L’OPEP+ réduit sa production, les prix du pétrole pourraient dépasser 100 dollars le baril
L’alliance de l’OPEP+, qui tenait lundi une réunion technique par visioconférence (JMMC), a pris note d’ «ajustements volontaires» de production, soit des réductions de production supplémentaires. Celles-ci ont été adoptées de manière inattendue . A l’unisson de ses membres, l’OPEP+ a assuré qu’il s’agissait «d’une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier».
Les réductions subites de production du groupe OPEP + pourraient faire monter les prix du pétrole à 100 dollars le baril, resserrer le marché et encourager les raffineurs à diversifier leurs approvisionnements, ont déclaré des analystes et des négociants.
Les prix du pétrole ont bondi de plus de 4 dollars le baril lundi après que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, dont la Russie, ont annoncé ces nouvelles réductions de production d’environ 1,16 million de barils par jour entre mai et la fin de l’année.
Le volume total des réductions par les pays de l’OPEP+ depuis novembre se monte à 3,66 millions de bpj, soit 3,7% de la demande mondiale.
L’OPEP+ devait pourtant maintenir sa production stable cette année, après l’avoir déjà réduite de 2 millions de bpj en novembre 2022.
Selon un expert de Rystad Energy, les coupes pourraient aggraver le resserrement du marché pétrolier et faire monter les prix au-dessus de 100 dollars le baril pour le reste de l’année, portant peut-être le Brent à 110 dollars cet été.
Ces coupes montrent que l’Opep+ fera tout pour «défendre un prix plancher bien supérieur à 80 dollars le baril», dit cet expert, « sans se soucier des critiques des Etats-Unis et autres pays consommateurs, inquiets de l’inflation galopante ».
Les cours du brut sont en effet tombés en mars au plus bas en deux ans, «un niveau inacceptable pour les membres de l’Opep+», explique un autre expert du marché pétrolier, basé aux Emirats.
Ils avaient subi le contrecoup de la crise bancaire aux Etats-Unis, qui a éloigné les investisseurs des matières premières et autres actifs à risque, plus volatils.
UBS s’attend également à ce que le Brent atteigne 100 dollars d’ici juin, tandis que Goldman Sachs a relevé ses prévisions de décembre de 5 dollars à 95 dollars.
Goldman a déclaré que les libérations de réserves stratégiques de pétrole aux États-Unis et en France, en raison des grèves en cours, ainsi que le refus de Washington de remplir son SPR au cours de l’exercice 2023, pourraient avoir incité l’OPEP+ à une telle action.
Un responsable d’un raffineur sud-coréen a déclaré que la réduction était une « mauvaise nouvelle » pour les acheteurs de pétrole et que l’OPEP cherchait à « protéger ses bénéfices » contre les craintes d’un ralentissement économique mondial.
La réduction de l’offre ferait monter les prix, tout comme l’affaiblissement des économies, en faisant chuter la demande et les prix du carburant, réduirait les bénéfices des raffineurs, ont souligné le responsable sud-coréen du raffinage ainsi qu’un négociant chinois.
L’Arabie saoudite a déclaré que sa réduction volontaire de la production était une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché.
Les achats de la Chine, premier importateur mondial de brut à peine remis de la pandémie de COVID-19, devraient atteindre un record en 2023, tandis que la consommation de l’importateur n ° 3, l’Inde, reste robuste, ont déclaré les négociants.
Les prix du pétrole s’envolent
Après cette action concertée des gros producteurs d’or noir, la réaction des marchés a été immédiate: les deux références mondiales ont décollé d’environ 8% en début de séance, renouant avec leur niveau d’avant les tumultes du secteur bancaire.
Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence européenne, pour livraison en mai, a clôturé en hausse de 6,30%, à 84,93 dollars.
Quant au West Texas Intermediate (WTI), variété américaine la plus suivie, également pour échéance en mai, a gagné 6,27%, à 80,42 dollars.
L’Irak, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et le Gabon vont donc procéder à partir du mois prochain à d’importantes réductions, et ce jusqu’à fin 2023. Elles vont de 500.000 barils par jour (bpj) pour Ryad à 8.000 bpj pour Libreville.
Moscou a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu’à fin 2023.
Au total, le volume laissé sous terre sera « d’environ 1,66 million de barils quotidiens », a précisé l’Opep+.
« La plupart des réductions seront effectuées par des pays qui produisent au niveau ou au-dessus des quotas » fixés, ce qui implique « des réductions réelles de l’offre » et un resserrement du marché, ont souligné les analystes de DNB.
D’autres pays pourraient également « annoncer leurs propres coupes s’ils le jugent (…) nécessaire », selon le vice-Premier ministre chargé de l’Energie Alexandre Novak, interrogé par la télévision russe Rossiya 24