L’hrig, ce dilemme de l’Etat …

Un communiqué de la MAP nous apprend que, dans le cadre des actions de la lutte contre les trafics illicites au Nord du Royaume, des Garde-côtes de la Marine Royale ont porté assistance, mardi et mercredi, à 15 embarcations pneumatiques en difficulté transportant 366 candidats à la migration clandestine.

« La totalité des candidats à la migration illégale ont été ramenés sains et saufs au port de Ksar Sghir, ajoute la même source, précisant qu’une des embarcations dans un état vétuste a coulé juste après l’opération de sauvetage. »

Mais il arrive que ces opérations clandestines se terminent mal voire très dramatiquement comme dans le cas de Hayat, la pauvre jeune fille qui y a laissé sa vie, il y a deux semaines.

Ainsi, « dans la nuit du 9 octobre 2018, un Garde-côtes de la Marine Royale a engagé une course poursuite au large de Larache pour intercepter une embarcation au comportement suspect. En dépit des tirs de sommation d’usage, l’embarcation a exécuté des manœuvres hostiles de collision, compromettant de manière significative la sécurité de l’équipe de la Marine Royale de contrôle mise à l’eau par le Garde-côtes, l’obligeant à tirer une cartouche avec une arme portative pour l’immobiliser » note une source militaire.

De son côté, le site 2m.ma a annoncé, ce mercredi 10 octobre, qu’un mineur de 16 ans a été blessé à l’épaule, suite à des tirs de la Marine Royale dans le Nord, lors de l’interception d’une embarcation clandestine entre Larache et Assilah. L’embarcation transportait 58 migrants d’origine marocaine et le jeune adolescent a été évacué vers  l’hôpital de Tanger en urgence.

Ce fléau illégal ne devrait-il pas interpeller les responsables afin de trouver une solution efficiente,  apte à absorber les masses de ces jeunes qui ne sont plus que des trompe-la mort, s’illusionnant sur la vie d’ailleurs et se jetant à l’eau? Il est évident qu’un air de folie et de désespoir a soufflé, emportant des jeunes qui ne savent plus quoi faire de leur vie à tel point que le large et la clandestinité leur paraissent plus cléments que les conditions dans lesquelles ils vivent. C’est le deuxième drame qui ravive la colère de certains internautes en seulement quelques jours, chose qui est normale puisque l’enjeu est de taille : la vie humaine.

Or n’oublions pas que la Marine Royale a pour mission de surveiller les frontières nationales. Devrait-elle alors baisser les bras et laisser passer des embarcations suspectes qui violent l’intégrité territoriale et vident le Maroc de ses ressources, qui semble-t-il, prennent en otage les jeunes et transportent des tonnes de stupéfiants et de drogues?

Force est de constater que l’immigration clandestine est un phénomène auquel se trouvent confrontés les pays aussi bien développés qu’en voie de développement. Mais, ces dernières années, le Royaume est de plus en plus touché par ce mal endémique , en l’absence de perspectives socio-économiques dans le pays, face aussi au chômage qui détruit les aspects fondamentaux de la vie chez les jeunes, au-delà de son coût économique, de la pauvreté et de la marginalisation.

Le nombre des candidats à l’émigration clandestine augmente de jour en jour et la fièvre du départ devient contagieuse. Même les mineurs ne sont plus épargnés, poussés en cela par les mirages d’un Eldorado vendu, vite évaporé, une fois arrivés à destination pour peu qu’ils ne finissent pas, de manière tragique, au fond de l’océan.

C’est une problématique complexe qui prend une dimension importante et sur laquelle il faut se pencher sérieusement surtout que les profils –de plus en plus jeunes- des migrants inquiètent et interpellent à plus d’un égard. Le pays ne peut rester insensible à cette détresse dès lors qu’aujourd’hui, des mineurs non accompagnés se lancent dans l’aventure et fuient leur famille, leur pays et leur culture pour aller vers l’inconnu pourvu qu’ils « vivent ». N’est-ce pas un problème très délicat quand on sait que ces adolescents, prenant l’ombre pour le corps, ne mesurent même pas la gravité de leur acte illégal et ne sont motivés, dans la plupart des cas, que par l’image tentante d’une Europe parfaite, paradisiaque voire mythique qui les rejette.

Pourtant, le rêve de ces jeunes qui choisissent de prendre la poudre d’escampette, ne tarde pas à se briser. Si ce n’est entre les mains des gardes, c’est au fond des eaux.

Et au moment où le Maroc se trouve amputé de ses potentialités en termes de force de travail pour assurer son développement et la mise à niveau de son économie, des pays comme l’Espagne et l’Italie, confrontés au vieillissement de leur population, prennent la balle à la volée et se servent largement de cette main-d’œuvre jeune qui accepte les emplois les plus pénibles et les moins rémunérés. Faut-il rappeler que l’émigration clandestine représente un « véritable marché » qui rapporte gros à l’économie souterraine? Cela dans les meilleurs des cas quand les clandestins, qui une fois sur l’autre rive et ayant mis le doigt dans l’engrenage, ne tombent pas dans les filets de réseaux mafieux très puissants qui les exploitent de façon inhumaine.

Aussi faut-il prendre cette problématique à bras le corps et envisager tous les aspects de la question pour arrêter l’hémorragie. Mais les solutions de replâtrage sont dépassées. L’approche sécuritaire et répressive est de mise. En revanche, il est urgent que l’Etat s’acquitte de ses devoirs et se munisse d’un nouveau modèle de développement où les jeunes seront impliqués pour un vrai développement économique et social du pays au lieu de les jeter dans la gueule du loup.

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