Libertés syndicales : Rupture consommée entre l’UMT et l’exécutif

L’Union marocaine du travail l’un des principaux syndicats du Royaume, a annoncé sa rupture avec le gouvernement. La centrale syndicale reproche à l’exécutif de ne pas honorer ses engagements antérieurs et de vider le dialogue social de sa substance. Elle fustige également le projet de loi encadrant le droit de grève, jugé déséquilibré et favorable au patronat, ainsi qu’une gestion unilatérale des réformes sociales. L’UMT s’inquiète d’une « régression sociale » généralisée.
La rupture entre l’Union marocaine du travail (UMT) et le gouvernement d’Aziz Akhannouch s’inscrit désormais dans un contexte d’antagonisme exacerbé. La centrale syndicale vient en effet de formaliser officiellement une séparation irrévocable avec l’exécutif, lui reprochant avec véhémence la défection manifeste quant au respect des engagements pris précédemment ainsi que la vacuité patente du dialogue social instauré jusqu’à présent. Cette situation advient dans un climat économique particulièrement préoccupant, caractérisé par une inflation durable, une érosion prononcée du pouvoir d’achat et des craintes accrues concernant l’emploi, notamment parmi la jeunesse.
C’est à travers un communiqué aux accents particulièrement critiques que l’UMT fustige le gouvernement Akhannouch, lui imputant la responsabilité d’avoir vidé le dialogue social de toute substance, en ignorant ostensiblement les engagements préalablement contractés et en écartant délibérément une concertation sincère avec les partenaires sociaux. La centrale syndicale dénonce une gestion unilatérale et autoritaire des réformes, réduisant ainsi les pourparlers sociaux à de simples exercices formels, dépourvus d’impacts tangibles et bénéfiques.
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Au centre des griefs se situe particulièrement le projet de loi organique sur le droit de grève. Qualifié par les syndicalistes de texte déséquilibré et partial, rédigé unilatéralement au bénéfice exclusif des employeurs, ce projet est considéré comme une tentative assumée de restreindre drastiquement l’exercice effectif de ce droit constitutionnel fondamental. L’organisation syndicale exige par conséquent la suspension immédiate de ce texte législatif, revendiquant plutôt l’instauration d’un dialogue social authentique, équitable et pragmatique.
L’UMT affirme que cette législation, loin de garantir un équilibre indispensable entre droits et devoirs, pourrait renforcer la précarité des travailleurs et entraver durablement leurs capacités d’action collective. La priorité, selon la centrale, devrait être accordée à une analyse rigoureuse des facteurs structurels poussant les salariés à exercer leur droit de grève, notamment les atteintes aux libertés syndicales, les licenciements arbitraires, les transgressions répétées du Code du travail ainsi que la stagnation chronique des rémunérations.
Par ailleurs, l’inflation figure au cœur des revendications de l’UMT envers le gouvernement. Face à l’envolée sans précédent des prix des biens alimentaires et des services essentiels, la centrale syndicale interpelle fermement l’exécutif pour l’adoption urgente de mesures vigoureuses destinées à combattre les pratiques spéculatives et monopolistiques, facteurs aggravants, selon elle, de la vulnérabilité économique croissante des foyers marocains.
Ce climat de tensions économiques et sociales dépasse largement les seules revendications de l’UMT. D’autres segments socio-professionnels expriment simultanément un profond désarroi à l’égard de l’action gouvernementale. Ainsi, le secteur de la santé multiplie depuis plusieurs mois les appels pressants à une réforme substantielle et immédiate des conditions professionnelles, appels restés jusqu’ici sans réponse effective, malgré de multiples assurances officielles. Le domaine éducatif connaît également une mobilisation constante, visant à rappeler au ministère de tutelle ses obligations financières et statutaires en attente, alors que les étudiants en médecine et pharmacie viennent tout juste de sortir d’une période de paralysie institutionnelle prolongée, dénonçant avec force le manque flagrant d’écoute et de dialogue de leurs responsables.
Dans la sphère économique, les très petites et moyennes entreprises (TPE-PME), piliers du tissu entrepreneurial marocain, formulent elles aussi des critiques acerbes. Ces entreprises dénoncent régulièrement leur exclusion des dispositifs politiques, perçus comme destinés préférentiellement aux grands groupes économiques, les laissant seules face à une inflation galopante et une pression fiscale.
En guise de réponse, l’UMT lance un appel à la mobilisation générale des travailleurs et annonce sa détermination à employer toutes les formes d’actions syndicales possibles afin de contrer ce qu’elle perçoit comme des mesures régressives. Cette rupture assumée avec le gouvernement Akhannouch préfigure un nouvel affrontement social , révélateur d’un malaise socio-économique profond et généralisé.