Logements sociaux : le gouvernement adopte une nouvelle stratégie
Par Mouhamet NDIONGUE
Le marché du logement au Maroc se refroidit brusquement, dans un contexte de ralentissement de la croissance économique. Les prix de l’immobilier baissent progressivement. Les transactions s’effondrent. Et le marché hypothécaire ne cesse de se contracter.
L’immobilier est un autre secteur de l’économie marocaine qui a été durement touché par la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, les chiffres récents montrent des signes de reprise précoces, quoique timides au moment où de nombreux opérateurs immobiliers espéraient que 2020 soit l’année d’une reprise tant attendue du marché immobilier, les principaux indicateurs du secteur étant sous-performants depuis près de 6 ans.
Selon les statistiques publiées par le ministère de l’habitat, le nombre de logements émergents, toutes catégories et types confondus, a enregistré une baisse de 34% en 2020, portant le nombre total à 210 501 unités de logements.
Au niveau de la production, le secteur a connu une baisse de 19% soit 256 671 logements. Par ailleurs, la distribution de logements qui a débuté en 2020 révèle que l’autoconstruction absorbe encore une large part avec le lancement de 44 chantiers.
Le secteur immobilier a été plus que d’autres touché par la situation économique liée à la crise sanitaire, avec l’arrêt des chantiers, la baisse des ventes et la contraction des prix de manière inédite.
Pendant plusieurs années, l’immobilier était la locomotive du développement de l’économie nationale marocaine, mais le secteur gémit actuellement sous le poids de la crise, qui est venue exacerber l’autre existante depuis plusieurs années.
Le gouvernement change de cap
Malgré quelques espoirs affichés, courant 2021, après le confinement, le secteur est sous l’emprise d’un affolement, depuis l’apparition du variant Omicron. Pourtant, La ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, Fatima-Zahra Mansouri a confirmé, hier, lundi, que « la pandémie du coronavirus a affecté le secteur du logement, qui a connu une baisse de 50% entre 2019 et 2020 ».
A la Chambre des représentants, la ministre a indiqué que « les projets du logements sociaux se sont terminés en décembre 2020, mais ils se poursuivront jusqu’en 2026, et produiront plus de 100 000 logements qui répondront aux besoins du marché, et l’étude réalisée par le ministère a montré que la demande des Marocains en matière de logement, s’élève à deux millions d’unités, 73% de cette demande est liée à la classe moyenne et aux plus vulnérables. »
Lire aussi: Le programme « Awrach » concernera 10 provinces avant sa généralisation progressive
A cet égard, elle soutient que « le ministère s’appuiera sur deux fondements ; tout d’abord, sur le nouveau modèle de développement, qui préconise un soutien direct aux citoyens, mais aussi à la cohésion sociale et à l’amélioration de la qualité de la construction, sans écarter les consultations avec des professionnels afin de formuler un programme efficace pour éviter les contraintes de l’ancien programme d’habitat, qui fut un échec. »
Le programme « Villes sans bidonvilles », qui a été lancé en 2004, a permis à plus de 300.000 familles de bénéficier d’une enveloppe financière estimée à 40 milliards, à laquelle le ministère a contribué à hauteur de 10 milliards, rappelle la ministre.
Pourtant c’est 150 000 familles qui souffrent encore du problème du logement dans les bidonvilles. En réponse à cette problématique, elle soutient que « le programme des Villes sans bidonvilles » se heurte à plusieurs contraintes, car la construction des bidonvilles ne permet pas de contrôler le recensement de la population, une pénurie de biens immobiliers dans les grandes villes, et le faible pouvoir d’achat des habitants.
Fatima Zahra Mansouri a conclu que « Le ministère prépare une nouvelle vision basée sur les nouvelles technologies pour contrôler le recensement du nombre d’habitants des bidonvilles et le relogement sur place ; Ou l’environnement dans les limites du possible, en renforçant le partenariat entre les secteurs public et privé, ainsi qu’en impliquant de nouveaux acteurs, notamment les partis, pour résoudre la crise des bidonvilles. »