce qui a entrainé la formation de coalitions temporelles et l’accumulation d’importants fonds pour les terroristes, a-t-il souligné.