Lutte contre la corruption : Le Maroc dans le ventre mou du classement
Le Maroc a encore perdu du terrain dans la lutte contre la corruption, selon le dernier rapport de Transparency International (TI), qui évalue chaque année le degré de corruption dans le monde. Le Royaume se classe 97ème sur 180 pays, avec un score de 38 sur 100, ce qui reflète un niveau élevé de corruption dans le secteur public. Ce score est inférieur à la moyenne régionale du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (39) et à la moyenne mondiale (43).
L’indice de perception de la corruption (IPC) de TI se base sur les opinions d’experts indépendants sur la corruption dans le secteur public. Il attribue à chaque pays un score allant de 0 (très corrompu) à 100 (très transparent). L’IPC est considéré comme un indicateur de référence pour mesurer la qualité de la gouvernance et la confiance des citoyens dans les institutions.
Transparency Maroc, la section nationale de TI, a exprimé son inquiétude face à la dégradation continue du classement et du score du Maroc depuis cinq ans. L’association a dénoncé l’existence d’un problème structurel de corruption dans le pays, qui menace l’économie du Royaume. Elle a également pointé du doigt l’impunité dont bénéficient les corrompus et les corrupteurs, ainsi que le manque de volonté politique pour mettre en œuvre les réformes nécessaires.
Transparency Maroc a appelé les autorités à revoir la stratégie nationale anti-corruption, qui date de 2015 et qui n’a pas donné les résultats escomptés. Elle a également demandé à accélérer l’adoption du cadre juridique anti-corruption, qui comprend notamment les lois relatives au conflit d’intérêt, à l’enrichissement illicite, à la protection des lanceurs d’alerte et à la transparence du financement des partis politiques. Ces lois sont prévues par la constitution de 2011, mais n’ont pas encore été promulguées.
Transparency Maroc a souligné l’importance de renforcer la démocratie et l’État de droit, qui sont des facteurs clés pour réduire la corruption. Elle a cité en exemple les pays scandinaves, qui occupent les premières places du classement de TI, grâce à leur système politique participatif, leur indépendance judiciaire, leur liberté de la presse et leur contrôle citoyen.
La présidente de TI, Alexandra Herzog, a affirmé que la corruption est un obstacle majeur au développement durable et à la justice sociale. Elle a ajouté que la corruption prospère dans les contextes où les institutions sont faibles et où la société civile est réprimée.
Le rapport de TI intervient dans un climat où plusieurs affaires de corruption impliquant des responsables politiques ont éclaté ces derniers mois. Selon Transparency Maroc, 29 parlementaires ont été poursuivis en justice pour des faits de corruption depuis 2018, mais aucun n’a été condamné à ce jour. L’ONG appelle à mettre fin à l’immunité parlementaire, qui constitue selon elle un obstacle à la lutte contre la corruption.