L’OCDE prévoit un ralentissement de l’économie mondiale en 2023
L’économie mondiale devrait ralentir encore au cours de l’année à venir, sous l’effet du choc énergétique massif et historique provoqué par la guerre en Ukraine qui continue d’attiser les tensions inflationnistes, dégradant la confiance et le pouvoir d’achat des ménages et accentuant les risques à l’échelle mondiale, selon la dernière édition des Perspectives économiques de l’OCDE, dévoilées mardi.
Le rapport, présenté lors d’une conférence de presse par le secrétaire général de l’Organisation, Mathias Cormann, souligne le caractère exceptionnellement déséquilibré et fragile des perspectives d’évolution de l’économie mondiale au cours des deux prochaines années.
La croissance de l’économie mondiale devrait être bien inférieure au résultat attendu avant la guerre – un taux modeste de 3.1 % cette année, avant de ralentir à 2.2 % en 2023 et de se redresser modérément pour s’établir en 2024 à un rythme encore faible de 2.7 %, ressort-il de ce rapport.
En 2023, la croissance sera fortement tributaire des grandes économies de marché émergentes d’Asie, qui représenteront près des trois quarts de l’augmentation du PIB mondial, tandis que l’activité ralentira sensiblement aux États-Unis et en Europe, explique l’organisation internationale basée à Paris.
L’inflation persistante, les prix élevés de l’énergie, la faible progression du revenu réel des ménages, la baisse de la confiance et le durcissement des conditions financières sont autant de facteurs qui devraient freiner la croissance, prévoient les auteurs de ces Perspectives.
La hausse des taux d’intérêt, quoique nécessaire pour modérer l’inflation, accentuera les difficultés financières des emprunteurs, tant parmi les ménages que les entreprises.
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L’inflation devrait rester forte dans la zone OCDE, s’établissant à plus de 9 % cette année. Tandis que les effets du resserrement des politiques monétaires commenceront à se faire sentir, que les tensions découlant de la demande et des prix de l’énergie se dissiperont et que les coûts de transport et les délais de livraison continueront de se normaliser, l’inflation refluera progressivement à 6.6 % en 2023 puis à 5.1 % en 2024, précise-t-on.
« L’économie mondiale est confrontée à de forts vents contraires. Nous sommes confrontés à une crise énergétique majeure et les risques restent orientés à la baisse, avec une croissance mondiale plus faible, une inflation élevée, une faible confiance et des niveaux d’incertitude élevés, ce qui rend très difficile la sortie de l’économie de cette crise et le retour à une reprise durable », a déclaré M. Cormann, lors de la présentation du rapport.
L’OCDE souligne également qu’une incertitude considérable entoure les perspectives économiques. La croissance pourrait être plus faible que prévu si la hausse des prix de l’énergie se poursuit, ou si des perturbations des approvisionnements énergétiques affectent les marchés du gaz et de l’électricité en Europe et en Asie. Dans ce contexte, les Perspectives présentent différentes mesures pour faire face à la crise, avec notamment une poursuite du resserrement de la politique monétaire qui s’impose dans la plupart des grandes économies avancées et dans de nombreuses économies de marché émergentes pour ancrer fermement les anticipations d’inflation et réduire l’inflation durablement.
Les aides budgétaires accordées pour amortir l’impact des coûts élevés de l’énergie devraient être de plus en plus temporaires et préserver les incitations à réduire la consommation d’énergie, recommandent les auteurs du rapport.
Les mesures de soutien doivent être conçues de manière à réduire au minimum leur coût budgétaire et les cibler sur les ménages et les entreprises les plus vulnérables, préconisent-ils.
La gestion de la crise énergétique exigera des mesures de soutien plus décisives pour stimuler l’investissement dans les technologies propres, favoriser les gains d’efficacité énergétique, trouver d’autres sources d’approvisionnement et remettre en phase l’action publique avec les objectifs d’atténuation du changement climatique.
La crise du coût de la vie appelle également des réformes structurelles pouvant avoir un effet direct sur les revenus des ménages, atténuer les contraintes qui pèsent sur l’offre et faire baisser les prix.
Dans cette optique, les gouvernements des différents pays devraient s’employer avant tout à améliorer le fonctionnement du système commercial international, renforcer la productivité, remédier aux écarts entre hommes et femmes sur le marché du travail et rehausser les niveaux de vie, soutient l’OCDE.