Libéralisation du taux de change : Bank Al-Maghrib mieux armée que jamais
Dans un contexte économique mondial marqué par l’incertitude et les défis, le Maroc se positionne comme un acteur proactif et résilient. La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fattah Aaloui, a confirmé que la Banque centrale est désormais mieux armée pour entamer un processus ambitieux : la libéralisation du taux de change du dirham.
Lors d’un entretien exclusif avec Sky News Arabia, Mme Fattah a déclaré que le partenariat stratégique avec le Fonds monétaire international (FMI) repose sur une introduction progressive et maîtrisée du dirham sur les marchés financiers internationaux. Cette démarche s’inscrit dans une vision à long terme visant à renforcer l’autonomie économique du pays et à favoriser une intégration plus poussée dans l’économie globale.
La ministre a souligné qu’au cours des cinq dernières années, le taux de variation du taux de change n’a pas dépassé 5%, témoignant ainsi de la stabilité et de la robustesse des politiques monétaires adoptées. Malgré les fluctuations et les pressions exercées par un environnement économique volatile, le Maroc a su maintenir un cap ferme, privilégiant la prudence et la prévoyance.
Mme Fattah a également mis en lumière l’objectif principal du gouvernement : maintenir les équilibres macroéconomiques pour sortir des crises successives avec une économie non seulement intacte mais aussi renforcée. Avant de se lancer dans une deuxième phase de flottement du dirham, il faudra néanmoins s’assurer que les fondations économiques du pays sont solides et capables de soutenir les ambitions de libéralisation.
Aujourd’hui, le Maroc a atteint un stade de maturité économique où il peut envisager d’aller de l’avant dans la libéralisation du taux de change du dirham avec confiance et détermination. Cette étape représente un tournant décisif pour l’économie marocaine, qui aspire à une plus grande flexibilité et à une meilleure réactivité face aux dynamiques du marché mondial.
Ainsi, la ministre de l’Économie et des Finances a révélé que le gouvernement a dû ajuster ses prévisions de croissance économique pour l’année en cours, les ramenant à 3,4% au lieu des 3,7% initialement prévus dans la loi de finances. Cette révision à la baisse est principalement attribuable aux difficultés rencontrées par le secteur agricole, pilier central de l’économie nationale. Toutefois, cette décision témoigne de la volonté du gouvernement de fournir des estimations réalistes et de préparer le pays à faire face aux aléas économiques avec pragmatisme et résilience.
Le parcours du Maroc vers une économie plus ouverte et diversifiée est jalonné d’incertitudes, mais aussi de grandes opportunités. La libéralisation du taux de change du dirham s’insère dans une stratégie économique plus vaste, qui vise à consolider la position du Maroc en tant que leader économique en Afrique et partenaire de choix sur la scène internationale. Avec une gestion prudente et une vision claire, le Maroc avance vers un avenir prometteur, armé des outils nécessaires pour naviguer avec succès dans les eaux parfois tumultueuses de l’économie mondiale.
Opportunités pour le commerce extérieur
Malgré la réticence affichée par certains experts financiers, la libéralisation du taux de change pourrait avoir des implications significatives pour le commerce extérieur du royaume. Elle permettrait un accès accru aux marchés grâce à une libéralisation qui autoriserait les entreprises nationales à pénétrer des marchés plus vastes, ce qui pourrait entraîner une augmentation des exportations. En termes de compétitivité, elle viserait à réduire les barrières commerciales, afin de permettre aux entreprises nationales de devenir plus compétitives sur le marché international, ce qui pourrait stimuler l’innovation et améliorer de la productivité.
L’efficacité de l’allocation des ressources est aussi un atout indéniable pour le secteur bancaire national grâce à la libéralisation qui pourrait favoriser une allocation plus efficace des ressources, permettant la production de biens et services à moindre coût, ce qui bénéficierait aux consommateurs par une offre plus large de produits abordables.
Face au défi de la croissance économique, la libéralisation du taux de change, en stimulant le commerce et en contribuant à la croissance économique, pourrait aussi participer à la création d’emplois dans l’un des secteurs les plus touchés, dont le gouvernement peine à obtenir des résultats probants, malgré les initiatives, notamment le programme Awrach. Pour rappel, entre 2021 et 2022, l’économie nationale a perdu 24 000 postes, après en avoir perdu 432 000 en 2020.
Malgré ces aspects positifs, la libéralisation du taux de change présente des risques de change. D’une part, elle peut augmenter le risque de change pour les entreprises qui commercent à l’international, car les fluctuations des taux de change peuvent affecter la rentabilité des contrats en devises étrangères. Un autre impact concerne la dette extérieure, notamment pour les pays ayant une dette extérieure importante, une monnaie nationale plus volatile peut influencer le service de la dette et les paiements d’intérêts.