L’impasse du gouvernement face à la crise des étudiants en médecine

La rentrée universitaire de septembre 2024 s’annonce tumultueuse à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, où les étudiants en médecine ont annoncé une grève prévue pour le 7 septembre. Ce mouvement de contestation s’inscrit dans un contexte de tensions entre les étudiants et le gouvernement, qui peine à trouver une solution adéquate à leurs revendications tout en poursuivant des réformes que certains observateurs jugent « controversées ».

La proposition du gouvernement, qui consiste à organiser des examens de rattrapage pour le premier semestre en septembre tout en ajoutant des sessions supplémentaires pour le second semestre, a suscité une vive opposition parmi les étudiants. Ils considèrent cette initiative comme une réponse inadaptée et superficielle à leurs véritables préoccupations, telles que la transparence dans leur cursus, l’annulation des sanctions infligées aux étudiants ayant participé aux manifestations, ainsi que le rejet de la réduction de la durée des études de sept à six ans.

Le Comité national des étudiants en médecine et pharmacie a exprimé son rejet catégorique de cette proposition, estimant qu’elle vise à diviser les protestataires plutôt qu’à traiter les problèmes fondamentaux. Depuis près de neuf mois maintenant, les mouvements de protestation ne montrent aucun signe de fléchissement. Les membres du Conseil des Étudiants en Médecine de Casablanca (CEMC) appellent sur les réseaux sociaux à une participation massive à la séance du 7 septembre, soulignant leur détermination à faire entendre leurs voix : « Après neuf mois de lutte, nous sommes plus déterminés que jamais à être entendus », affirment-ils.

Les étudiants blâment les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé pour leur inaction face à leurs préoccupations, notamment après le boycott des examens de rattrapage du deuxième semestre en juillet 2024. Ils affirment ne pas vouloir être perçus comme des victimes, mais souhaitent, au contraire, engager un dialogue constructif pour résoudre la crise, un aspect que le gouvernement semble négliger.

Cette situation s’accompagne d’un contexte fragile concernant le système de santé marocain, qui connaît actuellement une grave pénurie de personnel soignant. Selon les chiffres fournis par le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb, le pays fait face à un déficit de 32 000 médecins et 65 000 infirmiers. Le rythme de formation, avec seulement 1 200 nouveaux médecins intégrés chaque année, est jugé insuffisant pour répondre aux besoins de plus en plus forts de la population. Au train où vont les choses, il pourrait falloir jusqu’à 25 ans pour combler ce déficit, une situation d’une ampleur inédite qui affecte directement l’accès aux soins.

Pour pallier cette crise, le gouvernement a décidé de réduire la durée des études universitaires en médecine, pharmacie et médecine dentaire de sept à six ans, une mesure qui est perçue par les étudiants comme une atteinte à la qualité de leur formation. En effet, les étudiants craignent que cette décision ne vienne compromettre le niveau d’exigence et de compétence requis pour exercer dans un secteur aussi sérieux que la santé.

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Depuis le début de leur mouvement de contestation en décembre 2023, les étudiants en médecine de Casablanca ont observé un boycott total des cours, des formations et des examens. Au cœur de leur mécontentement réside la firme conviction que la réduction de la durée de formation se fait au détriment de l’apprentissage et de la préparation adéquate face aux défis que pose la profession médicale. Les plaintes concernant la surpopulation dans les amphithéâtres et les hôpitaux, ainsi que l’incertitude qui plane sur la restructuration de la formation médicale, viennent renforcer leurs inquiétudes.

Les parents d’étudiants, tout en se montrant solidaires, ne parviennent pas à comprendre la lucidité du gouvernement à ce sujet. La dissonance entre les autorités et les revendications des étudiants soulève des interrogations sur l’aptitude du gouvernement à gérer cette crise. Au lieu de favoriser un climat de dialogue constructif, les mesures prises jusqu’à présent semblent indiquer une volonté de passer en force, aggravant ainsi la frustration des étudiants et des parents.

Les récentes réunions entre le gouvernement et les représentants des étudiants n’ont en effet pas abouti à des solutions viables, laissant l’impression d’un vide institutionnel dans lequel les voix des jeunes sont étouffées par des décisions top-down. L’absence d’écoute et de dialogue a exacerbé un sentiment d’irresponsabilité au sein des instances décisionnelles, renforçant la dynamique de contestation.

Le rendez-vous du 7 septembre s’annonce donc comme un moment charnière pour les étudiants en médecine de Casablanca. Leur mobilisation témoigne de leur volonté inébranlable de défendre des valeurs essentielles pour l’avenir de leur profession. Au-delà des questions pratiques, c’est un véritable plaidoyer pour une éducation de qualité et une reconnaissance de leurs droits en tant qu’étudiants, qui est en jeu.

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