L’OCDE souligne la nécessité d’assurer une reprise verte après la crise du Covid-19
L’Organisation de la Coopération et du développement économiques (OCDE) a souligné la nécessité d’assurer une reprise verte après la crise du Covid-19.
De nombreux pays placent les mesures de relance « verte » au cœur de leur plan de redressement, de manière à favoriser une croissance économique durable, inclusive et résiliente et à améliorer le bien‑être une fois passée la crise du COVID‑19. Néanmoins, selon une nouvelle analyse de l’OCDE examinée, lundi, par les ministres des pays membres, certains pays mettent également en œuvre des dispositions qui risquent d’avoir un impact négatif sur l’environnement et de pérenniser une croissance non durable.
Il ressort de ces travaux, publiés sous le titre « Mettre la relance verte au service de l’emploi, des revenus et de la croissance », que les gouvernements des pays membres de l’OCDE ont décidé de consacrer 312 milliards USD d’argent public à une relance verte, cette première estimation devant être affinée dans les mois à venir. Toutefois, un certain nombre d’autres mesures, dans le cadre de plans de relance plus larges, visent des dépenses « non vertes », comme les investissements dans les énergies fossiles.
« Il est encourageant de voir de nombreux gouvernements saisir cette occasion unique d’assurer une reprise véritablement durable, mais les pays devraient aller beaucoup plus loin dans l’écologisation de leurs programmes de soutien », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, lors d’une table ronde ministérielle consacrée à cette question.
« Le changement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité sont les prochaines crises qui se profilent et le temps qu’il nous reste pour les affronter s’amenuise. Les mesures de relance verte permettent de jouer sur tous les tableaux, puisqu’elles peuvent améliorer la situation environnementale tout en stimulant l’activité économique et en accroissant le bien‑être de tous», a-t-il souligné.
L’analyse montre que, parmi les pays de l’OCDE et les autres grandes économies, une majorité d’entre eux ont inscrit dans leur stratégie de redressement des dispositions visant à soutenir la transition vers une économie plus verte. Il s’agit notamment de subventions, de prêts et d’allègements fiscaux en faveur des transports et de la mobilité durables, de l’économie circulaire et de la recherche sur les énergies propres ; d’un soutien financier accordé aux ménages pour les aider à améliorer l’efficacité énergétique et à acquérir des équipements d’énergie renouvelable ; et de mesures destinées à favoriser la restauration des écosystèmes.
Cependant, quelques pays ont annoncé des mesures susceptibles d’avoir directement ou indirectement des répercussions négatives sur la situation environnementale. Certaines d’entre elles sont temporaires et font partie des plans de sauvetage économique d’urgence ; d’autres risquent d’avoir des conséquences à long terme. Il est notamment question de faire reculer la réglementation environnementale, de réduire ou supprimer les taxes ou redevances liées à l’environnement, de renflouer sans condition des secteurs ou entreprises à forte intensité d’émissions, et d’accroître les subventions aux investissements dans les infrastructures nécessaires aux énergies fossiles.
« Il est plus important que jamais, tandis que nous nous efforçons de reconstruire nos économies et de renforcer notre résilience face aux chocs futurs, de s’attaquer aux problèmes mondiaux tels que le changement climatique, l’appauvrissement de la biodiversité, la dégradation des océans et le gaspillage des ressources », a déclaré Teresa Ribera, vice-première ministre espagnole et également ministre chargée de la transition écologique et du défi démographique, qui présidait la Table ronde.
« Bien conçus et bien mis en œuvre, les plans de relance peuvent favoriser une reprise à la fois verte et inclusive, en stimulant le revenu, la prospérité et l’emploi, et en accélérant l’action menée pour atteindre les objectifs environnementaux nationaux et mondiaux», a dit la vice-première ministre espagnole.
L’analyse signale que les prix actuellement modestes du pétrole offrent l’occasion d’accélérer l’introduction d’une tarification du carbone et de continuer à supprimer progressivement les aides aux énergies fossiles. Taxer la consommation et la production préjudiciables à l’environnement peut atténuer les atteintes à celui‑ci tout en améliorant l’efficience économique. Il est impératif que les réformes de la fiscalité de l’énergie n’aggravent pas la précarité énergétique, un accès approprié aux services énergétiques étant essentiel à des conditions de vie satisfaisantes.
Il conviendra également de s’attaquer aux effets redistributifs d’autres instruments de tarification, tels que les taxes et redevances sur l’utilisation des véhicules et la consommation de carburants.
De même, la réforme des subventions en faveur des énergies fossiles, dont le montant s’élevait à 582 milliards USD en 2019, selon les données de l’OCDE et de l’AIE, devrait s’accompagner d’une aide à la transition visant des secteurs d’activité, des localités, des régions et les consommateurs vulnérables.
L’analyse de l’OCDE souligne qu’il est nécessaire de suivre et d’évaluer l’impact des mesures de redressement sur la situation environnementale, ce qui a fait défaut après la crise financière de 2008.
Elle présente 13 indicateurs environnementaux qui peuvent être utilisés à cette fin, notamment l’intensité carbone, le soutien aux énergies fossiles, l’exposition à la pollution de l’air, le stress hydrique et les recettes des taxes liées à l’environnement.
La Table ronde a réuni les ministres de l’environnement, du climat ou de la transition écologique des pays membres de l’OCDE et du Costa Rica, ainsi que le vice-président exécutif de la Commission européenne. Elle s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la Réunion du Conseil au niveau des Ministres de l’OCDE, qui se tiendra les 28 et 29 octobre sous la présidence de l’Espagne, le Chili, le Japon et la Nouvelle-Zélande en assurant la vice‑présidence. Elle intervient juste avant la parution, le 16 septembre, des Perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE.