Liban: réunion urgente du gouvernement après la chute de la monnaie nationale
Le gouvernement libanais a tenu vendredi une réunion extraordinaire consacrée à la chute de la monnaie nationale, après une nuit de manifestations contre l’attentisme des autorités face au naufrage économique, rapportent les médias locaux.
Le Premier ministre libanais Hassan Diab a entamé dans la matinée une « réunion urgente » de son gouvernement, en présence du gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé et d’une délégation du syndicat des bureaux de change, a indiqué l’agence de presse étatique ANI, alors qu’une autre réunion du gouvernement est prévue à la présidence de la République dans l’après-midi, selon la même source.
Face aux « lourdes pertes » et à « l’effondrement du pouvoir d’achat », l’association des commerçants de Tripoli (nord) a appelé à une « grève générale » vendredi avec la fermeture de tous les commerces de la ville.
En réaction à l’effondrement de la livre et de leur pouvoir d’achat, les Libanais sont descendus dans la rue jeudi soir, brûlant des pneus et bloquant des routes dans plusieurs villes y compris dans la capitale Beyrouth, jusque tard dans la nuit.
Ils ont crié leur colère contre le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, critiqué pour son incapacité à enrayer la dépréciation, et contre le gouvernement de Hassan Diab qui a succédé en janvier à celui de Saad Hariri poussé à la démission par le mouvement de contestation.
La livre libanaise a atteint jeudi, sur le marché parallèle le seuil historique des 5.000 livres pour un dollar, selon des changeurs. Les médias locaux ont même évoqué un taux de 6.000 livres pour un dollar, alors qu’officiellement la monnaie nationale est indexée depuis 1997 sur le billet vert au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, tandis que la Banque centrale a toutefois démenti les informations « sans fondement » sur « des taux de change à des niveaux éloignés de la réalité ».
Les autorités libanaises négocient avec le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des aides financière, sans lesquelles le pays ne pourra pas enclencher la relance économique.
Ces difficultés économiques ont été l’un des catalyseurs d’un soulèvement inédit, déclenché en octobre 2019 pour dénoncer une classe politique quasi-inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d’incompétence.
Déclenché le 17 octobre 2019, le soulèvement a vu certains jours des centaines de milliers de Libanais dans la rue crier leur exaspération, dénonçant la défaillance des services de base et une dégradation des conditions de vie.