Quand la magie du Maroc illumine le ciel de Kuala Lumpur
Dotés de doigts de fées, de vrais magiciens en provenance du Maroc, en jetant leurs propres sorts, ont su envoûter un public malaisien venu nombreux percer le mystère, tout au long d’une semaine sous le ciel empreint de magie de Kuala Lumpur.
Ainsi, de grands Mâalems en provenance du Royaume qui prenaient part à la première semaine marocaine de l’artisanat en Asie, organisée du 31 octobre au 5 novembre 2017 à Kuala Lumpur, sous le thème « La magie du Maroc » ont su transformer des matières premières en des objets artistiques de valeur, soignés dans le moindre détail, en capitalisant sur les savoirs traditionnels et un don inné.
Dans une déclaration à la MAP, Sfia Eminoutras, ambassadrice de la coopérative féminine Iznaguen du tapis traditionnel, a exprimé son attachement et son estime à ce produit artisanal, depuis son jeune âge, ajoutant que sa grand-mère et sa mère étaient sa première école, dans une région marquée par plus de 22.000 femmes qui gagnent leur vie par la maîtrise de l’art du tissage des tapis, en travaillent les différentes sortes de laines.
La femme du Haut Atlas qui a recours à une teinture naturelle végétale a indiqué que le tapis de Taznakht, qui constitue un quatrième « enfant » qui vient s’ajouter à ses trois filles, renseigne sur son identité et appartenance culturelles, en perpétuant des techniques artisanales ancestrales.
Elle a ajouté que le prix de vente desdits produits artisanaux, dont la réalisation peut durer plus de deux mois, ne dépasse pas parfois les 2000 dhs, en appelant à une valorisation de la chaîne de commercialisation de ce tapis très prisé à l’échelle internationale, notamment à travers l’organisation de manifestations similaires.
En provenance de Meknès, Cherif Erressmi, un grand Mâalem de la damasquinerie a exposé au public la technique de décoration, qui consiste à enchâsser un fil de cuivre, d’or ou d’argent, sur une surface métallique, généralement en fer ou en acier, et plus anciennement en bronze, afin de créer différents motifs décoratifs et ornementaux. Le damasquineur Meknassi qui pratique depuis son enfance cet art de décoration très courant dans l’art médiéval, a appelé à préserver ce métier au fil du temps et au profit des générations futures.
« Aujourd’hui cet artisanat subsiste seulement à Meknès, où les artisans qui tiennent à préserver le métier sont encore en activité et participent à des manifestations culturelles et artistiques dans le monde pour faire connaitre leur art« , a expliqué le grand Mâalem, soulignant la forte appréciation des visiteurs malaisiens et d’autres relevant des autres pays asiatiques de cet art ancestral.
« Le damasquinage n’est pas seulement une technique d’incrustation utilisée pour intégrer des décors ou obtenir des effets visuels particuliers mais plutôt mon accompagnant de vie et ma source d’inspiration « , a confié M. Erresmi avec un large sourire, ajoutant qu’il s’est consacré corps et âme à cette profession qui lui a beaucoup donné, notamment une richesse immatérielle inépuisable.
En mettant mains et pieds à l’œuvre, le professionnel du tournage sur bois, Mustapha Dennouch, à l’aide de la méthode artisanale, a fait découvrir aux visiteurs le mystère de cette pratique qui fait recours à la rotation manuelle pour créer des objets en bois simples ou complexes. Le mâalem marrakchi qui dirige un atelier artisanal au niveau d’Al Mouassine à l’ancienne médina, a présenté à l’assistance une variété de produits à base de bois, notamment, des vases, des bougeoirs, des pieds de table et des assiettes.
En exprimant enthousiasme et satisfaction, l’artisan de la cité ocre a fait savoir que sa profession qu’il a découvert il y a plus de 35 ans, lui a appris beaucoup de valeurs, dont la patience et la persévérance, affirmant la détermination à continuer sur la même lignée durant les années à venir, en faveur de la promotion du patrimoine local du Royaume et plus précisément Marrakech.
« En tant qu’artisans, nous sommes des ambassadeurs de la culture et du patrimoine national et local. Aussi devons-nous œuvrer sans relâche en faveur de leur épanouissement aussi bien au Maroc qu’au niveau des autres pays du globe, offrant ainsi un merveilleux métissage entre tradition et modernité « , a dit le mâalem Dennouch.
Dans une déclaration à la MAP, le directeur de communication de la maison de l’artisan, Moâd Daoudia Kebdani, a, quant à lui, fait savoir que cet évènement vise à renforcer l’image distinguée dont jouit l’artisanat du Maroc auprès des marchés cibles, en introduisant des produits artisanaux dans les réseaux de distribution modernes. Il a ajouté que le choix de la Malaisie n’est pas fortuit, précisant que Kuala Lumpur constitue une porte sur le continent asiatique qui accorde un intérêt spécial à la dimension culturelle et artisanale.
« L’artisanat marocain doit s’ouvrir sur de nouveaux marchés notamment ceux asiatiques qui s’annoncent très prometteurs« , estime M. Adnani, qui a salué cette première initiative, mettant en avant la maturité des produits artisanaux marocains dont la réputation et la qualité ne sont pas à démontrer. La semaine marocaine de l’artisanat a offert à un public nombreux, venu découvrir de près les spécificités du Royaume, des moments festifs, de partage et de plaisir, en mettant en avant le caractère pluriel de l’identité marocaine.