Liberté de la presse : le journalisme assiégé par le numérique
La presse, comme tous les événements qui secouent le monde est au coeur de la guerre en Ukraine avec son lot de journalistes tués qui rappelle brutalement, la Journée mondiale de la liberté de la presse, que les journalistes du monde entier sont confrontés à un niveau extraordinaire de menaces. Ce drame vient s’ajouter un autre problème plus aigu, à savoir la survie de la presse. Le journalisme est en réalité sous siège éjectable, cela pour plusieurs raisons, car fortement concurrencé par le digital, mais aussi obligé pour la plupart du temps à suivre les réseaux sociaux.
La célébration de la liberté de la presse cette année se concentrera sur le thème « Le journalisme sous siège numérique », pour mettre en lumière l’impact des développements récents dans les moyens technologiques de contrôle et de surveillance sur le journalisme et la liberté d’expression. En fait, la liberté d’expression et le droit à la vie privée sont parmi les droits de l’homme les plus touchés par la transformation numérique.
Alors que dans le monde pré-Internet, on pensait que la liberté d’expression et la vie privée n’interagissaient que lorsque les journalistes faisaient des reportages sur des personnalités publiques au nom du droit de savoir, les droits sont devenus de plus en plus interdépendants. Ce lien reflète les modèles commerciaux numériques et le développement de nouvelles technologies de surveillance ainsi que la collecte et la conservation de données à grande échelle. Les changements présentent des risques en termes de représailles contre les travailleurs des médias et leurs sources, affectant ainsi le libre exercice du journalisme.
Sous le thème de cette année, la célébration a mis en lumière l’impact de ces développements sur les droits à la liberté d’expression, à l’accès à l’information, à la protection des données et à la vie privée, en examinant les questions liées aux mégadonnées telles que la transparence des sociétés Internet, les empreintes numériques, la conservation des données et l’intelligence artificielle.
Avec Internet est venue la promesse d’un monde intégré connecté par des flux d’informations qui égaliseraient le déséquilibre de l’ordre existant et enrichiraient notre connaissance mutuelle.
Une grande partie de cela s’est produit, mais cela a coûté cher. Cela inclut la perte de vie privée, la manipulation, la mésinformation et la désinformation, le cyber-harcèlement et même le danger physique. Lors de la célébration annuelle d’aujourd’hui de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’UNESCO tente d’aborder tout cela sous le thème du « Journalisme assiégé par le numérique ».
Pour nous dans les médias le thème ne pouvait pas être plus pertinent. Nous naviguons dans un environnement d’information en évolution rapide qui comprend les éléments suivants : empiétement législatif sur la liberté de la presse, surveillance et piratage des médias, armées de guerriers du clavier politiquement partisans avec les médias indépendants dans leur ligne de mire, intimidation en ligne des journalistes et diverses conspirations pour coopter les médias à diffuser de fausses nouvelles. La question de l’indépendance de la presse est aussi économique au-delà des considérations déontologiques. Mieux que l’accaparement des différents supports, l’indépendance des médias est aujourd’hui liée à une indépendance économique.
Cependant, la bataille est bel et bien engagée pour le contrôle des leviers de l’information. Pour nous, dans les médias, la seule défense valable consiste à s’en tenir toujours plus fermement aux principes du journalisme professionnel – exactitude et équité avec un engagement à servir le droit du public à savoir.
En ce jour et à cette époque, il convient donc de répéter la norme selon laquelle il ne peut y avoir de démocratie sans médias libres qui fonctionnent.