L’OCDE alerte sur le chômage élevé et l’omniprésence du secteur informel au Maroc

L’OCDE a publié le mercredi 11 septembre 2024 une étude détaillée sur le marché du travail marocain, révélant des lacunes persistantes, telles qu’un chômage élevé chez les jeunes et une forte proportion d’emplois informels. Le rapport appelle à des réformes pour améliorer la qualité de l’emploi et encourager la formalisation économique.

Dans une étude économique publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), plusieurs déficiences persistantes du marché de l’emploi marocain ont été mises en lumière. Cette analyse, rendue publique dans le cadre du second programme national pour le Maroc et officialisée par un nouveau protocole signé mercredi, a également alerté sur les risques associés aux changements climatiques et à la pression croissante sur les ressources en eau.

Les experts de l’OCDE ont reconnu la stabilité et la résilience du système macroéconomique marocain ainsi que la reprise de la croissance après les impacts de la pandémie et de la crise énergétique, ce qui a contribué à réduire le déficit budgétaire. Ils ont également salué les initiatives visant à stimuler les investissements. Toutefois, l’étude a aussi révélé des problèmes, notamment un taux de chômage élevé chez les jeunes et une sous-représentation des femmes dans la main-d’œuvre.

Dans un chapitre intitulé « Créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité », l’OCDE a souligné que les jeunes représentent un atout pour le Maroc, mais que le marché du travail continue de souffrir d’un chômage élevé parmi cette tranche d’âge ainsi que d’une faible participation des femmes. L’augmentation des flux migratoires parmi les jeunes est également une préoccupation notable.

Lire aussi : L’OIT alerte sur le chômage élevé chez les jeunes

En 2023, le marché du travail au Maroc présente des caractéristiques marquantes. La population totale du pays atteint 37,8 millions, avec 62 % de cette population en âge de travailler. Cependant, le taux d’activité est relativement bas, à seulement 43,6 %, ce qui contraste fortement avec la moyenne OCDE, qui est de 75,8 %. Le taux d’emploi au Maroc se situe à 38 %, tandis que celui des pays de l’OCDE s’élève à 71,5 %. Le chômage touche 11,7 % de la population active, un chiffre bien supérieur à la moyenne des pays comparatifs (8,1 %) et de l’OCDE (5,4 %).

L’étude a mis en évidence un constat important : le secteur informel demeure un pilier majeur de l’emploi au Maroc. Ce secteur, qui représente environ deux tiers des emplois dans l’économie marocaine, est associé à des salaires bas, une qualité d’emploi médiocre et un manque de formation. Les secteurs de l’agriculture et des activités rurales sont particulièrement affectés, avec environ 82 % des femmes et 46 % des hommes employés dans des conditions informelles. Le secteur informel touche aussi d’autres domaines comme le bâtiment, les travaux publics, le commerce et les services de réparation.

Selon l’étude, la prévalence du secteur informel nuit à la productivité des entreprises marocaines. Il entraîne une baisse de la productivité et une qualité d’emploi insuffisante, tout en engendrant une concurrence déloyale pour les entreprises formelles. Les petites entreprises sont particulièrement touchées, bénéficiant d’un avantage de 20 à 40 % dans les transactions commerciales, notamment pour les contrats publics.

Pour remédier aux effets du secteur informel, l’OCDE recommande aux autorités marocaines de mettre en place une stratégie proactive. Cette stratégie devrait inclure des incitations pour encourager les petites entreprises à se formaliser, telles que des réductions fiscales et des allégements des cotisations sociales, ainsi que le renforcement des mécanismes de contrôle et des sanctions. L’étude suggère également que l’adoption de solutions numériques, comme les paiements électroniques et la facturation en ligne, pourrait faciliter cette transition en réduisant les coûts de conformité.

En parallèle, il est crucial d’améliorer l’accès au crédit et de soutenir l’entrepreneuriat pour encourager la formalisation des activités économiques.

Le rapport de l’OCDE note également que le marché du travail marocain continue de rencontrer des difficultés malgré la reprise économique. Le taux de participation des femmes à l’emploi est resté bas, à 19 % en 2023, tandis que le taux de chômage a grimpé à 13 %, son niveau le plus élevé depuis vingt ans. Le chômage des jeunes, âgés de 15 à 24 ans, a atteint un niveau record de 35,8 %.

L’OCDE souligne que des efforts accrus sont nécessaires pour intégrer les jeunes dans le marché de l’emploi et soutenir une croissance économique durable à long terme. En matière de performance économique, le Maroc a montré une résilience face aux crises et un engagement en matière de réduction des émissions de carbone. Cependant, le pays reste vulnérable aux impacts du changement climatique et fait face à un stress hydrique considérable.

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