L’offensive des banques marocaines en Afrique
Les banques marocaines élargissent leur implantation en Afrique. Une stratégie qui accompagne la politique africaine du Royaume. A fin 2017, Attijariwafa Bank, BMCE Bank of Africa et GBCP sont présents dans 25 pays africains. Ces opérateurs bancaires sont déterminés à couvrir l’ensemble du continent.
Les banques marocaines ont renforcé leur présence en Afrique. Elles ont réussi à tisser leur réseau de filiales dans le continent, à travers des opérations d’acquisition ou de prises de participation dans le capital de banques locales, au point de devenir incontournables. Mieux ! « A l’heure actuelle, le secteur bancaire marocain s’érige en partenaire crédible et fortement engagé en faveur du développement des économies africaines, comme en témoigne la progression encourageante du poids des banques marocaines en Afrique, en matière d’intermédiation financière (mobilisation de l’épargne, octroi de crédits, …) et de montage financier au titre des grands projets de développement économique et social des pays partenaires », souligne la Direction des Etudes et Prévisions financières (DEPF) relevant du Ministère de l’Economie et des Finances, dans une étude publiée en juin dernier. Intitulée «Le positionnement du secteur bancaire marocain en Afrique : réalité et perspectives de renforcement », cette analyse couvre la période allant de 2009 à 2017. Les investissements des groupes bancaires au cours de cette décennie ont suivi une courbe ascendante.
En termes de chiffres, la part du secteur bancaire dans les flux cumulés des IDE marocains en Afrique a atteint 52,2% du total sur la période 2007-2017, avec un volume d’investissement de 17,5 milliards de dirhams. Les implantations des banques marocaines dans le continent sont surtout concentrées en Egypte (30,5%), en Côte d’Ivoire (19,4%) et au Sénégal (12%).
Les groupes bancaires leaders
Selon l’étude, le Groupe Banque Centrale Populaire (GBCP) a mobilisé un prêt de 4,3 milliards de dirhams, à travers ses filiales sénégalaises, pour financer plusieurs projets d’infrastructures. Il a également signé avec les autorités ivoiriennes cinq conventions d’un montant global de 2,5 milliards de dirhams au profit de projets économiques et sociaux. Le GBCP cible également l’Afrique de l’Est. Il a conclu « deux accords de partenariat avec le ministère rwandais des Finances et de la planification économique pour la réalisation d’un programme de micro-finance et le financement de l’Africa Mutual Growth ».
Pour sa part, « le groupe BMCE a signé, à travers sa filiale Bank of Africa, un accord de coopération avec la Banque Ouest Africaine de Développement portant sur l’accroissement des actions de développement en faveur des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine ». Il a également conclu « une convention-cadre avec la Côte d’Ivoire pour l’accompagner dans ses initiatives pour atteindre les objectifs du Programme National de Développement 2012-2015 ».
Le Groupe Attijariwafa Bank, lui, a conclu plusieurs accords portant notamment sur le soutien au financement du budget de l’État ivoirien et la mise en oeuvre de plusieurs projets de développement. Il a également « signé une convention avec les actionnaires de la Compagnie Générale de Banque (Cogebanque) du Rwanda et deux mémorandums d’entente avec la banque nationale de l’Industrie de Madagascar et la Banque nationale commerciale de Zambie ».
Un réseau d’agences plus large pour une présence renforcée
Pour accompagner le développement économique des pays africains, Attijariwafa Bank, BMCE Bank of Africa et GBCP ont élargi leur implantation. A fin 2017, ces opérateurs bancaires marocains sont actifs dans 25 pays africains.
«La BMCE-BOA se positionne en première place en termes d’implantation géographique, couvrant 17 marchés africains, contre 11 en 2009 », précise la Direction des Etudes et Prévisions financières dans son analyse. La BCP, elle, est présente dans 10 pays africains contre 2 seulement en 2009. Une importante expansion ! Le groupe voit grand. «Cette couverture pourrait passer à 17 pays suite à l’acquisition d’une filiale aux Iles Maurice (BCP Bank Mauritus) et à la reprise des participations du groupe français BPCE, notamment, dans quatre banques du Cameroun, Madagascar, la Tunisie et la République du Congo », selon la même source.
La présence d’AWB dans le continent a été également renforcée. Le groupe couvre désormais 10 pays, contre 6 en 2009.
Pour ce qui est de l’étendue du réseau des agences bancaires recensées en 2017, ces opérateurs bancaires comptent 1.482 agences en Afrique. «AWB dispose de 643 agences. La BMCE-BOA a un réseau de 634 agences. Pour sa part, la BCP a vu son réseau africain progresser significativement pour s’établir à 205 agences ».
En somme, durant les deux dernières décennies, les banques marocaines ont renforcé leur présence en Afrique. Une stratégie qui accompagne la politique africaine du Royaume. Autrefois, leur champ d’action était les pays de l’Afrique de l’Ouest et ceux de l’Afrique Centrale. Désormais, les banques marocaines ont de grandes ambitions. Elles affichent leur détermination pour une extension sur l’ensemble du continent